Du haut de ses treize trophées, Montpellier survole outrageusement le palmarès de la coupe de France. Une domination presque sans partage depuis plus de 20 ans où le club héraultais a seulement laissé des miettes à l’adversité. Pour le Paris Saint-Germain handball, deuxième équipe la plus performante dans cette épreuve mais avec seulement 4 titres, et 4 finales toutes perdues face aux Héraultais, l’ambition sera de vaincre aussi un complexe devant Montpellier… Une finale à suivre le samedi 15 mai à partir de 21h sur les antennes de beIN SPORTS et de la chaine l’Équipe.

Valentin Porte, le capitaine du Montpellier HB, n’a jamais remporté la coupe de France. (Photo FFHandball / Iconsport)

Une finale sèche
En raison de la crise sanitaire de la Covid-19, la formule de la coupe de France masculine a été réduite à sa plus simple expression : une finale sèche disputée entre les deux équipes en tête de la Lidl StarLigue, à l’issue de la 21e journée. Le ratio (points marqués / nombre de matches joués) a qualifié Paris et Montpellier qui se feront face, une cinquième fois en finale, dans un palais des sports de Créteil devenu l’antichambre de l’Accor Arena depuis que le huis-clos sévit dans les enceintes sportives. Si l’affiche n’est donc pas inédite, le contexte sera bien exceptionnel.

Montpellier invaincu en finale face aux Parisiens
Les affrontements entre les deux clubs phares de Lidl StarLigue ont toujours tourné à l’avantage des joueurs de Patrice Canayer qui comptent quatre succès en autant de duels. Et ces quatre victoires se décomposent en deux séries : en 2001 face à Paris Asnières et en 2008, face au Paris handball. Depuis l’arrivée de QSI aux commandes du club parisien, Montpellier a aussi mis la main sur le trophée au nez des Parisiens, en 2013 et en 2016. Placée entre les deux quarts de finale de la Ligue des champions (face aux Allemands de Kiel), cette coupe de France ne sera pas négligée par l’équipe de Raul Gonzalez : pour privilégier la Ligue des champions, le Paris Saint-Germain handball pouvait se désister mais bien évidemment il n’a pas activité cette option… qui aurait bénéficié au HBC Nantes lui aussi toujours en lice dans la plus prestigieuse compétition européenne. « Cette saison nous voulons nous emparer de tous les titres qui se présentent. Habituellement c’est une compétition à élimination directe sans droit à l’erreur, rappelle Élohim Prandi qui est bien conscient de la complexité du calendrier. D’un côté on pourrait penser que la priorité sera donnée à la Ligue des Champions car nous sommes seulement à deux matches d’un F4. Et en même temps, cette finale de la coupe de France est un match de très haut niveau qui s’inscrit dans la dynamique des quarts de finale. » Avec la coupe de France, le jeune arrière gauche parisien (22 ans) visera d’ouvrir son palmarès national. « J’ai eu la chance de disputer déjà une finale avec l’Usam Nîmes face à Paris, en 2018. Nous avions perdu mais je me souviens de la belle ambiance à Bercy. La coupe de France serait mon premier trophée au plus haut niveau français et ma motivation est intacte pour décrocher ce trophée. » Une victoire parisienne relèverait de l’exceptionnel car le MHB a concédé seulement deux défaites lors des 15 finales disputées. La première, en 1998, face aux Spacers Toulouse d’un certain Claude Onesta, avant une revanche l’année suivante qui marquera le premier des 13 titres. Et depuis ? Montpellier a perdu une seule finale : en 2017 face à Nantes. Même s’il s’agissait d’une épreuve différente, un an plus tard Montpellier prenait sa revanche sur le H dans la Lanxess Arena de Cologne pour triompher une deuxième fois en Ligue des champions.

Finaliste en 2017 avec l’Usam Nîmes, face au Paris Saint-Germain handball, Élohim Prandi visera lui aussi de mettre la main sur la coupe de France. (Photo FFHandball / Iconsport)

Valentin Porte : « à l’encontre de ma vision »
Champion d’Europe, double champion du monde, vainqueur de la Ligue des Champions et même du modeste trophée des champions, Valentin Porte n’a jamais remporté l’un des deux titres majeurs dans l’Hexagone : ni le championnat, ni la coupe. « Depuis que je suis arrivé à Montpellier, on n’a pas gagné la coupe. On a fait des bons résultats : on avait éliminé Paris et perdu en finale derrière. Une autre année, on bat Paris et on perd au tour suivant face à Chambéry. » Pour autant, le capitaine de Montpellier HB peine « à se dire que c’est une finale de coupe de France. Pour moi cela va totalement à l’encontre de la vision que je me fais d’une compétition que l’on démarre habituellement en seizièmes ou en huitièmes. On traverse un tableau en sortant plusieurs équipes pour arriver enfin en finale. Parfois on y retrouve le premier contre le deuxième du championnat, parfois ce sont d’autres équipes comme Chambéry ou Dunkerque. » Disputer un tel match dans le triste décor d’un énième huis clos ne convainc par le gaucher. « Si Bercy avait affiché complet, j’aurais compris. Mais là, jouer une nouvelle fois à huis clos, je ne comprends pas. » Les Parisiens ne devront pas s’attendre à affronter un adversaire démobilisé. « Évidemment, on va jouer cette finale à fond contre une belle équipe de Paris. C’est une superbe affiche et on fera tout pour que les gens se régalent. Cela nous permettra de nous jauger car nous avons parfois tendance à déjouer face aux grosses écuries européennes. Nous avons été sortis en coupe d’Europe par Berlin, en déjouant, sachant que trois jours avant nous avions perdu à Paris en étant dominé tout le match. Sur cette finale, j’espère que nous allons progresser dans l’état d’esprit et arrêter de nous faire marcher dessus par des équipes peut-être plus fortes sur le papier mais que nous sommes capables de battre. »

Hubert Guériau