Après 6 matchs tous maîtrisés, l’équipe de France est entrée en force dans le dernier carré avant de subir la domination du désormais nonuple vainqueur de l’Europe, la Norvège, puis de prendre, de plein fouet, l’énergie contagieuse de Jovanka Radicevic qui a soigné sa sortie.

À survoler ainsi les tours préliminaire et principal à Skopje, l’équipe de France avait suscité chez ses supporters et tous les suiveurs, l’intense désir de fêter un nouveau titre, une deuxième couronne européenne pour prendre date au milieu de l’Olympiade. Mais sans signes avant-coureurs, l’espoir s’est éteint et, pire, a généré beaucoup de frustration. En premier lieu, les championnes olympiques en titre, vice-championnes du monde l’an passé, semblaient très bien engagées sur le chemin qui mène au podium et aux réjouissances qui rythment le handball français. Car une seule fois, dans son histoire entamée en 1999, l’équipe de France est ressortie démunie d’un dernier carré. C’était à Athènes lors des Jeux olympiques de 2004, face à l’Ukraine, pour le pire souvenir exhumé par Olivier à l’occasion de sa 500e cape vendredi face à la Norvège.
En second lieu, les vingt joueuses étaient opérationnelles et mieux, s’étaient offertes un match de transition face à l’Espagne mercredi passé pour reposer les cadres et préparer les jeunes pousses, au cas où… ce n’est donc pas physiquement que les Bleues ont pêché, peut-être éventuellement par un niveau d’engagement et de vigilance insuffisants mais ce n’est pas du tout le genre de la maison bleue de refuser l’obstacle. Face à la Norvège puis au Monténégro, les deux occasions de sourire sur le podium se sont évanouies et ont rappelé combien les succès sont précieux et éphémères.

Des lacunes techniques
Dimanche soir, dans les entrailles de la Stozice arena, Olivier Krumbholz dressait un premier bilan au sortir de la défaite cruelle face au Monténégro. « C’est une de déception, c’est sûr. On perd deux matchs de suite. Autant le premier c’est face à une excellente équipe, la Norvège. Contre le Monténégro, il y avait de la fatigue et beaucoup de stress. On n’a pas su dominer, on s’est accroché pour s’offrir les prolongations mais pas plus. Des lacunes techniques nous mettent dans le dur mentalement. On rate des choses assez faciles. » Une analyse partagée par sa nouvelle capitaine, Estelle Nze-Minko. « Trop de pertes de balle, pas assez de maîtrise en attaque, pas assez de solutions plus faciles, trop de mauvaises passes. » Et de pester aussi contre l’arbitrage, une rengaine souvent inaudible de la part des vaincues dont il faudra tout de même interroger l’EHF sur l’absence de paires françaises, tant que l’Euro masculin de janvier dernier que celui féminin qui vient de s’achever.

Pauletta Foppa et Cléopatre Darleux, coéquipières au Brest Bretagne Handball, ont fait preuve d’une grande régularité et ont porté l’équipe de France lors des huit matchs. (Photo FFHandball / Iconsport).

Estelle Nze-Minko : « on va rentrer chez nous et chialer toute seule, tous les soirs, dans notre coin »
Il serait injuste et injustifié de pointer des défaillances individuelles tant cette équipe possède des joueuses exceptionnelles avec en réserve des pépites. Les absences de Méline Nocandy et de Laura Glauser ont sans doute compté mais toutes les équipes (blessures, maternités) connaissent ausi leur lot de rotations. La capitaine Estelle Nze-Minko a pris sur elle et assumé sa double casquette. « Je considère que j’ai réussi ma compétition de capitaine mais pas ma compétition de joueuse. Je suis déçue, beaucoup, de moi. J’aurais aimé mieux faire et apporter plus car je pense que je suis capable d’apporter bien plus. Soit j’arrête, soit j’avance. Je fais le même constat que pour l’équipe : demain je vais commencer à faire le bilan, à ce que je peux faire de mieux pour performer, être meilleure. C’est un sport-co quand même. On va toutes se tirer vers le haut pour devenir meilleures individuellement et trouver de la cohérence. » Des ingrédients nécessaires pour retrouver le niveau de jeu qui leur avait permis de briller à Tokyo et avant à l’Euro 2018 et au Mondial 2017. La Norvège, magnifiquement vaincue en finale du Mondial 2017 à Hambourg, depuis n’a plus perdu face aux Bleues sur les compétitions majeures. L’équipe scandinave, avec ses anciennes (Mork, Oftedal et Solberg) a posé les limites des Bleues en panne de leadership dans le sprint final. « Ça va être dur dans un moment mais nous on va rentrer chez nous et chialer toute seule, tous les soirs, dans notre coin, alors que ça fait un mois que nous sommes ensemble, en groupe, poursuit la capitaine. J’espère que la douleur qu’on va avoir dans les jours à venir et pour un certain temps nous servira à être meilleurs. Si ces moments-là sont durs, c’est pour qu’ils servent. » Cette 4e place de l’Euro a validé le billet pour le prochain Mondial (décembre 2023 au Danemark, en Norvège et en Suède) et permet ainsi au staff de bâtir un programme de matchs et de stages pour préparer au mieux les prochaines échéances.

Hubert Guériau

Estelle Nze-Minko est satisfaite de sa première compétition avec le brassard de capitaine (ici avec la jeune Deborah Lassource), moins de sa prestation de joueuse. (Photo FFHandball / Iconsport).

LA SÉLECTION DE 20 JOUEUSES :
Gardiennes :  Floriane ANDRÉ (Neptunes de Nantes) – Cléopatre DARLEUX (Brest Bretagne Handball) – Camille DEPUISET (Metz HB)
Ailières gauches : Coralie LASSOURCE (Brest Bretagne HB) – Chloé VALENTINI (Metz HB)
Arrières gauches : Audrey DEMBÉLÉ (ES Besançon) – Déborah LASSOURCE (Paris 92) – Orlane KANOR (Rapid Bucarest) – Estelle NZE-MINKO (Cap – Györ)
Pivots : Béatrice EDWIGE (Ferencvaros TC Budapest) – Pauletta FOPPA (Brest Bretagne HB) – Oriane ONDONO  (Neptunes de Nantes)
Demi-centres : Léna GRANDVEAU (Neptunes de Nantes) – Tamara HORACEK (Metz HB) – Grace ZAADI DEUNA (CSM Bucarest)
Arrières droites : Laura FLIPPES (Paris 92) – Océane SERCIEN-UGOLIN (Vipers Kristiansand) 
Ailières droites : Pauline COATANEA (Brest Bretagne HB) – Lucie GRANIER (ES Besançon) – Alicia TOUBLANC (Brest Bretagne HB)

LE STAFF :
Entraîneur : Olivier KRUMBHOLZ
Adjoint : Sébastien GARDILLOU
Entraîneure des gardiennes : Amandine LEYNAUD
Préparation physique : Pierre TERZI
Médecin : William FORET
Kinésithérapeutes : Cezare COCUZZA, Célestin DAILLY et Pierre GILLET
Analyste vidéo : David BURGUIN et Christophe CAILLABET
Psychologue : Pascal NIGGEL
Communication et relation médias : Diane PROUHET
Directeur Technique National : Pascal BOURGEAIS
Chef de délégation : Rémy LÉVY

EHF EURO 2022
Tour préliminaire à Skopje :
France – Macédoine du Nord : 24-14 (12-5) / Pays-Bas – Roumanie : 29-28 (14-12)
Roumanie – France : 21-35 (11-17) / Macédoine du Nord – Pays-Bas : 15-30 (9-17)
France – Pays-Bas : 26-24 (14-12) / Macédoine du Nord – Roumanie : 23-31 (12-13)
Classement : 1/ France 6 pts 2/ Pays-Bas 4 pts 3/ Roumanie 2 pts 4/ Macédoine du Nord 0 pt

Tour principal à Skopje :
Dimanche 13 novembre : France – Monténégro : 27-19 (12-9)
Mardi 15 novembre : France – Allemagne : 29-21 (13-9)
Mercredi 16 novembre : France – Espagne : 36-23 (17-9)
Classement groupe II : 1/ France 10 pts 2/ Monténégro 6 pts 3/ Pays-Bas 5 pts 4/ Allemagne 4 pts 5/ Espagne 3 pts 6/ Roumanie 2 pts
Classement groupe II : 1/ Danemark 8 pts 2/ Norvège 8 pts 3/ Suède 6 pts 4/ Slovénie 4 pts 5/ Croatie 2 pts 6/ Hongrie 2 pts

Dernier carré à Ljubljana :
Vendredi 18 novembre :
Places 5-6 : Suède
– Pays-Bas : 37-32 (21-16)
Demi-finales
Danemark – Monténégro : 27-23 (14-10)
Norvège – France : 28-20 (12-11)

Dimanche 20 novembre : 
Places 3/4 : Monténégro –
France : 27-25 ap (13-12 ; 22-22)
Finale : Danemark – Norvège : 25-27 (15-12)

Classement final : 1/ Norvège 2/ Danemark 3/ Monténégro 4/ France 5/ Suède 6/ Pays-Bas 7/ Allemagne 8/ Slovénie 9/ Espagne 10/ Croatie 11/ Hongrie 12/Roumanie 13/ Pologne 14/ Suisse 15/ Serbie 16/ Macédoine-du-Nord