Buteuse très prolifique en équipe de France (292 buts en 68 sélections), Mélinda Szabo met aujourd’hui son punch et sa précision au service des enfants admis en réanimation pédiatrique au CHR de Lille. Auxiliaire-puéricultrice, la championne du monde 2003 fait partie d’un collectif décisif dans la lutte contre le Covid-19.

« J’ai toujours eu un très bon feeling avec les enfants. Je crois que c’est mon autre don en plus du handball, sourit Mélinda Szabo. J’aime l’innocence des enfants et ils ne te déçoivent pas. » Un rapport intense développé pendant cinq années dans une crèche sur l’île de la Réunion. « J’ai eu l’opportunité d’obtenir une validation par acquis. J’ai préparé mon oral et je me suis présentée devant un jury. Je suis devenue ensuite auxiliaire-puéricultrice dans un hôpital à Saint-Pierre. » À l’instar de tous les hôpitaux de France et ultra-marins, le CHR de Lille s’est adapté à la pandémie du Covid-19. Le service de réanimation pédiatrique également. « Nous sommes prêts aussi à accueillir des adultes, explique Mélinda Szabo. Actuellement nous accueillons des enfants touchés par le Covid-19 ou qui sont victimes d’accidents domestiques. Les enfants sont enfermés et finissent pas prendre des risques. » Un travail d’équipe et de coordination qui n’est pas sans rappeler celui d’un collectif sportif. « À mon retour de La Réunion, lorsque j’ai postulé à l’hôpital Albert Calmette de Lille, ils ont trouvé mon parcours intéressant car chaque personne, dans un tel service, se doit de réagir rapidement à son niveau. Il y a un côté technique et même une montée d’adrénaline au moment de l’accueil du patient. » Un investissement humain important que Mélinda ne peut s’empêcher de poursuivre à domicile en confectionnant des masques et des lingettes qu’elle distribue autour d’elle, en plus des dessins, son autre passion, tous visibles ici.

Mélinda Szabo en tenue de protection et avec ses collègues de l’hôpital Calmette. (Photo DR).

Trois enfants en filière de haut niveau
Après plus de dix ans à la Réunion où elle a notamment officié comme entraîneuse du Tampon, l’ancienne arrière droite de l’équipe de France a mis le cap sur le Nord. « Après la Hongrie, mon arrivée en France puis toutes ces années à la Réunion, je ne regarde pas derrière moi et je reste philosophe. Je garde tous les bons souvenirs. » Rentrées plus tôt en Métropole, ses deux filles (Emma et Caroline Jacques) poursuivent leur formation à Metz HB tandis que son fils Wilson fait parler ses qualités athlétiques (2m11, 15 ans) sous les paniers. « Après quelques saisons de handball, il a débuté le basket en 2017. Le CTR de la Réunion l’a détecté et il l’a dirigé vers le pôle e Wattignies reconnu pour la qualité de sa formation. C’est pour cela que j’ai décidé de m’installer à proximité pour l’accompagner. Il a intégré l’Insep en début de saison. » Un parcours prodigieux qui a déjà conduit le petit dernier de la fratrie en équipe de France U15. « Je suis contente qu’il ait choisi un autre sport car parfois ce n’est pas toujours facile de porter un nom. Nous en parlons beaucoup avec Emma. Elle est gauchère, évolue au même poste et elle a une morphologie identique mais elle est plus rapide et dynamique que moi. »

Bientôt la LFH
Installée à quelques encablures de Saint-Amand-Les-Eaux, Melinda a repris le chemin de l’entrainement, d’abord auprès des jeunes pousses du club puis, depuis le début de la saison, comme adjointe de Florence Sauval en D2F. « Le handball m’a rapidement manqué et il n’y a pas meilleur moyen que le sport pour s’intégrer dans une autre région et pour connaître des gens », poursuit celle qui fut élue meilleure arrière droite de l’EHF EURO 2000. « Avec Florence nous avons pris nos marques. J’ai pris du recul sur la vie. Et comme je travaille dans un service hospitalier où l’on croise la mort, je relativise. Comme je suis une hyper active, j’ai trouvé l’équilibre entre mon travail à l’hôpital et le handball. » Le club de Saint-Amand-Les-Eaux Porte du Hainaut accède à l’élite en vertu des décisions prises le 17 avril 2020 par la LFH. « Ce sont des circonstances extérieures. Bien sûr cette option ne fait pas que des heureux. Cette année est si particulière qu’il faut la prendre avec philosophie. Même si ce sont des circonstances extérieures, nous sommes contents. C’est tout de même particulier car on apprend notre montée après la réception d’un message. C’est excitant mais on n’aura pas fait la fête, confie l’ancienne internationale qui ne manque rien du parcours des Bleues. Les résultats de l’équipe de France sont très importants pour attirer de nouvelles licenciées. Lorsque les filles étaient sur le podium, j’éprouvais de la nostalgie et je me suis demandé ce que je pensais à ce moment-là, en 2003. »

HGu