Ce jeudi 19 octobre dans l’auditorium du Novotel-Atria de Nîmes, Valentin Porte a assisté à la projection du film « STRoNG, aussi forts que fragiles », co-réalisé par Sylvain Ventre, ancien joueur de l’USAM, suivie d’un débat sur la santé mentale des sportifs de haut niveau. À l’affiche de ce documentaire, l’ailier de l’équipe de France est apparu éclatant de sincérité.

La salle copieusement emplie, il s’est assis sur l’un des tabourets, entre Sylvain Ventre et Bertrand Briard, co-auteurs, avec Emmanuel Le Ber, du documentaire. Organisatrices de la soirée, Armelle Ratat et Laure Desmurget, psychologues de l’association « Impulsions », qui vise à développer la psychologie du sport dans le Gard au bénéfice des sportifs et des organisations sportives, ont également pris place sur cette scène, au côté de Dolorès Orlay-Moureau, élue à la ville de Nîmes. Valentin Porte avait déjà vu le film, sorti neuf jours plus tôt, présenté en avant-première au cinéma Max Linder de Paris. Mais il voulait à son tour guetter les réactions, ressentir, échanger, pourquoi pas, avec les spectateurs sur la santé mentale des sportifs de haut niveau. « J’espère que ce documentaire aidera ceux qui en ont besoin, dit-il, qu’il aidera surtout à libérer la parole. »

« STRoNG, aussi forts que fragiles » est né d’une idée et même d’une expérience vécue par Sylvain Ventre, ancien handballeur de l’USAM Nîmes, entre 2001 et 2009, fondateur de l’agence de communication Willie Beamen qui se démarque par son ancrage fort dans le monde du sport. « À l’issue de ma carrière, raconte-t-il, j’ai fait une dépression, parce que je n’étais absolument pas préparé à l’ouragan d’émotions qui m’a alors submergé. J’ai consulté un médecin spécialisé. Je me suis soigné. Je connaissais en fait le joueur que j’étais, mais absolument pas l’homme, la place censée être la mienne dans la société. J’ai eu la chance de me reconstruire socialement. Mais ce sujet du mal-être chez les sportifs, la dépression, la déprime, le burn-out, peu importe la sémantique, m’a toujours interpellé. »

D’où ce documentaire pudique, poignant. Interrogés pendant plus de trois heures, bousculés au plus profond de leur intimité, cinq sportifs de haut niveau témoignent de ce mal-être. Jérémy Florès, Camille Lacourt, Perrine Lafont, Ysaora Thibus et donc Valentin Porte, touché par des problèmes personnels au retour de l’EHF Euro 2022 qu’il a affrontés à l’aide d’une thérapie. « En même pas une heure, soupire-t-il, la psychologue a parfaitement cerné l’homme que j’étais, mes failles, et c’en était presque angoissant. »

Valentin Porte a aujourd’hui balayé les passages les plus sombres de cette époque, il s’est délesté des poids qui l’empêchaient de vivre en pleine conscience et en confiance. Au terme d’un process long, douloureux, intense, à force de discussions, de prises de conscience, de rencontres, il a cessé cette course sans fin et sans fond pour ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. « Je ne suis pas complètement guéri, concède-t-il, on ne l’est jamais vraiment, mais les plaies se referment petit à petit, les angoisses et les doutes se sont estompés. »

À l’issue de la projection, il a répondu aux questions, toutes empreintes d’émotion. Il a dévoilé qu’il lui arrivait d’avancer sans vraiment savoir où il allait, pris par la peur de ne plus être à la hauteur de ses propres attentes, de celles des autres. Il a convenu que cette prise de parole était un choix osé, parfois mal accueilli dans le milieu, mal interprété, mais terriblement salvateur. 

Valentin Porte a traversé le tunnel et retrouvé la lumière. « Nous ne sommes pas des super-héros, des robots, a-t-il conclu, et c’est peut-être le message que j’ai d’abord envie de retenir de ce documentaire. Je suis fier d’avoir témoigné. Certains passages sont encore délicats à regarder et ravivent des émotions, mais le message est positif, porteur d’espoirs. »