Joueur professionnel qui évolue actuellement en Proligue, entre Nancy HB et Pontault-Combault HB, le jeune Baptiste Joblon (22 ans) avec son compère Obrad Izevic, a sifflé la finale de la Coupe de France fédérale féminine. Il revient sur son parcours de jeune arbitre et l’expérience unique vécue à l’Accor Arena.
Raconte-nous comment vous avez appris votre désignation pour participer au week-end finale de la Coupe de France 2025 présentée par la Caisse d’Épargne ?
Avec Obrad Izevic, cela fait une saison qu’on arbitre ensemble. Nous avons suivi la formation pour arbitrer les joueurs pros, et tout s’est plutôt bien passé. On a été suivis, on a montré de bonnes choses je crois, et un jour, on a été conviés à une visio avec notre responsable, Hervé Vigor. Il a fait un peu durer le suspense… Et finalement, il nous a annoncé qu’on était désignés pour la finale de la Coupe de France fédérale féminine.
Pour nous, c’était incroyable. Déjà, ni moi ni Obrad n’avions jamais joué à Bercy. Et puis diriger une finale là-bas, devant autant de public, ce n’est clairement pas donné à tous les arbitres. On était vraiment très fiers.
Tu connaissais déjà Bercy en tant que spectateur ?
Oui, j’y avais vu des matchs de l’équipe de France quand j’étais plus jeune, mais je ne me souviens plus exactement de quelle compétition. En tout cas, y entrer cette fois par le tunnel en tant qu’arbitre, c’était très différent.
Quel effet ça fait de siffler devant 10 000 personnes ?
Franchement, l’entrée sur le terrain, c’était impressionnant. L’ambiance, les jeux de lumière… On sent la pression. Jusqu’à ce moment-là, on n’était pas trop stressés, parce qu’on est aussi joueurs, donc on sait comment gérer le rythme d’un match. Mais là, quand on est avec les joueuses dans le tunnel avant d’entrer, j’ai eu une montée de stress. Après, dès que le match démarre, c’est comme quand on est joueur : le stress disparaît, on entre dans notre match, et tout se passe bien.
Revenons un peu en arrière. Si pour Obrad, il s’agit d’une reconversion depuis son arrêt de carrière (en 2022), comment es-tu venu l’arbitrage alors que tu es un jeune joueur actuellement en Prologue ?
J’ai intégré le centre de formation à Nîmes puis j’ai joué un peu avec les pros. J’étais proche de Julien Robichon et de Benjamin Gallego qui se sont aussi lancés dans l’arbitrage aussi. Ça m’a donné l’idée. Je me suis dit que ça pouvait être une bonne reconversion pour plus tard.
Quand je suis arrivé à Nancy, je voulais occuper mes week-ends quand je ne jouais pas et je me suis lancé dans la formation pour devenir arbitre. Au début, j’ai arbitré avec un autre binôme, mais il est parti au Luxembourg. Ensuite, Obrad, qui était aussi à Nancy et dont je connaissais un peu le parcours, m’a proposé de faire le binôme. Ça s’est fait naturellement.
Comment s’est construite votre relation sur le terrain ?
Au début, ce ne fut pas simple. Obrad avait plus d’expérience (il avait d’abord officié avec Frédéric Beauregard parti rejoindre l’AEK Athènes), donc il prenait un peu le dessus. Les superviseurs nous l’ont fait remarquer. Il a fallu qu’il me laisse plus de place et que moi je prenne plus d’initiatives. On a trouvé notre équilibre. En plus, en dehors du terrain, on s’entend très bien. En déplacement, c’est super. Il est plus âgé que moi, mais dans sa tête, on dirait qu’il a mon âge !
À quel niveau, avez-vous arbitré cette saison ?
On a commencé par de la N3 garçons, puis on est très vite passés à la N1 filles, quelques matchs de N2 garçons, et ensuite de la N1 garçons. En tout, on a arbitré une vingtaine de matchs depuis septembre 2024.
C’est allé très vite pour vous. En quoi le fait d’être parallèlement joueur professionnel est-il précieux dans ce nouveau rôle ?
J’ai le ressenti du terrain, du rythme, de la fluidité. Les équipes savent qu’elles vont être arbitrées par des joueurs, donc ça crée une forme de respect. On essaie d’apporter de la continuité dans le jeu, on ne cherche pas à couper pour rien. Après, bien sûr, il y a parfois des tensions comme dans n’importe quel match.
Tu quittes Nancy pour Pontault-Combault. Est-ce que l’arbitrage a compté au moment d’effectuer ce choix ?
Oui, complètement. Aujourd’hui, l’arbitrage fait partie de ma vie sportive. J’ai demandé conseil à Hervé Vigor et aux responsables de l’arbitrage à la fédération avant de signer. On a vérifié que, malgré la distance, je pourrais continuer avec Obrad qui vit à Nancy. On sera un peu au-dessus des 600 km, mais une fois ce sera moi qui ferai le déplacement, une fois Obrad, une fois à mi-chemin. Mon futur club a été très ouvert. En plus, avoir un arbitre fédéral dans un club, ça compte aussi. Ils ont compris l’intérêt.
Et la suite, c’est quoi ? Devenir arbitre élite ?
C’est un objectif à moyen ou long terme, oui. Mais tant que je suis joueur pro, on ne peut pas aller plus haut que le niveau national. Peut-être qu’on aura des matchs de D2F ; de temps en temps, mais pas plus. Après, l’idée, c’est que plus tard, ça devienne une vraie voie de reconversion. Entre mes diplômes d’entraîneur et l’arbitrage, j’essaie d’avoir plusieurs cordes à mon arc. Pour rester dans le hand, sous une forme ou une autre.