Comme ses joueurs, le sélectionneur Guillaume Gille ressent de la déception à l’idée de ne pas se battre pour le titre mondial. Néanmoins, la nécessité de rebondir pour aller chercher la médaille de bronze est présente, et le staff joue un rôle prépondérant dans la bascule entre les deux échéances.

Quel est le rôle du staff dans la capacité des joueurs à passer de la déception des demi-finales à la petite finale ?

On met les garçons en responsabilité sur l’idée de switcher, de passer à autre chose. Mais c’est aussi notre organisation, nos temps d’échange qui permettent de faire la bascule. Ces trois jours entre les deux matchs sont presque anormaux et on peut très vite un peu plantés dans la déception, rester sur le goût amer de l’élimination, sur l’idée de ce qu’on a raté. C’est le meilleur moyen de se planter. C’est notre job de faire que les têtes restent claires. On ne peut pas changer le résultat de la demi-finale, la déception est immense, c’est un fait. Collectivement, on est tous meurtris, on perd un match difficile. Notre leitmotiv, maintenant, est : qu’est-ce qu’on doit faire demain ? Il faut avoir des individualités fortes, un jeu collectif fort, c’est notre seul mot d’ordre. Les signes que je perçois sont positifs, et les énergies semblent bien meilleures aujourd’hui. On sent que tout ce qui a été mis à disposition portent ses fruits, mais le seul juge de paix, ce sera le match qu’on produit demain et le résultat de demain.

Cette médaille de bronze est une déception quand on sait que vous veniez pour remporter le titre. Comment faire pour motiver les joueurs à aller la chercher ?

La valeur d’une médaille n’est jamais anodine. Je ne galvaude jamais ce type de consécration. On a été, avec le handball français, habitué au fois gras avec la médaille d’or. Néanmoins, chaque aventure qui nous permet de nous retrouver sur une boite témoigne d’un engagement qui est remarquable et que je ne veux pas minimiser. C’est en ça qu’il n’y a pas de question à se poser. On est venu avec beaucoup d’ambition, la volonté de se mêler au combat final. On est invité à la dernière étape, et c’est une chance, quelque part. Oui, la déception est démultipliée parce que c’est la demi-finale, mais il faut encore rester dans la compétition, elle n’est pas finie ! On est encore en plein dedans, et dimanche, ce ne sera pas une rencontre de faire-valoir. 

Quel regard portes-tu sur le Portugal, votre adversaire pour la petite finale ?

Le Portugal est une équipe qui présente un bon mix générationnel, des joueurs qui nous avaient posé pas mal de problèmes il y a quelques années quand ils sont arrivés dans le giron des équipes qui comptent. Ils ont un bon mélange aujourd’hui, avec des joueurs qui ont trusté les médailles et les titres chez les jeunes. Cette équipe joue avec énormément de coeur, l’énergie qui s’en dégage est particulièrement remarquable. Elle semble animée avec l’envie de rentrer dans le gotha des équipes qui peuvent prétendre à des médailles. Ils possèdent les frères Costa, qui ont une capacité de vitesse exceptionnelle au niveau de leurs jambes ou de leur bras. Ils utilisent des tactiques de vieux grognards. Malgré le peu de références qu’ils ont au niveau international, ils savent déjà bien nager dans le grand bain sans brassards ni ceinture.