Arrivée en équipe de France il y a un peu plus d’un an, Léna Grandveau est désormais régulièrement appelée chez les Bleues par Olivier Krumbholz. Et depuis le début de la préparation du championnat du monde IHF 2023, elle s’est clairement installée sur le poste d’arrière droit. Un passage pas forcément obligé mais qu’elle accepte, déjà heureuse de faire partie intégrante du groupe à seulement 20 ans.

Elle est entrée par la petite porte, sur la pointe des pieds, presque sans faire de bruit. Elle l’avoue d’elle-même désormais, « arriver en équipe de France, c’est stressant. Tu regardes cette équipe à la télévision et, tout d’un coup, tu te retrouves à manger avec elles. J’étais un peu intimidée alors qu’en fait, ce sont des filles super simples. » A 19 ans, il faut un peu de tempérament et, surtout, des qualités handballistiques indéniables pour entrer dans un groupe sacré champion olympique il y a peu. Ca tombe bien, la Beaunoise en a pas mal à revendre. Tombée dans le handball à cinq ans, elle a rapidement gravi les échelons, sur un chemin pourtant pas dénué d’embûches.

La première épreuve dans la vie professionnelle de la demi-centre aura été le dépôt de bilan de son club de Bourg de Péage. « Forcément, ça marque. Tu as 18 ans, tu te retrouves dans la galère et tu ne sais pas comment faire. Dans ces moments-là, il s’agit d’être bien entourée mais j’ai eu la chance que ma famille ne soit jamais très loin » explique celle qui a mis les voiles vers Nantes à l’été 2022. Là, elle apprend le haut-niveau, elle dispute la coupe d’Europe, progresse à la vitesse grand V au contact de la coach danoise Helle Thomsen. Elle avance tellement vite qu’elle débarque dans le groupe équipe de France à l’automne de l’année dernière, Olivier Krumbholz étant persuadé des capacités de la Bourguignone. C’est à Nantes, dans une H Arena au complet et devant sa famille, qu’elle chante sa première Marseillaise. « Ce sont des choses qui marquent, tu te dis waouh, c’est pour ça que je me casse la tête et que je me lève tous les matins pour aller à l’entrainement. Et forcément, tu as envie d’y revenir le plus vite possible » se souvient-elle. Ca tombe bien, elle embarquera dans l’avion pour l’EHF EURO 2022.

Si, en Macédoine et en Slovénie, son rôle s’est limité à celui de partenaire d’entrainement, celui-ci a bien évolué en un an. Léna Grandveau ne s’y attendait peut-être pas, mais c’est sur le poste d’arrière droit qu’Olivier Krumbholz a décidé de la fixer, au moins pour l’instant. En l’absence d’Océane Sercien-Ugolin, la Nantaise fait mieux qu’offrir quelques minutes de repos à Laura Flippes depuis le début de la compétition. « Ce qu’elle fait est remarquable. Elle arrive à respecter les consignes du staff tout en y ajoutant ses qualités intrinsèques, et surtout à son âge, ce n’est pas simple. Elle arrive à créer une belle harmonie entre les deux choses » loue le sélectionneur, qui ne fait pas de mystère sur ses intentions : s’il faut utiliser Léna Grandveau sur le poste de demi-centre, il n’hésitera pas non plus.

A son âge, on aurait connu quelques éléments un peu tétus qui n’auraient pas caché leur déception de ne pas être utilisé à leur poste préférentiel. Mais Grandveau pose un regard lucide sur sa situation actuelle : « Je pense que c’est une étape, que j’ai tout à prendre encore vu mon âge. Ce n’est pas facile de jouer sur un poste où tu n’es pas le plus à l’aise. Mais une fois que tu as passé le stade de râler dans ta tête et de te demander pourquoi, tu réalises vite la chance que tu es là et que le plus important, c’est de faire la compétition. » C’est d’ailleurs cette humilité que le staff français apprécie, celle d’une joueuse qui ne revendique rien en particulier, malgré des qualités et une ambition qui pourraient bien la propulser parmi les filles qui comptent dans les années qui viennent.

Depuis son arrivée en Norvège, Léna Grandveau montre en tout cas qu’elle ne fuit pas ses responsabilités. Ses trois buts ne disent pas l’influence qu’elle a sur le jeu de son équipe quand elle est sur le terrain, et en particulier sa relation avec les ailières. « J’essaye de rentrer dans le rôle que veut le staff tout en apportant ma touche personnelle, un peu de vitesse, un peu de vice » explique-t-elle, tandis qu’Olivier Krumbholz ajoute : « Je lui dis de mettre en avant ses qualités, petit à petit, et on voit qu’elle est de plus en plus en confiance. Elle nous apporte dans le jeu vers l’extérieur, que de nombreuses grandes nations ont remis au goût du jour. » Alors Léna Grandveau le fait en toute simplicité, presque timide dans un groupe où les forts caractères ne cherchent pas à se cacher. Mais une fois entrée sur le 40×20, les choses sont différentes. Et elle ne s’en cache pas. « Le handball, je ne rigole pas avec ça, et quand je suis sur le terrain, j’ai quand même mon caractère » rigole-t-elle. « Mon but, c’est que l’équipe de France gagne. Peu importe mon poste et peu importe les filles sur le terrain. Je suis prête à tout pour ça. »