Observateur privilégié au sein de la délégation tricolore, le directeur technique national, Pascal Bourgeais, tire un bilan prospectif à l’issue de cet EHF EURO 2022 féminin.

Quelle évaluation peux-tu faire de cette 4e place ?
Ce tournoi est inabouti car nous visions, si possible, de le gagner. Nous sommes surtout dans un cycle qui doit nous amener aux Jeux olympiques de Paris 2024. Olivier Krumbholz a entamé le tournoi en indiquant : « la préparation des J.O. commence ici lors du premier match. » Inabouti car le tournoi se termine par deux défaites et cela faisait très longtemps que l’équipe de France n’avait plus perdu deux matchs officiels d’affilée. Inabouti parce qu’à l’issue des six premiers matchs, on pouvait espérer terminer ce tournoi en remportant une médaille. On savait que la demie serait complexe mais je pense que nous étions équipés pour passer. Maintenant, on va tirer des leçons mais il faut prendre le temps, prendre du recul.

À chaud, quels sont les premiers éléments notables ?
Il y a des constats récurrents sur ces deux derniers matchs : un certain manque de fraîcheur ou d’engagement et de trop nombreuses erreurs techniques dans ce rapport de force-là. Je note aussi la capacité de nos adversaires à nous faire déjouer en conservant très longtemps la balle. Ce tournoi est aussi intéressant car il a permis à de jeunes joueuses de s’aguerrir dans le contexte international. Face au Monténégro, c’était une véritable arène avec un public chaud, de la pression et un ballon qui pèse. On apprend énormément sur ce type de match même si bien sûr on préfère apprendre en gagnant. La défaite va aussi nous interroger et ne pas nous laisser dans une zone de confort. Elle va nous mettre sur le chemin du travail et de la précision, pour nous interroger sur nos manques. Il nous reste 18 mois pour les corriger et être en capacité de répondre et surtout, au moment des phases finales, de gagner les matchs importants.

Le statut de champion olympique est-il difficile à assumer ?
Ce n’est pas le statut de champion olympique qui pèse. Cette équipe de France a pris l’excellente habitude de remporter des médailles et tout autre résultat est vécu durement. L’objectif initial était d’atteindre les demi-finales et nous sommes extrêmement déçus de l’issue mais pour autant le tournoi n’est pas raté même si on va retenir plus particulièrement la fin. C’est frustrant et décevant car il y a eu un gros engagement.
Cela nous renvoie à la nécessité de travailler techniquement, physiquement et mentalement pour arriver dans le money-time des compétitions avec le maximum de possibilités de les jouer. Comme l’équipe de France est qualifiée pour le prochain Mondial (décembre 2023 au Danemark, en Norvège et en Suède), on va particulièrement choisir nos adversaires pour nous mettre le plus régulièrement possible dans des situations de difficulté, pour s’aguerrir à ces situations-là. Par rapport à l‘analyse qui sera faite avec les joueuses et le staff, ressortira la nécessité de travailler ensemble avec les clubs français et étrangers pour trouver les temps qui seront indispensables pour bien se préparer, car sans ce travail, il n’y aura pas de performance.

Propos recueillis par Hubert Guériau