Réélu le 8 janvier dernier à la tête de la Fédération Ivoirienne (FIHB), le médecin-colonel Aboubacar Karaboué est déterminé à redonner au handball de Côte d’Ivoire son lustre d’antan.
Pourquoi s’être rapproché de la Fédération française l’été dernier ?
Déjà, en termes d’excellence, c’est difficile de trouver mieux que la France. Et pas seulement au niveau des résultats, mais plutôt de la structuration, du dynamisme. Nous, nous avons besoin de structuration, et l’expertise de la FFHandball peut nous aider en ce sens.
Des liens unissent depuis longtemps vos deux Fédérations…
Il faut savoir que l’histoire du handball ivoirien est étroitement, intimement liée à celle du handball français. La Côte d’Ivoire est une ancienne colonie française, et lorsque l’on parle du handball en Côte d’Ivoire, il y a un nom qui revient souvent, celui de Michel Baldino qui a œuvré à Bouaké pour offrir à notre pays ses premiers résultats dans les années 1980 et lui permettre de régner un temps sur le continent africain. La coopération française a également été un instrument fondamental puisqu’elle a favorisé à cette époque notre formation et les techniques de préparation.
La convention que vous avez signée avec la FFHandball peut-elle permettre au handball ivoirien de retrouver ses lettres de noblesse ?
Nous l’espérons, nous allons travailler en ce sens, comme la Fédération française l’a fait au fil des ans. On peut avoir le soutien d’experts, un soutien matériel, si l’on ne travaille pas, on ne peut pas obtenir de résultats.
Que manque-t-il concrètement au handball ivoirien ?
Si nous n’arrivons pas à faire prendre conscience à tous ceux qui font notre handball qu’ils doivent avancer unis, nous n’y arriverons pas. Le partenariat est une étape, l’implication totale de tout le monde est maintenant indispensable.
L’harmonie qui se dégage du handball français vous inspire-t-elle ?
Tout à fait. Au-delà de l’harmonie, il y a la structuration que nous envions plus que tout. Elle nous permettra de survivre aux tempêtes et peut-être de trouver cette harmonie.

Existe-t-il d’autres Karl Konan dans le handball ivoirien ?
Je pense que Karl lui-même connaît la réponse tant notre handball regorge de talents. Nous avons des athlètes avec des dons naturels, un talent que nous ne sommes malheureusement pas en mesure d’encadrer comme il le faudrait. Il suffit maintenant de passer un cap. D’avoir des formateurs pour permettre à nos athlètes de développer leurs capacités.
Que vous inspire la réussite de Karl ?
Karl était un gamin qui supplantait certes ses camarades par son talent, son physique, mais surtout par son intelligence. Vous avez découvert l’athlète qu’il est, vous ne savez peut-être pas qu’il a été major de chacune de ses promotions à l’Ecole Militaire Préparatoire Technique de Bingerville, une école d’élite. Et puis, il a eu la chance d’être bien encadré, bien accompagné.
Jouer en France peut-il être un avantage ?
Des joueuses comme Paula Gondo, Elodie Mambo, Alimata Dosso, Céline Dongo ont fait le bonheur de clubs français et de notre sélection nationale. Alors pourquoi pas…
Chez les garçons, outre Daouda Karaboué et Karl Konan, ils ne sont pas aussi influents…
Alors que pourtant le handball masculin est en train de prendre le dessus sur le handball féminin. L’implication des clubs est nouvelle et rafraichissante avec des matches à haute intensité. Le Red Star, la Renaissance Don Bosco ont placé la barre assez haut, et on devrait très vite en tirer les bénéfices.
Quelle est maintenant la prochaine étape ?
Nous avons un projet avec l’équipe féminine qui va participer à la Coupe d’Afrique des Nations en novembre. L’idée est de bien se préparer pour envisager une qualification aux Championnats du monde. Nous avons besoin de résultats, de visibilité pour asseoir notre projet.
Philippe Pailhories