Chargée de projet de développement, formation et communication à la ligue PACA, aussi formatrice de formateurs pour le compte de la FFHandball, Laetitia Fiori est l’une des pionnières du Handfit. Elle raconte son parcours et comment la pratique s’est notamment développée sur le territoire Paca.
Quel a été ton parcours handballistique ?
J’ai commencé le handball à l’âge de 10 ans, dans les Alpes Maritimes. C’est grâce à un directeur d’école que j’ai été attirée par le handball. On peut dire que je suis issue du milieu scolaire. Ensuite, j’ai intégré une section sports études, pris part aux sélections puis j’ai enchaîné avec le pôle espoir à Nice. Je suis ensuite rentrée en Staps et plutôt que de passer le Capeps, je suis partie enseigner l’EPS en Côte d’Ivoire – là où je suis née – et parallèlement j’ai joué pour le club de l’Africa Sports. Ce fût une expérience intéressante.
Comment s’est écrite la suite ?
À mon retour en France, en 2000, j’ai intégré le club de Vallauris en tant qu’entraîneur de handball, un club de quartier où j’ai déployé des interventions dans les écoles et mis en place une classe handball à horaires aménagés. Parallèlement, j’entraînais les sélections des Alpes-Maritimes et je prenais mon sac à ballons pour aller dans les quartiers. Je crois que cette bivalence a séduit la ligue de Côte d’Azur (avant la fusion) que j’ai rejointe en 2005. Je suis titulaire du BE2 et pendant 7-8 ans, j’ai entraîné au pôle espoir de Hyères (Var) en tant que responsable de la filière féminine.
Comment a débuté l’aventure du Handfit ?
En fait, je faisais partie du groupe des chargé.es de développement et lors d’un séminaire, il y a eu un appel aux volontaires pour participer à un groupe de réflexion sur le sport santé et sur quelles pratiques à mettre en place à la fédération. Le sport santé m’intéressait et comme j’aime partir sur des projets innovants, je me suis portée volontaire. J’ai eu la chance de faire partie du groupe national qui a travaillé sur la création de la pratique Handfit et des cinq formateurs qui ont déployé la formation Coach Handfit en France.
Quels sont les ingrédients à mettre dans une formation Handfit ?
Il faut être convaincue et c’est mon cas depuis le début. Parmi l’équipe de formateurs, on ressent une dynamique et une énergie qui motivent les personnes. Je crois, modestement, que l’on donne confiance et que les personnes se sentent bien. De plus, les contenus sont riches, dynamiques mais simples.
En quoi est-ce un plaisir de participer à la conception d’une nouvelle pratique ?
Créer, innover et partager avec les formateurs et les stagiaires, c’est en effet réjouissant. On s’est par exemple pris la tête, de manière très agréable, pour transformer des exercices de musculation de base adaptés au sport collectif, avec un objectif : que le joueur prenne du plaisir. Nous avons travaillé ensemble avec Alexandra Demange, Nathalie Delord, Laurent Ghio, Julien Laz, Jérôme Maujean, Jérémy Perrin et Yérime Sylla. Des élus de la FFHandball étaient aussi impliqués ainsi que Thierry Gaillard qui a été le fer de lance du Handfit.
Quels ont été les moyens mis en œuvre pour proposer cette pratique sur le territoire de Côte d’Azur puis de Paca ?
Nous avons rapidement mis en place des matinées et des soirées techniques de démonstration ouvertes à tous les entraîneurs, dirigeants etc… J’ai identifié des personnes qui pourraient être intéressées de manière pérenne par une formation Coach Handfit et mettre en place l’offre dans leur club. Jean-Luc Baudet fait partie des rares présidents de Ligue qui, dès le départ, étaient convaincus par l’intérêt de la pratique pour les clubs. J’avais carte blanche. Certains coachs m’ont sollicité pour des projets plus innovants qui étaient de proposer la pratique pour des seniors et résidents en EHPAD. L’offre a été et est formidablement bien accueillie par les établissements et les pensionnaires des maisons des retraite. Nous avons aussi mis en place des séances à l’occasion des Écoles méditerranéennes de handball (organisée par la Ligue Provence puis la Ligue PACA), elles étaient et sont consultables en ligne.
Quels sont les clefs de ce développement rapide ?
Ce sont certains dirigeants de clubs, les coachs, qui ont œuvré pour déployer la pratique. Actuellement, la stratégie est d’identifier des clubs, des futurs animateurs, de communiquer sur la pratique, de diffuser des informations, des vidéos, des arguments… Le tout pour convaincre, former puis accompagner les clubs, les animateurs/coachs. Un point important est que les élus de la Ligue sont partants dans le projet depuis le début. Et la présidente de notre commission Développement Service aux Clubs, Vanessa Patucca-Bourgeais, est elle-même Coach Handfit issue de la première promotion.
Auprès de quels publics les séances de Handfit sont-elles dispensées ?
La majorité le pratique en club et ils ont entre 30 et 65 ans, et à 90%, ce sont des femmes. Le Handfit se développe facilement en parallèle des séances BabyHand. C’est la porte d’entrée la plus simple. Les enfants font du BabyHand et les parents, les grands-parents, du Handfit. La limite se trouve dans les créneaux et l’espace disponible même si le Handfit n’a besoin que d’un tiers de terrain de Handball, d’un espace extérieur quand il fait beau ou même d’une salle de réunion. Mais, dans ce cas, il faut faire attention aux vitres et à la hauteur du plafond (pour les passes… il y a toujours un lien avec le handball et donc des ballons).
Quels sont les exemples les plus remarquables et quels sont les axes de développement ?
Sur le territoire de Paca, deux clubs proposent une pratique dans les quartiers pour des femmes isolées. Un club et un comité interviennent dans des maisons de retraite. La saison prochaine nous aurons un club de plus en maison de retraite. La pratique en entreprise est aussi en cours de développement mais le potentiel est tellement grand qu’il faudrait un emploi à plein temps (c’est d’ailleurs le cas de Lucas Fratti de Plan-de-Cuques qui a pérennisé son poste avec le Handfit). Le Handfit sur prescription médicale est en cours de développement. Les prescripteurs ne sont pas encore assez informés de l’existence de la pratique mais aussi des modalités de prescription de manière générale. Un autre axe de développement est le partenariat avec les Maisons Sport Santé. Depuis que la formation Coach Handfit Sport Santé a été proposée en septembre 2021, nous avons 3 Coachs, 3 clubs en PACA qui œuvrent dans ce sens.
Quelles sont tes missions nationales avec la FFHandball ?
Je suis formatrice de formateur sur toutes les pratiques et plus particulièrement les pratiques socio-éducatives et sociétales. Je fais aussi partie du groupe de formateurs qui travaille sur l’architecture des métiers de la formation. Depuis septembre dernier je suis formatrice sur le coach Handfit sport santé, sport désormais sur prescription médicale Enfin, je fais partie du groupe national du service aux clubs avec Marie-Albert Duffait et Stéphanie Nicol. je travaille sur la refonte du Label École de Hand et la digitalisation, en lien avec les clubs pilotes.
Outre le handball à 7, d’autres pratiques disposent d’événements tels que la Coupe de France de Beach handball, les Rencontres Nationales du Handensemble et autrefois les grands stages pour le mini-hand. Existe-t-il un projet pour mettre plus en avant encore le Handfit ?
J’imagine un séminaire national, à l’occasion des J.O. de Paris 2024, où on inviterait tous les coachs Handfit, les prescripteurs des commissions médicales (médecins et kinésithérapeutes), et des pratiquants afin de réaliser des ateliers, d’échanger sur la pratique, son évolution et sa transformation. J’aimerais aussi que l’on bénéficie d’un article de presse dans un magazine santé pour faire découvrir la pratique.
Lorsque vous dispensez une séance de Handfit dans des établissements de santé ou en entreprises, les participants font-ils le lien avec les performances de l’équipe de France ?
C’est notre plus belle carte de visite, car la FFHandball a l’image d’une fédération bien construite. En même temps, parfois, cela peut effrayer un certain public sur le thème « j’ai un peu peur de jouer car c’est un sport de contact et je n’aimais pas trop à l’école. »
Propos recueillis par Hubert Guériau