Marie-Pierre Maillet est joueuse et entraîneure de la section HandEnsemble du Haillan Handball. Lauréate du Trophée des clubs la saison dernière, elle est revenue pour la semaine Sport Féminin Toujours sur son parcours et la place du HandEnsemble dans sa vie et celle des licenciés.

Pourquoi avoir décidé d’ouvrir une section HandEnsemble dans votre club ?
J’ai trois enfants qui sont handballeurs, pour ma part je n’étais pas du tout portée vers le handball mais j’accompagnais mes enfants lorsqu’ils avaient des matchs ou des entraînements. En 2017, j’ai été amputée de ma jambe droite et lorsque je suis sortie de ma rééducation et que j’ai eu ma prothèse, j’ai repris mes activités avec mon fils en l’accompagnant de nouveau à ses matchs. Je me suis demandé quelle était la place des handicapés dans la pratique du handball et je me suis rendu compte qu’au sein du club, les personnes en situation d’handicap ne pouvaient pas faire de sport. J’ai posé la question à la présidente du club et on a regardé les clubs qui avaient une section HandEnsemble et il se trouve qu’un club dans une ville à proximité proposait cette pratique. J’ai donc essayé le HandFauteuil, j’ai fait quelques entraînements et j’étais vraiment motivée ! Pas forcément par le fait de jouer au handball mais de jouer avec des personnes qui étaient valides et non-valides avec des âges très différents, c’était vraiment très intéressant. J’ai donc décidé de continuer jusqu’à ce que le coach et le président de ce club me proposent de développer cette activité. On a donc décidé d’ouvrir une section HandEnsemble au sein du club.

Quelles sont les actions que vous mettez en place pour sensibiliser le grand public à la pratique du HandEnsemble ?
Cette année, nous avons orienté nos efforts vers la sensibilisation. On intervient beaucoup dans les écoles maternelles, primaires et dans les collèges. La sensibilisation ce n’est pas que mettre un enfant dans un fauteuil, la priorité c’est d’avoir un échange avec ces jeunes : pourquoi on joue au hand dans un fauteuil ? Je leur explique que c’est vraiment de la reconstruction après un accident, après une maladie et que l’on ne peut plus jouer debout.

Est-ce que vous pratiquiez le handball avant votre accident ?
Je l’ai pratiqué toute jeune et puis je l’ai redécouvert par l’intermédiaire de mes enfants.

Qu’est-ce que la section HandEnsemble du club apporte à vos licenciés ?
Je ne vais pas répondre à leur place mais je sais que ça leur apporte beaucoup de plaisir, de partage notamment quand ils rencontrent d’autres équipes, d’autres joueurs, il y a beaucoup d’échanges. Et il y a toujours une petite part de compétition pendant les rencontres, même si c’est de la pratique loisir, qui plait énormément aux licenciés. Ils apprécient aussi de montrer le sport autrement et changer le regard face au handicap à travers la sensibilisation.

En ce qui vous concerne ?
Pour moi, le HandFauteuil m’a apporté beaucoup de choses : de la bienveillance, du partage, de la reconstruction, du dépassement de soi, de la confiance en moi. Je connaissais les valeurs sportives mais dans cette nouvelle aventure je les ai approfondies et je les transmets.

Vous avez participé aux appels à projets de la FFHandball dont vous avez été lauréate. Pourquoi avoir candidaté à cet appel à projet et qu’est-ce que cela vous a apporté ?
J’ai dit à ma présidente qu’il y avait un appel à projet sur le HandEnsemble et qu’il fallait montrer ce qu’était réellement le HandEnsemble. Cette pratique, ce n’est pas de la compétition, c’est du loisir. Nous avons décidé d’axer le projet autour de la sensibilisation : des jeunes venaient passer un moment en temps d’échange avec des personnes handicapées mais aussi des valides qui nous accompagnent. Dans un deuxième temps, on proposait aux jeunes un temps de jeu dans un fauteuil où ils jouaient avec les licenciés de la section. Si nous avons sensibilisé la moitié de ces jeunes, ce qui est réellement le cas je pense, c’est une victoire pour nous. Un enfant qui est sensibilisé au handicap dès le plus jeune âge aura un autre regard adulte : il prêtera plus d’attention, aura une plus grande bienveillance et ça se voit déjà dans les cours d’école.

Clémence Foucher