L’entraîneur de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, vainqueur dimanche à Celles-sur-Belle de l’édition 2023 des Interligues féminins face au Centre-Val-de-Loire (18-14), souligne le dynamisme et l’énergie qui ont porté ses filles durant les trois jours de compétition (résultats ici).
Remporter ces Interligues de Celles-sur-Belle était-il un objectif ?
Non, l’intention était de figurer le mieux possible, mais nous ne nous sommes jamais projetés. Nous savions que le chemin était ouvert jusqu’aux demi-finales, et nous avions connaissance de l’adversité. Mais l’idée force était simplement de construire un jeu et un groupe pour être le plus performant possible.
Vous n’aviez jamais atteint un tel niveau de performance auparavant…
Non, c’était notre première finale depuis l’extension des régions. L’Auvergne avait terminé à la seconde place de la dernière édition de l’ancienne formule.
Ce résultat signifie-t-il que cette génération 2008/2007 est-elle plus prometteuse que les précédentes ?
C’est une génération très homogène, mais on ne peut pas dire qu’elle recèle des potentiels exceptionnels.
Qu’est-ce qui vous a permis, alors, de faire la différence ?
Notre énergie peut-être. Durant les quatre premiers matchs, toutes les joueuses ont joué, et nous n’avons resserré le groupe que sur la finale. Je pense que nous sommes la seule équipe à avoir fait tourner autant. Notre équipe est très mobile, elle a une forte capacité à courir, et le physique est primordial. Notre densité défensive est également un atout premier.
En finale, même bousculées d’entrée de jeu, vos filles ne sont jamais affolées…
Alors que c’était leur première compétition d’un tel niveau, la première fois qu’elles jouaient devant autant de monde, avec autant de bruit. La première fois qu’elles enchaînaient les matchs à cette cadence. Mais elles n’ont pas été rattrapées par le stress, c’est vrai.
Gagner les Interligues à 15 ans donne un surcroit de motivation, de confiance pour la suite d’une carrière ?
Oui, très clairement. Une telle compétition met en lumière des habiletés que certaines pensaient ne pas posséder et, d’une manière générale, toutes les filles ont haussé leur niveau de jeu. La plupart joue en U17, mais elles ont réussi des choses qui se rapprochent d’un niveau correct adulte.
Vous disiez qu’aucune de vos joueuses n’était identifiée comme potentiel
Non, il n’y a aucune évidence dans ce groupe. Simplement des filles qui souhaitent aller vers le meilleur niveau possible. Après, certains chemins sont plus alambiqués que les autres et permettent de révéler des potentiels. Parce qu’il faut quand même souligner qu’elles disposent de ressources mentales assez fortes, qu’elles font preuve d’une grande discipline dans le projet de jeu, et qu’elles ont une rigueur tactique intéressante pour leur âge. Et toutes ces caractéristiques sont importantes à haut niveau.
Comment sélectionne-t-on 16 joueuses au sein d’une Ligue aussi étendue ?
On s’appuie sur nos trois sites d’accession de Clermont, Chambéry et Lyon pour bien mailler la région. Nous avons quatre regroupements dans l’année, et quelques opérations de détection pour agrémenter le groupe. Parmi les seize joueuses, il n’y avait qu’une seule fille hors structure. Par rapport aux ligues plus petites, nous nous entraînons très peu. Nous avons deux stages de deux jours en octobre et à Noël, et un autre de trois jours en février qui nous permet de resserrer le groupe. Avec les différents staffs, nous proposons évidemment des trames communes pour que les filles ne soient pas perdues.

À Celles-sur-Belle, elles semblaient avoir une belle connivence…
Elles se connaissent et connaissent le fonctionnement. On essaie de poser un cadre le plus strict possible avec un déroulé de journée qui les sécurise. Elles sont ainsi dans un contexte de compétition de bon niveau, avec des journées assez équilibrées et un projet auquel elles adhèrent.
Certaines vont-elles participer au stage national U16 du mois de mai ?
Je ne sais pas.
Quel est votre cheminement d’entraîneur ?
J’ai d’abord été entraîneur de club dans le Cantal, à Murat et Saint-Flour, puis dans les structures de renouvellement de l’élite depuis leur création en 1995. Je suis à la Ligue depuis 2004 pour faire de la formation de jeunes filles et de cadres. J’ai aussi connu une expérience avec France jeune aux côtés de Laurent Puigségur et DE Myriame Said-Mohamed. Et je suis responsable du Pôle à Clermont depuis six ans.
Avec très peu de recul, comment analysez-vous ce succès de Celles-sur-Belle ?
Nous avons tiré le meilleur de notre potentiel et montré notre meilleur visage au bon moment. Une dynamique s’est créée, et nous l’avons entretenue au long des trois journées de compétition. Ce succès est le fruit d’une construction collective, et le signe de l’efficacité de notre Projet de Performance Fédéral.
Que représente-t-il pour la Ligue ?
Il valide tout notre travail. Nous traversons un moment pas forcément simple avec pas mal de doutes, la relégation du club de Bourg-de-Péage, et ce succès met un peu de baume au cœur, apporte du dynamisme pour re-réfléchir aux moyens d’optimiser notre fonctionnement sur le territoire. On doit faire mieux. Ce qui est arrivé à Bourg-de-Péage pose des questions sur toute notre organisation.
Propos recueillis par Philippe Pailhoriès