Un an après un championnat du monde, certes terminé avec une médaille d’or autour du cou, mais où elle avait été en difficulté, Grâce Zaadi est de retour à son meilleur niveau. Après ses sept buts inscrits face au Monténégro, elle espère bien encore monter régime pour aller un deuxième titre européen avec les Bleues.

« C’est la Grâce qu’on a toujours connu », « elle est de retour à son meilleur niveau », les louanges ont enveloppé Grâce Zaadi Deuna après sa performance individuelle face au Monténégro (31-23). Sept buts personnels, un poids de tous les instants sur toute la rencontre que seule l’EHF, qui a préféré offrir le titre de MVP à Laura Glauser, a semblé ignorer. La dernière fois que la demi-centre avait autant pesé dans une rencontre, c’était face à la Hongrie aux Jeux Olympiques de Tokyo. Un match où elle avait trouvé la mire à neuf reprises. « On va dire que c’est un pays qui me sourit bien ! » sourit Grâce, qu’on n’avait plus vu à pareille fête en bleu depuis longtemps.

Il faut dire que le championnat du monde 2023 de la demi-centre n’était pas resté dans les annales. « Il faut quand même dire que j’étais convalescente et qu’au départ, cette compétition, je ne devais même pas la faire » nuance celle qui portait alors les couleurs du CSM Bucarest. « Je pense qu’elle était moins épanouie au CSM qu’elle ne l’est cette saison à Krim. L’année dernière, elle revenait d’une blessure au pied, cette fois, elle est en pleine possession de ses moyens. Et ça se sent » explique le sélectionneur Sébastien Gardillou, qui ajoute : « Une carrière, c’est fait de hauts et de bas et très clairement, Grâce est en ce moment au sommet de la vague. »

Qui de mieux que le nouveau sélectionneur de l’équipe de France pour donner son avis sur une joueuse qu’il connait depuis bientôt quinze ans ? C’est lui, alors qu’elle n’est encore qu’une jeune joueuse à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, va convaincre ses parents de l’envoyer au Pôle Espoirs de Chartres. Lui encore qui va la convaincre d’entrer au centre de formation de Metz Handball, où il entraine alors l’équipe première. « Il m’a suivi toute ma carrière, il m’a connu gamine et à force, on se comprend sans même se regarder. On a forcément une connexion spéciale parce qu’on s’est suivis depuis si longtemps, Seb’ sait ce dont je suis capable » sourit Grâce Zaadi.

Et ce n’est pas sans émotion que le duo se remémore, parfois, certaines frasques du passé. « J’apprends plein de trucs maintenant sur des bêtises qu’elle et ses copines ont faites à l’époque…Tu comprends un peu mieux pourquoi l’une a fait un malaise une fois ! » rigole le sélectionneur, qui apprécie l’évolution de sa joueuse. « J’étais dans un rôle d’éducateur avec ce qui n’était encore qu’une adolescente. Je suis désormais dans un rôle d’entraineur avec une femme enjouée, qui est un leader. Il y a beaucoup de respect dans les deux sens entre Grâce et moi. » Le technicien ne tarit pas de bons mots sur la personne qu’il a aidée à monter jusqu’au plus haut niveau. Mais la réciproque est vrai également : « Seb’ était chiant, il était dur et exigeant à l’époque. Mais j’ai toujours su que c’était pour mon bien. Avec le recul, on se rend compte de la capacité de certaines personnes à faire le bien autour d’elles, à vouloir faire avancer les autres avec bienveillance. Et il fait partie de ces gens-là. »

En tout cas, Sébastien Gardillou connait par coeur sa joueuse et sait en tirer la quintessence, que ce soit sur le terrain ou en dehors. Et c’est peut-être pour qu’il lui demande de nouveau de défendre, là où Grâce Zaadi Deuna avait perdu l’habitude d’enchainer attaque et défense en équipe de France. « Défendre, ça fait partie de moi, je ne conçois pas d’attaquer sans défendre. La défense me permet de construire mon attaque » dit-elle, en ajoutant : « Olivier faisait ce choix là, mais je suis content de retrouver les deux facettes de mon jeu. Je me suis toujours considérée comme une bonne défenseuse, j’ai toujours aimé défendre et je me sens beaucoup mieux quand je suis présente des deux côtés du terrain. »

Et celle qui a préféré continuer son aventure en équipe de France après avoir vécue les Jeux Olympiques de Paris comme remplaçante est bien décidée à aller chercher une nouvelle médaille avec les Bleues. Mais avant cela, il faudra tout de même valider la qualification pour le carré final de l’EHF EURO 2024, si possible dès ce dimanche face à la Suède (20h30). « Autant le faire dès maintenant, et ne pas se dire qu’on a encore deux chances pour se qualifier ou je ne sais pas quoi. On veut toutes une médaille et pour la gagner, il n’y a pas de place pour les calculs » termine celle qui est déjà montée sur la plus haute marche d’un podium européen. C’était il y a six ans, à Paris. De l’eau a depuis coulé sur les ponts, mais Zaadi Deuna est de retour en Grâce. Alors, pourquoi pas ?