Un an et demi après avoir donné naissance à un petit garçon, Pauline Coatanea est de retour sur le devant de la scène avec l’équipe de France. La déception de ne pas avoir participé aux Jeux olympiques effacée, elle s’affirme dans ce début de Championnat d’Europe comme une valeur sûre au sein du collectif de Sebastien Gardillou.

DERNIÈRE MINUTE : MARINE DUPUIS INTÈGRE LA LISTE DES 20
Arrivée mardi soir depuis Nice, Marine Dupuis a découvert Debrecen et retrouvé ses coéquipières de l’équipe de France qu’elle avait quittées à l’issue de la préparation à la Maison du handball fin novembre. Appelée en renfort par Sébastien Gardillou, elle fait officiellement son entrée dans le groupe des vingt joueuses disponibles pour chacun des matchs de l’EHF EURO 2024. Le sélectionneur pourrait ainsi faire appel à cette ailière gauche pour suppléer Coralie Lassource (touchée à la cheville face au Portugal)

Une carrière est faite de cycles, tout sportif de haut niveau vous le dira. Blessures, choix des entraineurs, la liste des facteurs extérieurs pouvant influencer est sans fin. C’est un petit peu l’histoire récente du poste d’ailière droite en équipe de France. Depuis 2022, elles sont trois à se battre pour deux places : Lucie Granier, Alicia Toublanc et Pauline Coatanea. Et si les trois s’étaient partagé le temps de jeu à l’EHF EURO en Macédoine et en Slovénie, depuis, Coatanea semblait un peu plus en retrait. Absente en 2023 après avoir accouché quelques mois plus tôt, elle n’avait pas passé le cut des Jeux Olympiques avant de revenir en fanfare depuis l’intronisation de Sébastien Gardillou comme sélectionneur. « La configuration en 2024 est la même qu’en 2022, et je m’y étais préparée mentalement. Je m’étais dit, que je joue ou pas, je dois rester concentrée parce que les choses peuvent changer d’un match à l’autre. Pour l’instant tout se passe bien, je vais tout faire pour que ça continue dans ce sens », explique la gauchère.

Dans l’esprit de Sébastien Gardillou, en tout cas, la hiérarchie sur le poste est claire. Lucie Granier est numéro un, et Coatanea tient la corde derrière la Messine. « Pauline a beaucoup de temps de jeu en club, elle joue la meilleure compétition, où elle s’exprime pleinement. Alicia, par les aléas des changements de club, se retrouve en Roumanie, pas forcément où elle voulait aller, avec un temps de jeu très concis, voire parfois inexistant. C’est difficile pour elle de s’exprimer et d’être évaluée, elle semble moins tranchante que Pauline », décrypte le sélectionneur.

Pourtant, au sortir d’une préparation réussie, le staff de l’équipe de France avait choisi de renvoyer Pauline Coatanea à la maison à l’heure de sortir sa liste pour les Jeux Olympiques de Paris. Quand certaines joueuses auraient pu être anéanties, la Brestoise a choisi de prendre les choses du bon côté. « Il y a eu de la déception, forcément, j’avais envie de faire cette aventure. Mais j’étais consciente de n’avoir qu’une demi-saison dans les jambes, et que c’était un peu un coup de poker de pouvoir y arriver. » Repartie la tête haute de Capbreton, elle a surtout choisi de tourner cette déception en quelque chose de positif : « Je ne me suis pas auto-flagellée en me disant que je n’avais pas tout fait pour. Ce qui m’a fait plaisir, c’est de voir que j’étais au niveau, que j’avais réussi à revenir en aussi peu de temps. J‘ai voulu repartir fort en club pour que si on me rappelle, ne pas repartir. Je ne voulais pas tout finir sur une déception.« 

Le retour à son meilleur niveau de Pauline Coatanea est d’autant plus impressionnant qu’à peine cinq mois après avoir accouché de son fils, elle était déjà capable de réussir ses tests physiques avec des valeurs identiques à celles réalisées avant sa grossesse. « Ca m’a donné de la confiance en moi, en mons corps. Revenir au très haut niveau après une grossesse, ça demande une organisation, et je ressens de la fierté d’y être arrivée. Maintenant que Jules est là, je ressens les efforts consentis pour revenir et quelque part, je me dis que je mérite d’être là où je suis aujourd’hui. » L’ailière droite n’hésite d’ailleurs pas à qualifier de « retour rêvé » sa reprise de la compétition.

Mais si on dit souvent que de devenir parent fait revoir les priorités de la vie quand on est sportif de haut niveau, Pauline Coatanea met tout de suite un bémol. « Je prends du recul, mais je n’arrive pas à ne pas stresser avant les matchs ! Ca fait rire mes coéquipières, d’ailleurs », sourit celle qui a claqué cinq buts lors du premier match de l’EHF EURO 2024 face à la Pologne. « J’ai envie de profiter de tous ces moments au maximum, d’autant plus que je sais que je suis plus proche de la fin que du début de ma carrière. Je suis passé par des moments où j’ai souffert, car je prenais les choses très à coeur. Où il a fallu surmonter des déceptions, arriver à rebondir. Maintenant, je me dis juste que je suis chanceuse d’avoir la chance de porter ce maillot. »

Et chance qui n’est pas donnée à tout le monde, la championne olympique 2021 a même la chance de profiter de ces moments inoubliables avec sa famille, qui l’a suivie jusqu’à Bâle pour le premier tour du championnat d’Europe. C’est toute une rangée vêtue des maillots Coatanea qui a pris place dans les travées de la St Jakobshalle, et le petit Jules n’est pas le dernier à encourager sa maman. « Le premier match, c’était plein d’émotions, c’est super important pour moi qu’il me voie jouer. Il comprend un peu quand je gagne ou quand je perds, mais c’est surtout une fierté pour moi, lui ne s’en souviendra sans doute plus », confie-t-elle, non sans émotion. « Je le répète peut-être, mais je suis super heureuse d’avoir réussi à combiner mon projet de vie de famille avec mon projet de sportive de haut niveau. Les efforts ont été payants et je suis super fière d’être là. »