Pour la première fois de l’histoire, l’équipe de France s’est envolée avec vingt joueuses pour une compétition internationale. Une nouveauté que le staff découvre et dont il compte bien profiter au maximum.

C’est une grande première. La fédération européenne de handball (EHF) a autorisé toutes les sélections participantes à l’EHF EURO 2022 féminin à présenter une liste de vingt joueuses pour participer à la compétition. Avec, addition non négligeable, la possibilité pour les staffs de faire entrer et sortir les joueuses à leur guise, pour composer avant chaque rencontre un groupe de seize filles.

On est loin, très loin, des temps où on embarquait pour un Euro avec quatorze joueuses et une remplaçante… « C’est une très bonne règle, elle permet de faire tourner pour que les athlètes ne sortent pas de la compétition dans un état lamentable, explique le sélectionneur des Bleues Olivier Krumbholz. C’est bien pour les filles, pour les staffs, mais aussi pour la compétition en général, puisque si les filles sont en forme, le spectacle proposé sera de meilleure qualité. »

Le staff tricolore avait fait le choix, pour la première rencontre de la compétition face à la Macédoine du Nord samedi, de laisser en tribunes Camille Depuiset, Pauline Coatanea, Léna Grandveau et Orlane Kanor. Cette dernière, touchée à l’épaule lors de la préparation, a intégré les seize pour la deuxième rencontre face à la Roumanie, tout comme Pauline Coatanea, au relais de Lucie Granier sur l’aile droite.

Pour les deux autres, en retrait lors des deux matchs amicaux face à la Pologne fin octobre, l’horizon n’est pas forcément bouché pour autant, comme le confirme Olivier Krumbholz : « Je vais essayer d’utiliser cette règle à bon escient. Je voulais assurer le coup sur le premier match et ne pas mettre de joueuse majeure au repos. L’ossature va rester la même pendant la compétition, mais je compte utiliser la règle, sans caricaturer. »

Pour Olivier Krumbholz et le préparateur physique, Pierre Terzi, maintenir toutes joueuses en activité est un défi majeur. (Photo FFHandball / J.Schlosser).

Comment alors, arriver à rester concerné par une compétition alors qu’on ne joue pas ? Si le problème était déjà présent lors des tournois précédents, la possibilité pour les entraineurs de changer quatre filles tous les deux jours ajoutent forcément des contraintes inattendues. Pauline Coatanea, l’ailière brestoise a connu l’époque où une place parmi les titulaires assurait presque une présence dans le groupe jusqu’à la fin d’une compétition. « C’est vrai que ça peut être un peu dangereux. Jouer un Euro a sa part de pression inhérente. Si en plus, tu te passes ton temps à te dire que tu peux sortir au match d’après, il faut savoir le gérer », explique la gauchère.

« C’est sûr que ça apporte de l’incertitude même si, dans notre sport, elle est toujours présente. Il y en a forcément plus pour certaines joueuses que pour d’autres », tempère le sélectionneur. Il semble évident que Cléopatre Darleux, Grace Zaadi ou Béatrice Edwige ne devraient pas se retrouver en tribunes pendant cette compétition, sauf pépin physique. Mais le staff fait tout pour que cette nouvelle règle déstabilise le moins possible les filles : « À l’intérieur de l’équipe, on essaye d’apporter des réponses, il faut que les décisions soient comprises par les joueuses. »

Pas du style à mettre des bâtons dans les roues à ses concurrentes mais néanmoins coéquipière Alicia Toublanc et Lucie Granier, Coatanea a tout fait pour rester dans le rythme de la compétition depuis l’arrivée à Skopje. Au menu : entrainements en commun, musculation pour celles qui ne jouent pas le match de la veille… « On fait tout avec le groupe, que ce soit la vidéo, les entrainements… Personnellement, je fais tout comme si j’allais jouer, ça me permet d’être prête et de pouvoir répondre présent en cas de besoin », continue Coatanea, qui fait son retour dans le groupe France sur la compétition après avoir manqué le dernier championnat du monde en Espagne. Et cela a plutôt bien marché, puisqu’elle a rendu une belle copie, avec quatre buts, pour son entrée dans la compétition lundi soir.

Tamara Horacek, sa coéquipière, a souvent fait partie des filles dont la place dans les seize n’était pas assurée. Remplaçante lors de sa première compétition internationale, les J.O. 2016, elle avait retrouvé ce statut en 2019, lors des championnats du monde au Japon, avant d’entrer pour disputer les matchs de classement. Une expérience pas simple, mais qu’elle avait tenue à rendre la plus positive possible : « Ou tu fais la gueule parce que tu ne joues pas, tu es désagréable avec tout le monde et tu rentres en club en n’étant pas dans le bon sens, ou tu vois les choses autrement, suggère la joueuse de Metz Handball. Il ne faut pas baisser la tête, se dire que si on est là, on le mérite. Comme un changement peut arriver à n’importe quel moment, il faut toujours rester positive, prête à jouer à chaque match. »

Si la gestion au jour le jour peut être un défi pour le groupe France, comme pour toutes les sélections majeures, la nouvelle règle pourrait permettre à certaines équipes d’arriver plus fraiches en fin de compétition. Avec des changements facilités, décidés au matin du match, les entraineurs ont désormais la capacité d’ajuster leurs effectifs au plus près de l’état physique des joueuses. « Évidemment que l’équipe qui gagne sera celle qui sera la plus fraiche physiquement à la fin, confirme Krumbholz, qui ne compte pourtant pas laisser les cadres au frigo. Si tu joues bien, tu gagnes et tu peux laisser tes joueuses importantes sur le banc. Si tu galères, tu vas laisser tes cadres se reposer et les avoir plus fraiches à la fin. Pour faire tourner, il faut surtout avoir de la qualité de jeu. » Cette adaptation de la règle des changements ne pourrait finalement n’être qu’un atout de plus dans la manche des staffs, plutôt qu’une vraie révolution.

Kevin Domas

Lucie Granier et Oriane Ondono ont débuté l’Euro avant d’être remplacées pour le second match. (Photo FFHandball / J.Schlosser).

LA SÉLECTION DE 20 JOUEUSES :
Gardiennes :  Floriane ANDRÉ (Neptunes de Nantes) – Cléopatre DARLEUX (Brest Bretagne Handball) – Camille DEPUISET (Metz HB)
Ailières gauches : Coralie LASSOURCE (Brest Bretagne HB) – Chloé VALENTINI (Metz HB)
Arrières gauches : Audrey DEMBÉLÉ (ES Besançon) – Déborah LASSOURCE (Paris 92) – Orlane KANOR (Rapid Bucarest) – Estelle NZE-MINKO (Cap – Györ)
Pivots : Béatrice EDWIGE (Ferencvaros TC Budapest) – Pauletta FOPPA (Brest Bretagne HB) – Oriane ONDONO  (Neptunes de Nantes)
Demi-centres : Léna GRANDVEAU (Neptunes de Nantes) – Tamara HORACEK (Metz HB) – Grace ZAADI DEUNA (CSM Bucarest)
Arrières droites : Laura FLIPPES (Paris 92) – Océane SERCIEN-UGOLIN (Vipers Kristiansand) 
Ailières droites : Pauline COATANEA (Brest Bretagne HB) – Lucie GRANIER (ES Besançon) – Alicia TOUBLANC (Brest Bretagne HB)

LE STAFF :
Entraîneur : Olivier KRUMBHOLZ
Adjoint : Sébastien GARDILLOU
Entraîneure des gardiennes : Amandine LEYNAUD
Préparation physique : Pierre TERZI
Médecin : William FORET
Kinésithérapeutes : Cezare COCUZZA, Célestin DAILLY et Pierre GILLET
Analyste vidéo : David BURGUIN et Christophe CAILLABET
Psychologue : Pascal NIGGEL
Communication et elation médias : Diane PROUHET
Directeur Technique National : Pascal BOURGEAIS
Chef de délégation : Rémy LÉVY

EHF EURO 2022
LES GROUPES DU TOUR PRÉLIMINAIRE

La Slovénie, la Macédoine du Nord et le Monténégro étaient automatiquement qualifiés, en tant que pays co-organisateurs de la compétition. La Norvège a obtenu sa qualification avec sa victoire en 2020, à Herning, au Danemark, en s’imposant face à la France. 
A – Norvège – Hongrie – Croatie – Suisse
B – Danemark – Suède – Slovénie – Serbie
C – France – Pays-Bas – Macédoine du Nord – Roumanie
D – Pologne – Monténégro – Allemagne – Espagne

Tour préliminaire à Skopje :
France – Macédoine du Nord : 24-14 (12-5) / Pays-Bas – Roumanie : 29-28 (14-12)
Roumanie – France : 21-35 (11-17) / Macédoine du Nord – Pays-Bas : 15-30 (9-17)
France – Pays-Bas le 9 novembre à 20h30 en direct sur beIN SPORTS / Macédoine du Nord – Roumanie
Classement : 1/ France 2 pts 2/ Pays 2 pts 3/ Roumanie 0 pt 4/ Macédoine du Nord 0 pt

Tour principal à Skopje : Croisement avec la Pologne, le Monténégro, l’Allemagne, l’Espagne (seulement 3 sur 4). Matchs le 11, le 13, le 15 ou le 16 novembre (en fonction du classement du tour préliminaire)

Dernier carré à Ljubljana : Demi-finales le 18 novembre + Finale ou place 3/4 le dimanche 20 novembre

LA FORMULE
15ème championnat d’Europe féminine EHF. 16 équipes participeront au tournoi.
   * Le tour préliminaire est disputé par les 16 équipes (4 groupes de 4 équipes), dans les villes de Ljubljana (Slovénie), Celje (Slovénie), Skopje (Macédoine du Nord) et Podgorica (Monténégro), du 4 au 9 novembre. Les équipes 1ères, 2èmes et 3èmes de leurs groupes à l’issue du tour sont qualifiées.
   * Les trois meilleures équipes de chaque groupe se qualifient pour le tour principal (2 groupes) qui se dispute à Ljubljana (Slovénie) et Skopje (Macédoine du Nord), du 10 au 17 novembre. Les équipes du groupe A croisent avec celles du groupe B, idem pour C et D. Les équipes 1ères et 2èmes de leurs groupes à l’issue du tour joueront les demi-finales tandis que les équipes classées 3èmes joueront les places 5 et 6.
   * Les demi-finales et le match de classement des équipes 5 et 6 se dérouleront à Ljubljana le 18 novembre.
   * La finale et le match pour le bronze s’y joueront également le dimanche 20 novembre.

LES SALLES DE COMPÉTITION : 
   * Ljubljana – Slovénie : Arena Stozice. Capacité : 12 840 places. Tour préliminaire, tour principal et dernier carré.
   * Celje – Slovénie : Arena Zlatorog. Capacité : 5 800 places. Tour préliminaire.
   * Skopje – Macédoine du Nord : Boris Trajkovski. Capacité : 6 173 places. Tour préliminaire et tour principal.
   * Podgorica – Monténégro : Arena Moraca. Capacité : 5 000 places. Tour préliminaire.