Convoqué pour la première fois avec l’équipe de France A, le gardien de Tremblay confie son émotion et revient sur son parcours marqué par la sélection guinéenne.
Comment as-tu accueilli le coup de fil du sélectionneur ? Est-ce que ton cœur battait la chamade ?
Ben oui, très ému même, parce que je ne m’y attendais pas aussi tôt. C’est un objectif que j’avais en tête, mais je ne pensais pas que ça arriverait maintenant. J’étais vraiment content, un peu intimidé aussi, malgré mes deux mètres zéro trois. On pourrait croire que je suis un grand costaud, mais j’ai aussi mon petit côté sensible. Donc oui, j’étais très heureux, très satisfait. C’était un honneur de pouvoir échanger, même un petit moment, avec Guillaume Gille.
Cette convocation, est-ce aussi une récompense de tes performances avec Tremblay ?
Au quotidien, je travaille avec Rémi Gervelas. Ça se passe super bien. J’ai énormément appris avec lui, parce qu’il a une autre façon de voir les choses. Il a eu un style de jeu complètement différent du mien, donc on travaille énormément ensemble, et il m’a fait comprendre beaucoup de choses sur le jeu. Avec Rémi, j’ai vraiment une relation un peu comme père et fils. Comme je dis souvent, je l’aime autant que je le déteste (rires). Je rigole avec lui, je l’adore, mais parfois, il me pousse à bout. C’est une relation spéciale, mais c’est aussi grâce à lui que je performe aujourd’hui. Même si c’est moi qui suis sur le terrain, c’est lui qui me donne les clés, les repères, tout ce qu’on prépare ensemble à l’entraînement.
Comment est venu ce désir de t’engager avec l’équipe de Guinée ? Est-ce seulement lié à tes origines familiales ?
Oui, c’est une question qu’on m’a souvent posée. Mes grands-parents paternels sont Guinéens. C’était un moment de ma carrière où j’avais besoin de nouveautés. J’avais envie de participer à de grandes compétitions, et la Guinée m’a offert cette possibilité à partir de 2019. Mon objectif, c’était de qualifier le pays pour son premier Mondial. Et on a réussi à disputer l’édition 2025. J’ai fait toute la filière avec les équipes de France jeunes… Après, j’ai choisi de jouer pour la Guinée, mais dans ma tête, je savais que je voulais rejouer un jour pour la France. J’avais juste besoin de m’exprimer différemment, et la Guinée m’a permis de le faire. J’ai pu découvrir des compétitions comme la CAN. Ça m’a fait grandir, mûrir aussi.
Après ça, en discutant avec Rémi et ma famille, je me suis dit qu’il fallait viser encore plus haut. L’équipe de France me trottait dans la tête depuis un moment, alors j’ai décidé de me concentrer sur mon club et, peut-être, d’intégrer les Bleus. Je ne m’attendais pas à ce que ça arrive aussi vite, donc je suis vraiment fier et heureux d’avoir été convoqué.
Tu as porté le maillot de la Guinée en compétition officielle, donc tu ne peux pas rejouer tout de suite avec la France. Tu dois attendre trois ans, c’est ça ?
Oui je ne pourrai pas disputer de compétitions officielles, en revanche ce serait possible sur les matchs amicaux.
Donc il va falloir être patient. C’est un long bail, quand même…
Oui, c’est sûr qu’il y a un peu de frustration. Je ne me mets pas de pression. J’aimerais bien porter ce maillot sur les grandes compétitions. Mais c’est aussi une période où je vais pouvoir bosser. J’aime bien travailler dans l’ombre. Je vais me concentrer sur mon club, continuer à progresser. Je suis quelqu’un de patient. D’autres l’ont déjà fait avant moi – Hadadou Sako -, par exemple. Donc pourquoi pas moi ?