Dans exactement 7 semaines, s’ouvriront les Jeux de Paris 2024 et l’entrée en lice des équipes de France championnes olympiques en titre. Avec les 50 nuances de Jeux, nous désirons vous faire revivre, chaque semaine, les épopées de l’équipe de France au travers de huit olympiades, de Barcelone 92 avec la première médaille décrochée par les Bronzés de Daniel Costantini, jusqu’à Tokyo où les deux collectifs se sont parés d’or. Des histoires singulières, des anecdotes, des portraits, des coups d’arrêts aussi où pendant trois éditions (1996, 2000 et 2004), le handball français rongeait son frein pour mieux briller à Pékin et à Tokyo, en passant par Londres et Rio. 43e épisode avec « Puissance 14. »
ATLANTA 1996
Puissance 14
Ce premier tour s’annonce sans encombre puisque les ardeurs espagnoles, comme il y a quatre ans, ont été réprimées dès l’entame. L’Algérie et ses visages bien connus, ceux de Redouane Aouachria, Salim Nedjel ou Rabah Gherbi n’existe pas vraiment dans ce match cafouilleux, et le Brésil, ce 27 juillet, n’est pas censé rivaliser non plus. Il a remplacé Cuba au pied-levé, ne dispose ni des codes, ni du caractère requis pour jouer les trouble-fêtes. Henri Sérandour, le président du Comité National Olympique et Sportif, dira d’ailleurs ceci à l’issue du duel : « Les deux équipes ne jouent manifestement pas dans la même catégorie. Mais le festival de Volle vaut bien celui de Rio, et le jaune des maillots brésiliens siérait bien à la couleur des médailles en fin de parcours. »
Le festival de Volle ? Le Montpelliérain est un buteur. Longtemps le meilleur de France (1016) avant que Jérôme Fernandez (1463) puis Nikola Karabatic (1294) et Michaël Guigou (1021) ne le détrônent. En Championnat de France, il a donné quelques récitals, face à Zoran « Pacha » Djordjic lorsqu’il évoluait à Chambéry, ou contre Bordeaux lors de son ultime saison à l’OM-Vitrolles. 17 buts à chaque fois. 17 banderilles. « Je me souvenais d’un record de 12 buts avec l’équipe de France contre la Pologne au Mondial B en 1989, mais pas de ces 14 contre le Brésil », concède-t-il.
Arrière gauche, parfois demi-centre, il sait prendre sa chance bien au-delà de la ligne en pointillées, et les gardiens craignent son bras, la puissance de son un contre un, la variété de ses impacts. Ce jour-là, ni Marcelo « Xexa » Minhoto Ferraz de Sampaio, ni Osvaldo « Jabá » Inocente Filho ne parviendront à anticiper ses frappes. Dix-huit au total. Quatorze atteindront leur cible. Seulement trois tirs à neuf mètres seront détournés et une contre-attaque sera annihilée. « Sincèrement, admet-il, je n’ai aucun souvenir de ce match, ni d’ailleurs des autres, hormis la demi-finale et le match pour la troisième place. Atlanta reste un traumatisme pour beaucoup des acteurs. »
Il n’empêche. Marquer quatorze buts au cours d’une même rencontre olympique est un fait d’une rareté absolue. Frédéric Volle talonne d’ailleurs un autre « monstre » de ce jeu, le gaucher polonais Jerzy Klempel, qui avait inscrit quinze buts face à la Tunisie en 1976 à Montréal. Ce « carton » existe vraiment, même s’il a été effacé des tablettes en raison du forfait de l’équipe du Maghreb en cours de tournoi en protestation contre la tournée de l’équipe de rugby néo-zélandaise en Afrique du Sud. Avec 38 buts, Klempel aurait d’ailleurs dû terminer meilleur marqueur de cette édition. « Donc, sourit Volle, je suis en tête du classement, c’est ça ? Non, sincèrement, Klempel était un très grand, et je suis très honoré de figurer dans cette liste. »
Depuis, d’autres « serial buteurs » ont affolé les compteurs. Niclas Ekberg (13) face à la Grande Bretagne à Londres ou Marc Baumgartner (13) contre les USA lors de ces mêmes Jeux d’Atlanta. Mais les treize buts de Michael Kraus face à l’Islande à Pékin ou les douze de Mikkel Hansen face à l’Espagne à Tokyo pèsent d’un tout autre poids.