À 53 ans, le CTS de la Ligue Aura est un passionné d’Afrique et de formation. En juillet dernier, il a retrouvé ses frères d’Abidjan, et multiplié les interventions, dans les quartiers, à l’Institut des Sports ou au Ministère. Avec toujours cette même bienveillance, ce souci permanent de transmettre son expérience.

Ici, c’est N’Da Gnaore. Ou alors « Plan Z » pour son côté cartésien, cette tendance à tout anticiper, tout consigner. Gilles Malfondet est le plus Ivoirien des techniciens de France. N’Da, en langue baoulé, signifie jumeau, une référence à sa connivence avec Philippe Koné, un fidèle du jeu à sept avec lequel il a notamment dirigé l’équipe nationale à la Coupe d’Afrique des Nations féminine de 2016 en Angola.

Depuis, le CTS de la Ligue AURA a sillonné la Côte d’Ivoire à dix ou onze reprises « je ne sais plus exactement », pour former des entraîneurs et partager son expertise avec cette bienveillance contagieuse. « J’ai à nouveau dirigé l’équipe nationale à la CAN de 2018 au Congo Brazzaville avec Alimata Dosso, puis j’ai figuré dans le staff des garçons à la CAN de Tunis en 2020, énumère-t-il. En tant que Traveller Coach, j’ai également participé à de nombreuses formations au pays. »

CTR de l’ex-Ligue du Lyonnais à partir de 1996, Gilles Malfondet a dirigé le Pôle Espoir de Lyon pendant vingt ans, avant d’intégrer la DTN avec des missions de relation internationale auprès de la FFHB comme de l’IHF. Lecteur IHF, Traveller Coach, membre de la cellule Formation Insertion Reconversion (FIR), il est un touche-à-tout insatiable, jamais aussi heureux que lorsqu’il pose pied sur la berge du Golfe de Guinée. « J’ai toujours été très bien accueilli, justifie-t-il, mais je suis surtout très sensible à la gentillesse des gens avec lesquels je partage mes différentes aventures. Je connais bien l’hymne ivoirien qui parle d’une terre d’hospitalité, et je peux vous assurer qu’il ne s’agit pas d’un cliché. »

À Port-Bouët, Gilles Malfondet partage son expérience avec les entraîneurs de « Handball Pour Tous ».. (Photo FFHandball / J.Schlosser).

Si l’homme est attaché à « cette chaleur humaine », le technicien, lui, est attiré par « un potentiel hors du commun, chez les joueurs comme chez les cadres, alors que d’autres pays d’Afrique peinent à isoler les profils intéressants. Le handball ivoirien, lui, est plein de ressources qui ne demandent qu’à être mieux exploitées. »

Passionné jusqu’à l’excès, très investi dans chacune des missions qui lui sont confiées, perfectionniste immodéré, Gilles Malfondet a sans doute appris à se canaliser en Côte d’Ivoire, et c’est pourquoi chacun de ses séjours le ramène à un essentiel qu’il a peut-être eu parfois tendance à négliger.

Auprès de l’équipe « Handball pour Tous », qui intervient dans les quartiers précaires afin d’initier les plus démunis à la pratique du handball, il retrouve ainsi ce sentiment étrange et doux, comme à la source d’un métier qui construit des citoyens, suscite des vocations, arrache les sourires. « Je suis issu de faubourgs difficiles de la banlieue lyonnaise, explique-t-il, Rillieux-la-Pape ou Vénissieux, et je me retrouve forcément dans ces actions tellement essentielles. J’ai toujours pensé que celui qui peut le plus peut le moins. Etre capable d’enfiler le bleu de chauffe et avoir la modestie d’aider les plus défavorisés est un préalable auquel je ne dérogerai jamais. »

Pendant son séjour, Gilles Malfondet a bien sûr déjà partagé du temps avec son jumeau ivoirien. Il aurait aimé croiser la route de Makoura Diomande, qu’il avait sélectionnée en 2016 alors qu’elle n’était qu’une frêle cadette. Ce sera pour un prochain voyage. « Makou » est aujourd’hui professeur de sport à l’Institut National de la Jeunesse et des Sports. Elle est sortie major de chacune de ses promotions, « elle est surtout la fille que je n’ai jamais eue, murmure N’Da Gnaore. Pour moi, en tout cas, elle incarne tout le potentiel dont regorge cette belle terre ivoirienne. »

Philippe Pailhories

« La Côte d’Ivoire, rappelle-t-il souvent, regorge de talents incroyables qui ne demandent qu’à être encadrés. ». (Photo FFHandball / J.Schlosser).

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