Dika Mem, l’arrière droit de Barcelone, est à la fois l’un des meilleurs joueurs du monde, également l’un des plus élégants. Passionné de mode, il a dans la vie ce même sens de l’esthétique que sur un parquet, ce même goût pour la prise de risque et l’originalité.

Sous toute vraisemblance, il célèbrera à Cracovie sa 100e sélection, franchira la barre des 300 buts en Bleu et sera l’un des fers de lance de l’équipe de France. Sur le plateau de Stade 2, dimanche dernier, il a d’ailleurs rappelé ses ambitions et ses envies. À 25 ans, le meilleur joueur du Championnat d’Espagne 2022, meilleur buteur de champ des deux dernières Ligues des Champions, est plus que jamais avide de sensations fortes et ce Mondial un terrain formidable pour les éprouver une fois encore.

Dika Mem ne ressemble à personne et ses aptitudes semblent se bonifier au fil du temps et des rencontres. Il est sans doute le meilleur arrière droit au monde, l’un des meilleurs joueurs au monde parce qu’il a aussi cette humilité, ce goût prononcé du travail, une simplicité qui force le respect de ses congénères et de tous les observateurs. Son bras gauche est diabolique, sa capacité à déclencher à dix mètres, en fin de montée de balle, tir laser, une arme que peu sont en capacité d’anticiper. Il est un diable. Et ce diable peut s’habiller en Prada ou en Off-White, porter un ensemble à fleurs et un bob rose de chez Jacquemus, chausser des sneakers Dior, et même mitonner un barbecue en Gucci ! Sans évidemment oublier de piocher dans la gamme chamarrée de son équipementier. « J’aime mélanger les couleurs et les styles, sourit-il, m’ouvrir à toutes les tendances, découvrir sans cesse. »

Dika lors de la séance vidéo, la veille de France – Pologne, en ouverture du Mondial IHF 2023. (Photo FFHandball / Iconsport)

Il aime oser, comme sur un parquet, braver les interdits, se hasarder au-delà des conventions. Barcelone, eldorado créatif, inspirant et attractif, est une scène merveilleuse. Dika Mem aime plaire. Se plaire à lui plutôt qu’aux autres. « Être un homme stylé est important pour l’estime de soi », dit-il. Ses différentes allures lui permettent de s’affirmer, elles sont le reflet de ses goûts, sa personnalité. Sa génération. Avec Benoît Kounkoud, ils ont créé une chaîne Youtube, 24:11, consacrée à leur quotidien de joueur, leur lifestyle et leur goût immodéré pour la mode. « Elle est en sommeil, regrette-t-il, parce que c’est plus difficile de tourner des vidéos depuis que Benoît est en Pologne. Mais on avait envie tous les deux de partager, pas seulement notre vie de handballeur, mais nos passions, celle pour la mode en premier lieu. Montrer qui nous étions hors du terrain. »

Dika Mem a le sens de l’esthétique, là aussi comme sur le terrain. Un penchant prononcé pour les belles choses, pas seulement les vêtements, un accessoire, une montre, un chapeau, un bracelet ou une chaîne fine. « Les cheveux également, ajoute-t-il. Généralement, je les coupe au bout d’un an, un an et demi. Là, je n’ai pas envie, pas avant la fin de saison en tout cas. Mais je garde rarement la même coupe de tresse. »

Dika Mem a le sens de l’esthétique, là aussi comme sur le terrain. Un penchant prononcé pour les belles choses, pas seulement les vêtements, un accessoire, une montre, un chapeau, un bracelet ou une chaîne fine. « Les cheveux également, ajoute-t-il. Généralement, je les coupe au bout d’un an, un an et demi. Là, je n’ai pas envie, pas avant la fin de saison en tout cas. Mais je garde rarement la même coupe de tresse. »

Il s’inspire beaucoup des États-Unis d’Amérique, reste à l’affût de ce qui se passe chez les sportifs, les artistes, les acteurs. Il pioche beaucoup chez les basketteurs. « J’ai toujours été attiré par ce monde de la mode, raconte-t-il, mais je m’y suis réellement mis il y a quatre ou cinq ans. Ça a commencé avec mes grands frères, des basketteurs. J’aimais leur manière de se vêtir, celle de leurs partenaires. »

S’il accepte le terme de « branché », Dika Mem n’est surtout pas une fashion victime, capable de porter des vêtements même s’ils sont disgracieux, de les accumuler de façon obsessionnelle, ou de prendre le contre-pied d’une tendance afin de s’afficher. « Je suis même à l’opposé de ça, assure-t-il. J’aime découvrir, me forger mes propres opinions en fonction des nombreuses sources d’inspiration. »

Doit-on, néanmoins, parler d’addiction ? « Non, ce n’est pas une addiction. Je ne suis pas tous les jours fourré dans les magasins ou accroché à mon smartphone pour suivre les tendances. J’ai mes limites, même si je suis capable de me déplacer dans certains endroits pour découvrir des collections, des nouvelles pièces, ou participer à des événements de marques, des défilés. »

Explosivité, détente et précision : Dika en action. (Photo FFHandball / Iconsport)

Il peut, le matin, s’habiller en trois minutes, comme prendre dix fois plus de temps… « ça dépend de ce que je vais faire, de mon humeur, rigole-t-il. Je dois parfois réfléchir assez longtemps… »
Et comment le vestiaire accueille-t-il cette passion ? « Quelques-uns des joueurs sont dans ce même délire, répond-il, les autres se laissent parfois aller à de petites blagues, mais elles sont toujours bienveillantes. A Barcelone, si je suis par exemple habillé en rose, ou avec une veste à fleurs, certains me disent : il n’y a que toi pour porter ça. Si je t’imitais, je ressemblerais à un pantin. Toi, ça te va bien… »

Il est loin, en tout cas, le temps où il découvrait le handball avec Nestor Rodriguez à Eaubonne, « en polo et socquettes », rigole Romaric, ce copain qui l’avait convaincu de l’accompagner à un entraînement. Déjà une manière de casser les codes…

Philippe Pailhoriès