Dans le cadre du séminaire des référent.e.s féminisation organisé les 19 et 20 avril à la Maison du handball, Karen Chataigner a joué son spectacle – Merci Alice ! – suivi d’un temps échanges. Une initiative originale qui invite à découvrir la comédienne sollicitée par Nodjialem Myaro et Béatrice Barbusse.

Quel est votre lien avec le sport ? Êtes-vous pratiquante et/ou passionnée ?

J’adore regarder les matchs de foot féminin à la télévision. Je pratique le foot dans une équipe mixte. Je ne suis pas la plus forte de l’équipe mais dès qu’il y a un ballon je cours, c’est un beau moyen de me faire courir. Mon rapport avec le sport est aussi très curieux car quand je joue Alice Milliat, j’ai envie de pratiquer du sport.

Avez-vous un lien particulier avec le handball ?

J’adore regarder les matchs de handball. J’aime un peu tous les sports à regarder mais je trouve le handball d’une physicalité incroyable. Il y a une dynamique dans les matchs que j’admire, ça ne s’arrête jamais et c’est ce que j’apprécie.

Enfin, comment avez-vous été contactée pour interpréter « Merci Alice ! » à la Maison du handball ?

Nodjialem Myaro m’a contactée pour animer le séminaire de féminisation au sein de la FFHandball et j’ai immédiatement annulé mes répétitions et pris mes billets de train pour m’y rendre. Je trouve qu’il y a une forte sororité au sein de la fédération et on se rend compte dans ce genre de moment à quel point elle est essentielle. Depuis que je connais Nodjialem Myaro et Béatrice Barbusse, je ressens ce que c’est d’être solidaire et ne pas être dans la concurrence. Il y a un sentiment de famille. C’est juste une question d’envie et d’amour, c’est beau et rassurant et je trouve ça chouette que le sport créé cela.

Comment est venue l’inspiration de monter un spectacle, un « seule en scène » sur la thématique du sport ?

Je pense que monter seule sur scène c’est un peu mon envie de dire haut et fort ce qui doit, une fois pour toute, s’arrêter. J’ai eu cette ferveur d’être engagée face à un public et de l’amener dans un univers pour le faire rêver et faire réfléchir autrement. Concernant le sport, c’est plus Alice Milliat qui m’a amenée à jouer. Je suis tombée sur une photo d’Alice et j’ai eu un coup de foudre. Je suis restée scotchée face à cette femme et il s’est passé quelque chose d’un peu magique à ce moment-là.

L’histoire d’Alice Milliat est aujourd’hui évoquée dans les médias mais cette notoriété est récente : comment avez-vous été inspirée par son histoire, ses valeurs, son combat ?

Pour moi, il est temps qu’on entende parler des femmes qui ont changé la place des femmes, car c’est l’histoire qui nourrit les clichés et la vérité. Cette dernière est souvent écrite par les hommes et par ceux qui gagnent. Donc il est temps que les personnes qui ont été rabaissées ou retenues aient une place pour montrer que ce n’est pas qu’une question de gagner, pour une histoire et qu’on puisse être amener à réfléchir avec d’autres cerveaux. L’humanité telle qu’elle est bloquée. Quand on pourra réfléchir avec un cerveau d’homme, un cerveau de femme, un cerveau intersexe et un cerveau transgenre, là on pourrait avancer. Actuellement, je ne pense pas qu’elle puisse vraiment changer. Et le combat est induit par ces rapports de domination.

Joueur un spectacle à la Maison du handball, c’est atypique. Appréciez-vous de jouer dans un univers différent d’un théâtre ?

C’est quelque chose que j’adore. Tant que j’ai un bon micro et mon décor, que techniquement ce soit au point, je peux jouer partout. J’adore les salles de spectacle parce que c’est le saint-Graal mais quand je joue dans les entreprises, dans les fédérations, dans les organisations, c’est ce qu’il se passe pendant qui m’intéresse. Sur cette session (à la Fédération française de handball), il y avait une écoute presque absorbante. Je n’en voyais presque pas les réactions tellement il y avait de l’écoute et c’est intéressant à jouer aussi. Il y a autre chose qui se passe.

Je pense qu’Alice Milliat est partout. Il y a une certaine résonnance avec ma vie, elle allait partout et je pense que ce spectacle doit aller partout.

Alice Milliat apporte la contradiction à Monsieur de Coubertin : n’est-ce pas déjà une victoire (au sens du combat d’idées) que Coubertin ne soit pas cité, soit même absent de ces Jeux de Paris 2024, que Madame Milliat soit elle en revanche devenue une figure ?

Je pense que c’est un beau « pied de nez » pour Alice Milliat. Mais c’est surtout dommage que ce soit un combat d’idées encore d’actualité, qui a encore lieu d’être. Quand j’écoutais le discours d’entrée de Béatrice Barbusse et de Nodjialem Myaro, je me suis dit que rien n’a changé depuis toutes ces années et c’est fatiguant de se battre.

« Un esprit sain dans un corps sain » qu’est-ce que ça fait résonner en vous ?

L’air de rien, jouer (une pièce) c’est très physique. Je pratique du sport pour ça, je mange sainement, je ne bois pratiquement pas, je ne fume pas parce que je joue et ça nécessite un esprit sain dans un corps sain. Je me rends compte qu’il y a un rapport très spirituel dans un corps sain et dans un esprit sain. Je pense que si on veut vraiment être connecté à un jeu sincère, qui est dans les tripes et dans le ressenti, il faut le mode de vie adéquat et ça passe par le sport.

A l’approche des Jeux olympiques, serez-vous supportrice des équipes de France, en particulier de l’équipe de France féminine ?

Évidemment. Il y a aussi quelque chose que j’adore, ce sont les sports peu communs, que nous n’avons pas l’habitude de voir, comme le plongeon, l’escalade rapide, la natation synchronisée. J’aime me laisser surprendre par les outsiders et que ce soient par les équipes féminines ou masculines mais j’ai assez de ferveur à attendre les femmes. Il y a autre chose qui se joue cette année et j’attends ça avec impatience.

Saviez-vous que la FFHandball a été la première fédération sportive à instaurer la parité dans ses instances dirigeantes ? Que les primes de résultat sont équivalentes pour les joueuses et les joueurs, ce qui diffère parfois dans d’autres sports collectifs ?

En effet. C’est important et essentiel mais encore trop récent et surtout trop peu répandue au sein des fédérations. Je pense qu’il serait bon de récréer des moments de partage d’expériences entre fédérations pour transmettre les us et coutumes, quel programme, quel.le.s intervenant.e.s. Les fédérations gagneraient beaucoup de temps à partager leurs expériences.