Cinq joueuses afghanes, dont quatre accompagnées de leur mari, et un enfant, ont été accueillies dimanche soir à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle par Béatrice Barbusse, vice-présidente déléguée de la FFHandball. Elles seront hébergées à la Maison du Handball jusqu’au terme de l’année 2022 avant d’être accueillies à la Maison de l’Amitié à Stains, en Seine-Saint-Denis. Elles se sont réfugiées au Pakistan après avoir fui le régime des talibans, dans l’attente d’un visa asile pour la France qui leur a été délivré la semaine dernière.
Une issue inespérée et heureuse, suite à la bonne volonté des acteurs impliqués
Isolées, vulnérables, elles vivaient jusqu’à présent dans une grande précarité, l’anxiété permanente, et ce rapatriement, rendu possible grâce à la mobilisation des instances de la Fédération et notamment de la Fondation Hand’Solidaire, leur offre enfin la sécurité et un nouvel espoir.
Emmanuel Macron, dès le 16 août 2021, avait promis l’aide de la France à celles et ceux parmi les plus menacés.
Dès le 21 octobre, jour de la saisine d’Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des JOP par le Président de la FFhandball, le ministère des sports et des JOP s’est mobilisé aux côtés de la FFHandball , tant après du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour faire accélérer le traitement des dossiers de demande de visas, qu’auprès du ministère de l’intérieur et des outre-mer pour signaler la grande vulnérabilité de la situation des sportives afghanes, notamment du fait de leur condition de femmes, et l’importance de les soutenir au nom des valeurs d’inclusion du sport. Le MEAE et le MIOM ont tout de suite été convaincus de l’urgence de la situation et se sont efforcés d’accélérer les procédures de traitement qui sont souvent assez longues.
C’est ainsi que Gérald Darmanin déjà fortement sensibilisé par le MSJOP, a donné son accord à la délivrance des visas asile des handballeuses afghanes devant le Parlement le 15 novembre dernier, suite à la question de la députée communiste Soumya Bourouaha.

Alors que de nombreuses équipes sportives féminines afghanes étaient parvenues à fuir le pays dans les semaines qui ont suivi la prise de pouvoir des talibans, en août 2021, les handballeuses, elles, n’étaient pas toutes parvenues à s’échapper à temps. La capitaine, Soraya Karimi, et six de ses coéquipières avaient eu la chance d’obtenir un visa et de trouver refuge en France et en Europe. Ces cinq joueuses supplémentaires vont pouvoir bénéficier à leur tour de demandes d’asile.
Au total, sur 14 demandes, 13 se sont vues délivrer l’asile et la 14ème est en cours de traitement, en bonne voie. C’est un résultat inespéré au vu des nombreuses demandes qui ne peuvent malheureusement pas toutes être satisfaites. Cette issue heureuse n’aurait pu intervenir sans la convergence des bonnes volontés, tant côté Etat que du côté des associations ou encore du Parlement.
Il est urgent d’agir
Depuis de nombreuses années, la FFHandball est engagée dans la performance sociale. Hand’Solidaire, la fondation de la FFHandball, matérialise cet engagement autour de différentes thématiques comme le handball pour toutes et tous, l’écocitoyenneté, la santé, la jeunesse, l’insertion et l’emploi. Et évidemment la solidarité internationale avec son implication auprès de l’association MESAD France pour le développement de la discipline en Côte d’Ivoire, et du club Pays d’Aix Université Club dont le projet au Sénégal a pour vocation de jouer un rôle majeur en termes d’éducation scolaire et citoyenne, de formation professionnelle et de cohésion sociale. Cette intervention auprès des joueuses afghanes éclaire parfaitement l’une de ses devises : « il est urgent d’agir ».
Marie-George Buffet, présidente du Comité exécutif de Hand’Solidaire
« Franchement, ça a été une très longue bataille. Je suis intervenue auprès du ministère de l’Europe et des Affaire étrangères et du ministère de l’Intérieur,.
Le ministère des sports et des JOP a été en soutien, en relais de nos demandes, depuis le début. Philippe Bana, le président de la FFHandball s’est lui aussi énormément impliqué auprès des services de l’Élysée. La situation au Pakistan est extrêmement difficile, l’ambassade en surcharge de demandes de visas, et les actions conjuguées ont demandé du temps, beaucoup de temps. Hand’Solidaire a aidé ces joueuses financièrement, elle les a soutenues, aussi, tout au long des démarches. Elles sont, depuis de nombreuses semaines, dans une très grande fragilité et ce soutien de la Fondation était un espoir auquel elles se sont accrochées.
Elles vont maintenant bénéficier d’un suivi indispensable à leur adaptation. C’est difficile pour tout le monde parce qu’elles ne pratiquent pas notre langue, et que nous ne connaissons pas leurs besoins. D’ici quelques jours, elles auront envie de raconter, dire des choses, et nous pourrons alors essayer de trouver des solutions pérennes pour chaque couple. Des élus, des associations de la Seine-Saint-Denis sont mobilisés pour leur venir en aide. »
Béatrice Barbusse, vice-présidente déléguée de FFHandball
« La rencontre, dimanche soir, était un moment bizarre, une émotion très particulière, humainement compliquée. Ils étaient tous épuisés par douze heures de voyage et ces nouvelles perspectives qui s’ouvrent à eux. Je lisais dans leurs yeux cette fatigue et toutes ces interrogations. Il n’y a pas eu de démonstration particulière, d’autant que deux joueuses n’ont pas pu les accompagner et qu’il y avait donc ce regret et la crainte liée à leur position. Ils nous ont dit qu’ils ont beaucoup souffert. Bassir, un ami afghan qui était venu dans des conditions plus compliquées encore il y a vingt ans, m’a aidée à nouer le contact. Il m’a éclairée sur la manière de réagir, les limites nécessaires à mettre. Un autre chemin commence pour eux aujourd’hui. Lundi matin, j’ai reçu un texto pour me demander s’ils pouvaient sortir de la Maison du Handball. Cette demande m’a vraiment surprise comme s’il n’était pas naturel de sortir libre. »
Service communication de la FFHandball.