L’Assemblée générale de la FFHandball s’est achevée samedi soir à Pau. Philippe Bana revient sur les temps forts de cette première A.G. vécue en présentiel depuis son élection et où la densité des sujets, parfois empreints d’émotion, ont rythmé ces deux jours de travaux.

Quel sentiment t’anime à l’issue de cette 95e A.G. ?
J’ai ressenti beaucoup d’émotion avec des moments interpersonnels extrêmement forts. Tant que tu n’as pas retrouvé cette assemblée, tu ne mesures pas totalement la dimension du contact humain, du lien qui sublime les dirigeants du handball français. Celui qui les fait fabriquer tout ce qu’ils réalisent depuis des années.

La disparition de Michel Barbot, vendredi matin, a jeté un voile de nostalgie sur cette Assemblée générale…
Ce lien n’est pas terni par le décès de Michel, il est sublimé. C’est à la fois une tristesse immense et un partage d’émotion que l’on a vécu ensemble avec cette disparition qui, à la fois, nous pourfend et nous fait avancer vers l’avenir en pensant à lui, lui le mentor de la fédération de handball, lui la culture, lui l’âme de ce sport.

Au-delà de l’hommage qui lui a été rendu à Pau par tous ses amis, sa mémoire sera honorée dans le temps…
Nous avons décidé que désormais le challenge des intercomités s’appellera le challenge Michel Barbot parce que c’était sa création, son bébé, la chose à laquelle il tenait le plus. Il me téléphonait encore la semaine passée pour la prochaine organisation des intercomités masculins dans la ligue du centre – Val-de-Loire. S’il y a quelqu’un qui colle à l’identité de cette épreuve, c’est bien Michel.

L’annonce de l’arrivée de Decathlon auprès de la FFHandball, marque-t-elle un tournant dans le service aux clubs ?
C’est une vraie révolution pour le service aux clubs, aux licenciés et aux territoires. La mise à disposition de la puissance d’une grande entreprise française, au service de la plus grande proximité et la capacité à générer un soutien et des offres. La boutique officielle fédérale se transforme ainsi en une gigantesque usine de mise à disposition de services. Quand on connaît la puissance de cette entreprise, on peut dire merci à Bertrand Gille et à Philippe Schaaf, ce duo formidable d’anciens champions qui crée cette espèce de pont entre une grande entreprise et une grande fédération. Selon moi, c’est une véritable révolution pour les clubs et les licenciés.

En quoi l’intégration de la D2F à la LFH va-t-elle renforcer la ligue féminine, comme l’un des produits phares de la FFHandball ?
Aujourd’hui, encore une fois, cette idée de parité, nous allons la conduire jusqu’au bout, avec une ligue féminine et une ligue masculine qui étaient présentes avec les deux lumières que sont Nodjialem Myaro et Bruno Martini. C’est une façon de tirer vers le haut ce handball féminin et de cette D2F que l’on avait accompagnée pendant la pandémie et qui avait surnagé au travers de cette dérogation de l’État lui permettant de continuer à jouer. C’est une vision à long terme avec une ligue féminine à maturité. C’est un tremplin vers l’avenir que porte Nodjialem Myaro avec tous les présidents de clubs.

En quoi le vote à l’unanimité de Bruno Martini en tant que membre du Conseil d’Administration de la fédération est-il symbolique du lien renforcé avec la LNH ?
Franchement, depuis l’arrivée de Bruno, on a l’impression d’être vraiment dans une famille qui se retrouve et qui se dit tous les matins : « qu’allons-nous faire ensemble ? » Avec Bruno, on se rencontre tous les mois. Il possède cette fibre miramassienne historique de l’association, d’un monde où le club professionnel et le club amateur vivent ensemble. Au-delà bien sûr de toutes ses qualités et de sa vision pour le handball masculin, il existe un lien affectif personnel. Avec Bruno, on se connaît depuis près d’un demi-siècle, alors se retrouver à ce moment-là, entre président de fédération et président de ligue professionnelle, après avoir traversé de nombreux chemins ensemble, cela me touche beaucoup.

Quels sont les éléments à retenir du débat portant sur la professionnalisation des dirigeants sportifs en application du code du sport ?
C’est un débat démocratique tel que l’État l’a envisagé, et c’est surtout la capacité à être libre dans les propos. Cela pose la question de qui seront les dirigeants qui tiendront le handball demain, à la fois ceux des comités et des ligues, de la fédération, qui donnent aujourd’hui du temps et de leur âme, en marge de leur famille, pour piloter cette chose. Cela ouvre le débat sur les responsabilités de tous ces acteurs. La réponse est sûrement singulière, à trouver sur le temps, territoire par territoire, en fonction des besoins. Je vois aujourd’hui des jeunes dirigeants dans les territoires qui ne peuvent pas être autant disponibles alors qu’ils possèdent la compétence. Nous avons toujours autant besoin d’élus bénévoles, de retraités aussi, de toutes les forces vives pour diriger les PME que sont aujourd’hui nos structures dans les territoires. Je regarde aussi nos quadras, ces anciens internationaux qui vont nous remplacer ; ils ont besoin de disponibilités pas juste pour être rémunérés, mais pour bien exercer leurs compétences au service du handball.

Pourquoi la Maison du handball connaît-elle déjà une extension et un nouveau bail emphytéotique ?
Un espace supplémentaire qui jouxte la Maison du handball va en effet nous permettre de construire deux terrains de Hand à 4 et un terrain de Beach handball, avec le concours d’adidas et de la BPCE ainsi que d’autres contributeurs. Ces playgrounds et ce terrain de Beach, qui permettra aux équipes de France de s’entraîner, se situera sur la droite de l’entrée de la Maison du handball. Ils seront aussi accessibles au public des collectivités locales et aux écoles. Ce sera un nouveau lieu de partage qui donnera une coloration supplémentaire à la Maison du handball et permettra de pratiquer tous les handballs.

La prochaine A.G. se déroulera à Maison du handball en 2023. Aucun territoire n’avait posé sa candidature ou bien s’agit-il d’un choix budgétaire ?
C’est la résultante, après deux années de pandémie, qui nous conduit à organiser la prochaine A.G. à la Maison du handball. Elle nous offre la capacité de mieux réguler nos budgets, mais il faudra absolument retourner dans les territoires car nous avons vécu deux jours merveilleux à Pau. Bravo à Didier Bizord et à toute son équipe de bénévoles qui ont remis le lien entre les dirigeants des territoires et fédéraux, et permis un vrai redémarrage du handball.

Propos recueillis par Hubert Guériau