Membre du bureau directeur de la FFHandball depuis la fin de semaine dernière, l’ancien capitaine de l’US Dunkerque a été élu trésorier de l’institution après la démission d’Alain Smadja.
Depuis quand êtes-vous membre du bureau directeur de FFHandball ?
C’est très frais, ça remonte à vendredi dernier. C’est le tout début d’une nouvelle aventure, acté lors du dernier Conseil d’Administration des 25 et 26 novembre. Alain Smadja avait d’autres projets, Philippe Bana m’a lancé sur cette idée.
Vous le connaissez depuis longtemps, depuis vos échanges lorsque vous étiez à l’AJPH…
Nous avons souvent échangé, c’est vrai, à Dunkerque, lorsque je jouais, ou via l’AJPH, parfois au travers de dialogues musclés mais toujours empreints de respect. J’ai de très bonnes relations avec lui. Il a bien compris, je crois, mon caractère d’administrateur. Il m’avait déjà proposé d’occuper certaines missions, dans le cadre de mes compétences et de mes envies, mais il a fallu le temps de mûrir le rôle. Je suis très heureux de pouvoir commencer à travailler au bureau avec l’objectif de continuer à faire avancer choses.
Ce bureau comprend d’autres anciens athlètes de haut niveau, comme Nodjialem Myaro ou Bertrand Gille. Est-ce l’occasion d’apporter un nouveau regard ?
Sans doute un regard différent, oui, un regard neuf. La FFHandball, je la connais en qualité de licencié, pas vraiment de l’intérieur, je vais donc avoir une posture différente. Je pense qu’il y a une vraie volonté de puiser dans cette richesse du vivier de joueurs professionnels confrontés à leur après-carrière. Quels seront les défis de demain ? Voilà une vraie question. Le monde bouge vite, et utiliser ceux qui sont moteurs peut être une force.
Joueur, vous ne reculiez jamais face à un défi. Celui-ci ne vous effraie-t-il pas ?
J’ai toujours été animé par les défis, c’est vrai. Toute ma carrière, on a loué mon caractère de guerrier. Je n’ai jamais rechigné à me lancer dans de belles bagarres, parce que j’ai toujours pensé que les victoires n’en étaient que plus belles. Avec l’AJPH, nous avons beaucoup oeuvré pour la reconversion professionnelle, pour faire bouger les conditions des joueuses et des joueurs, et nous sommes arrivés à de très jolis résultats. Je suis heureux et fier aujourd’hui de me lancer cet autre défi.
Aviez-vous occupé d’autres fonctions dans le handball depuis votre retrait des parquets, en 2017 ?
J’ai arrêté l’AJPH fin 2021. Je suis entré au Conseil administration de l’USDK en début de cette année. Nous avons gardé très bonnes relations avec le club. C’est un engagement différent. A la FFHandball, c’est une belle opportunité de me lancer un nouveau défi de dirigeant. Une opportunité de grandir.
Dans le privé, vous êtes responsable des partenariats à la Caisse d’Epargne Hauts-de-France. En quoi consistent vos missions ?
À la fin de ma carrière, j’ai intégré la Caisse d’Epargne via l’AJPH. Sur ce dossier de la formation, l’insertion, la reconversion, l’association a montré son dynamisme et s’est entourée de partenaires privés, comme Lidl, Swiss Life, ou la Caisse d’épargne. J’ai eu un entretien avec la Caisse d’Epargne qui a apprécié mon profil et ciblé mon potentiel. J’ai eu droit à une intégration personnalisée. Dans un premier temps, je suis intervenu sur l’économie sociale sur le Littoral, avec de gros clients associatifs. Je me suis très vite senti à l’aise dans ce dispositif. Au-delà de l’envie que j’ai manifesté, des parallèles possibles entre les mondes de l’entreprise et du sport, il y a eu une vraie synergie. J’ai fait ça pendant trois ans. Puis l’on m’a proposé une nouvelle mission : intervenir dans les partenariats business. Je suis une sorte d’ambassadeur chargé de faire vivre ces partenariats.
Vous intervenez notamment au soutien d’athlètes dans la perspective des Jeux Olympiques de 2024. La condition d’intégration est d’avoir un lien fort avec la région, un potentiel et une grosse ambition sportive. N’est-ce pas votre portrait type, finalement ?
Je m’y retrouve vraiment, oui. Je suis un pur produit du Nord et le fait qu’un établissement régional soit à la base d’un partenariat pour un événement planétaire a beaucoup de sens pour moi. Permettre à des sportifs de très haut niveau mais pas professionnels, sans modèle économique viable, alors qu’ils passent plus d’heures que moi à l’entraînement, de mettre toutes les chances de leur côté, ça me parle.
Comment intervenez-vous concrètement auprès d’eux ?
Ils sont neuf, et notre projet permet un accompagnement global, mais d’abord l’accompagnement d’une histoire de vie. Nous allons permettre à ces athlètes de s’entraîner dans les meilleures conditions possibles. Mais plus que d’argent, c’est d’humain dont on parle. Nous répondons ainsi à des besoins divers et variés, autour de thématiques comme la formation, la reconversion. Moi, j’ai cette sensibilité de savoir tout ce qu’il y a derrière la performance, et je sais combien il est déterminant d’anticiper les choses. Le but est de promouvoir l’innovation sociale par et dans le sport. L’objectif est de financer la formation, l’insertion socioprofessionnelle et la reconversion, mais aussi d’encourager le soutien des entreprises à ces sportifs.
Vous avez eu des occasions de changer d’air au long de votre carrière. Mais vous êtes resté seize années à l’USDK…
Toutes les discussions autour des échéances de mes contrats, ont été animées par ce même souci d’atteindre le plus haut niveau possible. Mais prétendre y parvenir dans ma région a aussi été un élément déterminant. Il y a un moment où un club a failli me faire vaciller. C’était en 2006, quand Chambéry m’a sollicité. Le club me plaisait beaucoup. Il jouait la Ligue des Champions. Il y a avait Jackson (Richardson). Le seul point d’ombre, c’est qu’il y aurait eu trois demi-centres pendant un an. Et moi, j’ai toujours été animé par cette envie d’avoir du temps de jeu, d’être sur le terrain. Dunkerque comptait beaucoup sur moi. Je ne voulais pas prendre de mauvaises décisions, et mon choix m’a finalement donné raison puisque j’ai touché à l’USDK ce que je voulais toucher.
On vous a parfois reproché de manquer d’ambition…
J’ai entendu ça… ça fait partie du sport haut niveau d’être l’objet de critiques et il faut savoir accepter ces critiques. Moi, j’ai toujours cru aux valeurs développées dans les Hauts-de-France, et je savais que je pouvais les incarner. Ça a donné tout son sens aux sacrifices.
Quel est votre meilleur souvenir de handballeur ?
C’est compliqué d’en choisir un seul, j’ai eu la chance d’avoir une carrière ultra-riche. J’ai joué dans toutes les équipes de France jeunes, il ne m’a finalement manqué qu’une sélection avec les A, mais quand on voit l’identité de ceux qui ont composé l’équipe et les résultats, on ne peut pas avoir de regret. Si je dois n’en retenir qu’un ce sera le premier, la victoire en Coupe de France face à Chambéry en 2011. En termes d’émotions, d’aventure humaine, c’est du XXL. Nicolas Bernard, notre président, nous avait quitté peu de temps auparavant. On courait après ce titre depuis des années. Il est d’autant plus marquant qu’il a été obtenu au bout d’un suspense rare, au terme d’une prolongation et d’une série de jets à sept mètres. C’était au Palais Omnisports de Paris-Bercy, une enceinte incroyable, dans une ambiance incroyable. Les parents, les enfants et tous ceux qui avaient de près ou de loin construit cette aventure étaient dans les tribunes. Quand l’hymne à Cô-Pinard a retenti, tu ressens des choses difficiles à décrire.
Propos recueillis par Philippe Pailhories