Responsable féminisation de la Commission Nationale d’Arbitrage (CNA), Jamila Boulhimsse sera aussi déléguée lors du match France – Espagne le jeudi 14 avril à l’Accor Arena. À l’occasion de cet entretien du lundi, elle présente aussi différentes actions de développement de la féminisation de l’arbitrage.

Quand as-tu débuté dans l’arbitrage ?
J’ai joué quelques années jusqu’en pré-nationale puis c’est seulement après que je me suis réinvestie dans le handball au travers de l’arbitrage. Auparavant, entre les études et les entraînements, je n’avais pas le temps de m’impliquer dans l’arbitrage, même si cela m’a toujours intéressé. Je n’ai donc pas suivi la filière de jeune arbitre.

Comment s’est écrite la suite dans le secteur de l’arbitrage ?
J’ai arbitré jusqu’au niveau régional puis j’ai pris des premières responsabilités à la ligue Occitanie, auprès d’Aurélien Salvador. J’avais en gestion le secteur du Sud-Ouest pour la formation des jeunes arbitres, les désignations, l’animation des écoles d’arbitrage. En réalité, tout ce qui touche à la base de la pyramide de l’arbitrage… Cela m’a passionné. Ensuite, sous l’impulsion de Michel Lartigue qui me voyait dans cette fonction, je me suis engagée dans le développement de la féminisation de l’arbitrage.

Puis tu as intégré la Commission Nationale de l’Arbitrage…
L’idée était en effet de franchir le pas entre ma Ligue (Occitanie) et le national avec la prise charge du pilotage de la féminisation de l’arbitrage. J’ai proposé un projet déclinable au niveau des territoires qui concerne la population féminine sur la formation, les arbitres, les déléguées, les officielles de tables de marque, les accompagnatrices… Ces deux dernières années ont été pleines de défi, aussi de beaucoup de travail et de plaisir dans l’animation des réseaux.

Parallèlement tu officies en tant que déléguée…
J’ai d’abord suivi une année de formation en tant que déléguée stagiaire auprès de délégués aguerris. J’ai d’abord été désignée sur des matches N1 puis de D2F. Puis, avec de la formation et de l’accompagnement, j’ai été amenée à officier sur le plus haut niveau national tant féminin que masculin. Hier (dimanche 3 avril), j‘étais déléguée sur le match de Liqui Moly Starligue entre Montpellier et Istres.

Quelle est ta motivation principale à t’investir dans cette fonction de déléguée ?
Cela me tient beaucoup à cœur, car c’est toujours aussi passionnant. Cela nécessite de la rigueur et de l’investissement. Il y a aussi beaucoup de plaisir dans la relation humaine, dans le travail en collaboration car nous formons une équipe avec les arbitres. Le délégué est présent pour les aider et pour les soutenir dans leur fonction. C’est aussi riche de pouvoir échanger avec les protagonistes d’un match de haut niveau et, parallèlement, de représenter notre fédération.

Quel sentiment t’anime au moment de découvrir l’Accor Arena pour le match de gala entre la France et l’Espagne ?
Un grand honneur bien sûr, car en raison de la crise de la Codid-19, les matchs de Golden League ont été annulés en janvier et je n’avais donc pas pu profiter de l’opportunité de cette première désignation. C’est assurément une marque de confiance et de reconnaissance. En même temps, c’est une pression particulière d’officier sur un tel match. L’objectif sera d’être performante sur le match le plus prestigieux jusqu’à présent. Avec Yaël Marc, nous serons deux déléguées. Elle est à la fois une collègue et une amie. Nous mènerons notre mission avec du plaisir car nous sommes passionnées.

Comment s’inscrira ce match dans ton parcours ?
Ce France – Espagne constituera un moment de travail et de test car avec Yaël nous sommes candidates au stage de délégué.e au niveau européen. Ce sera un véritable exercice pour nous deux. Cela s’inscrit dans un processus et j’estime que nous sommes bien soutenues par la fédération, notamment par Nodjialem Myaro, Olivier Buy et François Garcia. On ressent aussi l’intérêt et l’investissement des partenaires tels que La Poste.

Lors de la Fémina Cup à Plan-de-Cuques en décembre dernier ou à Saint-Etienne en janvier avec d’autres équipes professionnelles, la CNA multiplie les opérations en direction de la féminisation de l’arbitrage…
Oui nous alignons des jeunes arbitres, des binômes mixtes. L’idée est d’impulser une dynamique, pérenniser les effectifs féminins, fidéliser les encadrantes, font partie de nos objectifs permanents. C’est toujours un peu difficile, car les écoles d’arbitrage dans les clubs sont animées par des bénévoles investis, une denrée rare qu’il faut ménager et motiver.

D’autres opérations sont-elles au programme ?
Le week-end prochain, dans le cadre d’un partenariat entre le Pôle de Féminisation de la CTA Auvergne Rhône Alpes et le Pôle de Féminisation de la Commission Nationale d’Arbitrage, une action de sensibilisation aura lieu à Clermont-Ferrand le 9 avril 2022, en collaboration avec le Handball Clermont Auvergne Métropole 63 sur une rencontre de D2F.

Et à Saint-Médard-en-Jalles, du 30 avril au 1er mai ?
Le Pôle de Féminisation de l’Arbitrage interviendra en effet sur un tournoi féminin de jeunes à Saint-Médard-en-Jalles. Ce tournoi rassemblera des équipes de -15 ans féminins (environ 20 équipes) de l’ensemble de la France, des jeunes juges-arbitres de la région Nouvelle Aquitaine et des régions limitrophes, ainsi que des juges-accompagnateurs féminins. Ce tournoi se disputera sur le week-end entier (samedi et dimanche) et rassemblera une population féminine importante.

Peu abordé dans le cadre de l’arbitrage, la préparation mentale fait aussi partie des thématiques qui te tiennent à cœur ?
Dans un premier temps, cela ne concerne pas les jeunes arbitres, plutôt les arbitres de haut niveau qui ont la possibilité de bénéficier d’un accompagnement ciblé. L’idée étant bien sûr de préparer les binômes au secteur professionnel, sur la gestion du stress, de l’environnement. Tout cela se travaille et les retours très positifs que nous avons. Cela démontre bien la nécessité de s’inscrire dans cette démarche.
À Saint-Médard-en-Jalles, nous profiterons de la présence d’Amandine Vahé, arbitre et assistante au pôle féminisation de la fédération, qui est doctorante dans ce domaine-là et qui sensibilisera les jeunes arbitres.

Propos recueillis par Hubert Guériau