Responsable de la cellule Recherche et Performance de la FFHandball et préparateur physique de l’équipe de France masculine, Olivier Maurelli présente le 3e séminaire organisé les 5 et 6 juin à la Maison du handball. Il évoque également les différents projets qui animent l’activité de la cellule.

Cette année, le séminaire met l’accent sur la gestion de la charge. Pourquoi ce choix ?

Parce que c’est un enjeu central aujourd’hui. Les saisons s’allongent, les matchs s’enchaînent, et les temps de récupération se réduisent. Ce n’est plus seulement une question d’entraînement, mais de charge de travail globale : efforts physiques, stress mental, récupération, déplacements… On doit désormais penser la performance dans une approche systémique, où chaque facteur compte.

En quoi ce séminaire innove-t-il cette année ?

On a voulu élargir la focale. Oui, on parle de charge physique, mais on intègre aussi des notions plus récentes comme la charge mentale et cognitive. Pour cela, on s’appuie sur des experts comme Romuald Lepers qui viendra poser les bases scientifiques. Et pour traduire ces concepts sur le terrain, on organise une table ronde avec Clément Le Coz, psychologue de l’équipe masculine de football du Paris Saint Germain, et plusieurs retours d’expérience d’athlètes et de staffs, comme ceux du XV de France féminin ou du Racing Club de Lens. Au total, nous aurons vingt-cinq intervenants pendant ces deux jours avec notamment le témoignage précieux de la judokate Priscilla Gneto, trois fois championne du monde par équipe championne et médaillée olympique à Londres 2012.

Il s’agit donc de croiser les regards : scientifique, médical, et du terrain ?

Exactement. Le but, c’est de créer du lien entre ceux qui observent, ceux qui mesurent, et ceux qui vivent la charge au quotidien. Ce dialogue est essentiel si on veut vraiment faire progresser nos pratiques.

Vous travaillez aussi sur une évolution plus large pour 2026 ?

Oui. Avec le soutien de la Fédération au travers du médecin fédéral François Raoult, et de la commission médicale, on souhaite transformer ce séminaire en un colloque médico-physique à part entière. Un événement qui associerait pleinement les équipes médicales aux réflexions sur la performance, et qui pourrait même s’ouvrir à l’international. L’idée, c’est d’avoir une approche intégrée, fédératrice, au service de l’athlète.

Depuis sa création, comment la cellule a-t-elle évolué ?

Initialement centrée sur l’équipe de France masculine, la cellule a progressivement élargi son périmètre. On accompagne désormais l’équipe de France féminine, les équipes jeunes, ainsi que le ParaHand, avec un vrai projet de suivi individualisé. Sur le BeachHandball, on lance en juin, à Houlgate puis à Châteauroux, une phase de collecte de données par GPS pour mieux comprendre les sollicitations spécifiques à la discipline pour les équipes de France A féminine et masculine. On souhaite vraiment créer une culture partagée de la performance, quel que soit le format de jeu.

Ce travail se fait-il aussi en lien avec les structures nationales ?

Oui, j’assure un rôle de référent scientifique pour la Fédération, ce qui nous permet d’être en lien direct avec l’INSEP, l’ANS ou les CREPS. Ces échanges inter-fédéraux sont précieux pour harmoniser les méthodologies, mutualiser les outils, et faire progresser les standards.

Qu’en est-il de la collaboration avec les clubs ?

C’est un axe fort. On échange régulièrement avec les préparateurs physiques des clubs pros, car sans eux, on ne pourrait pas performer en sélection. Aujourd’hui, notre objectif est d’aller plus loin : mettre en place un système partagé de collecte de données, avec des outils accessibles et standardisés (type GPS), pour construire une continuité entre club et sélection. On avance progressivement dans cette direction.

Vous lancez aussi un projet autour des commotions cérébrales ?

Oui, avec François Raoult et Mélanie Bana, nous développons un protocole autour des protège-dents connectés. L’objectif : mesurer en temps réel les impacts subis, objectiver les risques, et proposer des actions concrètes de prévention. Le sujet est sensible, mais il est de notre responsabilité d’anticiper et de protéger les joueurs. La Fédération soutient pleinement cette initiative.

Au travers de la cellule, tu suis également la thèse de Jean-Pierre Guillaume.

Avec le doctorant Jean-Pierre Guillaume, nous travaillons sur le Parcours de Performance fédéral, essentiellement pour l’instant, sur le secteur masculin pour essayer de faire en sorte d’améliorer la prise en charge de l’athlète et regarder comment on peut mieux estimer le potentiel futur. Le thème de recherche de Jean-Pierre est l’estimation des potentiels et les couloirs de performance.

Aujourd’hui, tu pilotes seul cette cellule. Est-ce tenable dans le temps?

C’est un modèle qui a ses limites, forcément. Mais on avance pas à pas, en structurant, en connectant les acteurs, et en posant des fondations solides. L’idéal serait, à terme, de renforcer l’équipe. Mais pour l’instant, chaque projet qu’on lance contribue à une dynamique plus large : celle d’un sport qui prend soin de ses athlètes pour les amener le plus loin possible, en respectant leur santé et leur équilibre.