Tamara Horacek a fêté son 27ème anniversaire samedi passé, ponctuant la journée par une belle prestation lors de la victoire de l’équipe de France face à la Macédoine du Nord (24-14). La Messine a d’ailleurs été une des joueuses les plus utilisées par le sélectionneur Olivier Krumbholz lors de la rencontre. Après un parcours en bleu en dents de scie, ce championnat d’Europe pourrait être celui de l’affirmation pour celle qui compte déjà trois médailles sous le maillot bleu.

C’est un peu spécial, puisque c’est la première fois que je fêtais mon anniversaire avec l’équipe de France. D’habitude, le contexte est différent, avec une compétition en décembre. Après, j’ai quand même essayé de rester concentrée sur le match, et faire une telle entame, c’était un beau cadeau. J’ai eu un cadeau des filles aussi, mais on n’a pas fait de gâteau ou je ne sais pas quoi d’autre. J’espère qu’on pourra fêter tout ça dans deux semaines.

Si aujourd’hui, il y a des matchs où je suis peu utilisée, je prends les choses avec plus de philosophie et j’essaye d’apporter ce que je sais faire.

Il y a eu des hauts et des bas, des blessures, mais aujourd’hui, j’ai juste envie de saisir ma chance. J’ai juste envie d’être moi-même sur le terrain et d’apporter ce que je sais faire. Je ne vais pas réinventer mon jeu ni le monde non plus. C’est peut-être ma chance, mais c’est à moi de la saisir et de m’affirmer. Maintenant, je sais aussi que c’est le coach qui fait les choix et que ça ne se joue pas uniquement sur cette compétition. C’est un travail qui va au-delà de juste ces deux semaines.

Un petit peu, oui, parce que j’ai eu peu de temps de jeu et c’est compliqué de s’exprimer en cinq ou dix minutes. J’étais plus jeune à l’époque et je n’avais pas la réflexion que j’ai aujourd’hui. Je suis plus sereine, je me prends moins la tête. Je pense être plus mature aujourd’hui et plus en capacité de me gérer mentalement. Si aujourd’hui, il y a des matchs où je suis peu utilisée, je prends les choses avec plus de philosophie et j’essaye d’apporter ce que je sais faire.

Je dirais mon passage à l’étranger, où je me suis retrouvée seule, surtout en période de Covid. Je n’ai jamais pensé qu’on me donnait les choses sur un plateau, mais c’est la période où je me suis dit que de toute façon, c’était le coach qui choisissait. Et qu’il fallait que je travaille mais aussi prendre du recul. Tu as beau être à 100%, tu ne maitrises pas tout.

Je me bats encore plus. Quand tu es à l’étranger, on te considère différemment, on est venu te chercher et tu dois prouver que tu mérites ta place. Tu découvres une culture différente, dans la vie mais aussi dans le travail quotidien, et ça fait du bien. C’était un souhait pour moi, pour voir ce que ça donne mais aussi pour me challenger.

Quand tu reviens, tu as une expérience en plus, tu es un peu plus mature. J’ai senti que j’avais franchi un cap, de m’éloigner de ma famille. A l’étranger, tu te mets en danger et quand tu reviens, tout est un peu plus léger. On se rend compte qu’en France, on est bien ! On se plaint tout le temps mais en vrai, ce n’est vraiment pas si mal.

De vouloir induire en erreur l’attaque, d’analyser ce qu’elle prépare, de mettre au point des trucs à la vidéo, j’adore ça. C’est mon moteur pour aller jouer en attaque. Je préfère ça à aller marquer des buts, même si attention, si je peux les mettre je ne vais pas me priver ! Je sais que ce n’est pas très commun, mais c’est aussi mon caractère, de jouer pour les autres. En attaque, c’est pareil, mettre en situation ma coéquipière, je préfère ça, à marquer. Mais c’est mon trait de caractère, même dans la vie de tous les jours : faire plaisir aux autres, être bienveillante, c’est comme ça que je me décrirais.

C’est tout bête, mais je me lève toujours sur le banc pour encourager, j’essaye d’être positive quand ça ne va pas bien.

Je pense être un peu un leader oui, par rapport à ce que je dégage. C’est tout bête, mais je me lève toujours sur le banc pour encourager, j’essaye d’être positive quand ça ne va pas bien. Regrouper tout le monde pour parler, c’est peut-être mon naturel qui fait ça. Ce n’est pas un rôle que je joue, ce n’est pas un caractère que je me suis forgé au fil des années. J’ai toujours été comme ça, à encourager tout le monde, à dire qu’il ne faut pas baisser la tête, même si on a un coup de moins bien.

Je pense qu’un leader, c’est quelqu’un qui sait parler à son équipe, et peu importe qu’il joue cinq ou cinquante minutes. C’est ce qu’il véhicule, l’image qu’il renvoie à chaque instant, pendant les entrainements mais aussi en dehors. Ça a beaucoup à voir avec la communication, qu’elle soit verbale ou non-verbale.

Ça peut arriver, oui. On va me dire que je suis fermée au premier abord, mais pas du tout ! Elles viennent me demander des trucs de temps en temps. Tout le monde a été jeune, tout le monde est passé par ce stade-là, et c’est bien que les plus anciennes soient là pour les rassurer, leur filer un petit conseil qui parfois, n’a l’air de rien. Comment vivre sa première compétition, tout ça, ce n’est pas facile…

Les Jeux Olympiques de 2016, c’était comme un rêve…Et à la fin je me suis dit : « Tamara, u n’as pas assez profité. » Après, quand tu arrives à 20 ans, première compétition aux Jeux, c’est exceptionnel, presque irréel. On ne se rend pas compte. À la fin, je me suis dit que j’avais peut-être trop pensé au handball. Avec mes yeux d’aujourd’hui, je me dis que ça peut se comprendre, j’étais quinzième dans le groupe, j’étais entrée pour la finale. Il faut être focus sur le handball, c’est évident. Mais peut-être que j’aurais dû le prendre avec plus de légèreté et de recul, en se disant de profiter de l’instant présent.

J’essaye de profiter de chaque instant, que ce soit sur le terrain ou dans les moments calmes, avec les coéquipières, quand on regarde des vidéos ou autre.

Personnellement, ça serait une compétition où je m’épanouis, où je montre ce que je sais faire et où je me fais plaisir sur le terrain, surtout, avec mon sourire. J’aimerais continuer à progresser, à monter en puissance et encore plus m’affirmer. Et collectivement, j’aimerais bien que l’EURO soit réussi d’un point de vue défensif. Je n’invente rien l’équipe de France, c’est la défense. Je suis sûr qu’on va monter le niveau crescendo. Et je sais que si on est bon en défense, on ne devrait pas être loin de la première marche du podium.

Propos recueillis par Kevin Domas