Journaliste à Radio France, Olivia Leray est une handballeuse qui n’oublie pas sa famille sportive. Engagée pour soutenir sa discipline de cœur, elle a également fait partie du jury 2020 du concours national d’écriture « Portez Haut Les Couleurs ! » lancée par Butagaz en 2019.

Quel est ton regard par rapport à la médiatisation du sport féminin aujourd’hui ?
Je pense que l’on est sur le bon chemin mais il y en a encore à faire. On a mis les premières pierres à l’édifice en tout cas, c’est sûr. En ce qui concerne l’équipe de France féminine de handball, on sent vraiment qu’il y a une émulation autour et que plus les années passent, plus les médailles s’enchaînant, plus les gens sont derrière elle. Du coup, les médias jouent le jeu.
Je pense qu’il y a un truc qui s’est passé entre les Bleues du handball et le public. Je ne sais pas exactement à quel moment c’est arrivé, mais depuis quelques années on sent que les gens attendent de les voir. Du coup les médias en font une promotion énorme par rapport à ce qu’ils faisaient avant. Ça c’est une très bonne chose ! Avec cette histoire d’amour qui se créé entre l’équipe de France et le public. Et ça fait plaisir à voir !
J’ai commencé à regarder le handball à la télé en 2003 et je me souviens que seule la finale était diffusée à cette époque-là. On se demandait si on allait pouvoir la voir, on s’organisait pour se retrouver tous devant le même écran tellement c’était un événement. Le parcours est immense par rapport à ça. Et j’ai vraiment l’impression, plus encore aujourd’hui, que les choses sont en train de bouger.

Pourquoi est-ce important de t’impliquer et de faire partie des voix portant le sport féminin aujourd’hui ?
Toutes ces femmes-là racontent une histoire. Elles sont inspirantes et moi j’ai envie qu’on les entende. Par exemple, ce que fait Estelle, qui est à la fois sportive de haut niveau, entrepreneur, impliquée dans plein de projets mais qui va quand même à tous ses entraînements, je trouve ça tellement inspirant. Toutes ces femmes qui reviennent après avoir donné naissance et qui se battent pour retrouver leur condition physique, qui reviennent au même niveau comme si de rien n’était, ce sont de belles histoires à entendre. Et j’ai envie que les gens les écoutent et se disent que rien n’est impossible quand on s’en donne les moyens. Pour moi, c’est important de raconter que les femmes sont des héroïnes.

À quelles problématiques es-tu confrontée à travers ton poste de journaliste aujourd’hui dans cette médiatisation du sport féminin ?
C’est sûr que lorsqu’on propose un sujet, il y a toujours un petit temps de réflexion où l’on se demande si cela va intéresser, car il y a certaines histoires avec de sportives de haut niveau moins connues. Je pars du principe que c’est intéressant de les faire découvrir et qu’il faut entendre leurs histoires à elles-aussi mais dans le côté hiérarchique, on ne sait pas si cela va passer. Car c’est toujours « encore plus important » de parler du résultat de la Ligue 1 de football que du reste.
Pour faire évoluer cela, je pense que ça passe beaucoup par les réseaux sociaux. Par exemple, pour le Mondial féminin, il y a eu des gens qui ne regardaient pas de handball, qui n’en avaient peut-être même jamais entendu parler, qui y ont été poussés par une opération de communication. Ils en ont parlé sur leurs réseaux sociaux, et avec leur communauté assez importante, en un rien de temps, ils peuvent faire basculer quelqu’un à devenir fan de handball. Ça doit passer par la communauté du handball et plus largement celle du sport féminin car plus on en parle, plus on donne envie aux gens de regarder.

Quel est ton plus beau souvenir de sport féminin au niveau médiatique ?
Si on emploie le mot « battante » et « inattendue », je pense au come-back de Floria Gueï sur le 4x400m au championnat d’Europe en 2014. Les commentateurs l’avaient presque enterrée, tout le monde d’ailleurs l’avait presque enterrée, que tout le monde est à la ramasse dans l’équipe de France. Et puis, elle attrape le relai et elle fait une remontée de l’univers pour terminer à la première place. C’est pour moi ce que le sport féminin a à raconter.

Propos recueillis par Diane Prouhet