Les larmes de joie de ces dernières années ont laissé place aux larmes de tristesse. L’équipe de France a refermé le chapitre de son championnat du monde par une victoire face à la Hongrie (26 à 21) et une Coupe du Président. Mais pas de quoi combler son immense frustration.

Ce n’était pas celle qu’elles espéraient en posant les pieds exactement trois semaines plus tôt au pays du Soleil Levant, mais les championnes du monde disputaient une nouvelle finale en cette fin de journée d’un lundi encore agréablement ensoleillé sur Kumamoto. Sous les yeux de la princesse Hidsako membre de la famille impériale en effet, les Bleues clôturaient leur périple nippon par une ultime confrontation avec une vieille connaissance, la Hongrie. Une belle affiche donc pour l’attribution de l’honorifique coupe du Président, sorte de consolante dédiée à mettre en avant des nations moins huppées du contexte international. Pour le coup, la rencontre entre les deux pays du vieux continent n’avait pas la saveur que la précédente, en huitième de finale de l’édition 2017, sur la route du sacre tricolore vers Hambourg. Il s’agissait juste cette fois pour les filles d’Olivier Krumbholz de finir sur une bonne note cette édition forcément pas à la hauteur des espérances initiales. Mais comme la veille aux dépens de l’Angola (28-17), l’équipe de France espérait retrouver de l’allant et maintenir un semblant de dynamique positive dans l’optique désormais de sa prochaine échéance, les JO de Tokyo à l’été prochain. Une fois n’est pas coutume, le sélectionneur renouvelait sa confiance à Catherine Gabriel et Tamara Horacek, autour des traditionnels cadres, Pauline Coatanea, Grâce Zaadi Deuna, Manon Houette, Béatrice Edwige et Estelle Nze-Minko.

Une coupe du président au palmarès
En dépit de ces précautions, le début de match ne donnait pas franchement l’occasion de s’enthousiasmer. D’autant que la troupe française découvrait ce gigantesque Park Dome, et son parquet posé au milieu d’une grande salle de spectacle, là où le pays hôte disputait tous ces matches du tournoi et où se tiendront également les phases finales en fin de semaine. À ce moment-là, Amandine Leynaud et ses copines auront déjà regagné leurs pénates. Non sans jeter certainement un coup d’œil sur l’identité de leur successeur sur le trône mondial. En attendant, elles ont mis un point d’honneur à finir proprement le travail. Si la Hongrie avait pris les devants et fait la course en tête tout au long du premier acte (4-2, 8e ; 7-5, 17e ; 10-8, 24e ; 12-9, 26e), il a suffit d’un petit coup d’accélérateur juste avant de regagner les vestiaires pour remettre les compteurs à zéro (12-12). Dans le sillage d’une Alexandra Lacrabère parfaite aux tirs (5/5), au contraire encore de bon nombre de ses partenaires. Mais sans avoir réglé leur problème d’efficacité, les tricolores pouvaient s’appuyer sur une solide défense. Largement assez pour repousser une menace hongroise qui s’est étiolée au fil des minutes. Ainsi, en cinq minutes, Manon Houette et compagnie avaient pris définitivement la direction des opérations (16-14, 37e ; 16-18, 42e). Laura Flippes (18-21, 50e), Orlane Kanor et Méline Nocandy (19-24, 56e) enfonçaient le clou dans leur style respectif et caractéristique. Comme un symbole, c’est la rentrante Pauletta Foppa qui parachevait le succès sur un service de Kanor (20-26). Une jeune garde qui a pris ses marques et montré ses crocs au gré de la compétition. Au contraire des plus expérimentées parfois un peu en dedans. C’est dans la recherche de cet amalgame que la sélection va devoir trouver ses forces et son équilibre, en prévision d’un rebond olympique nécessaire. Mais il faudra faire le bon bilan pour que cette épopée ne devienne rapidement qu’un anecdotique souvenir.

AGC

MONDIAL 2019 – Tour préliminaire
Lundi 9 décembre :
Hongrie – France : 21-26 (12-12)

STATISTIQUES :
Arbitres : MM. D. et Z. Loncar (Croatie)
À Kumamoto, Park Dome – 2 000 spectateurs

Hongrie : Gardiennes : Triffa, Birlo (9 minutes, 2/7 arrêts), Kiss (48 minutes, 11/32 arrêts) – Joueuses de champ : Tovizi (2/2), Schatzl (1/4), Kovacsics (3/8), Klujber (0/1), Marton (3/3), N. Kiss, Vamos (0/1), Hafra (0/8), Pasztor (0/3), Lukacs (7/10), Szabo (3/3 dont 3/3), Tomori (2/7), Toth – Exclusion temporaires : Kovacsics (34e), Lukacs (40e)

France : Gardiennes : Leynaud (12 minutes, 3/6 arrêts), Gabriel (45 minutes, 12/30 arrêts) – Joueuses de champ : Nocandy (2/3), Coatanea (2/5), Bouquet (0/1), Zaadi Deuna (1/4), Houette (2/4), Sercien-Ugolin, Flippes (3/4), Kanor (3/4), Horacek (2/2), Edwige, Foppa (3/4), Nze Minko (2/4), Niombla (0/1), Lacrabère (6/6 dont 4/4) – Exclusions temporaires : Kanor (22e et 45e), Horacek (35e)

DÉCLARATIONS :
Olivier Krumbholz : C’est une belle fin, même si nous avons mis du temps à dominer ce match. Nous avons vu de belles choses, des performances individuelles et notamment des jeunes qui confirment leur montée en puissance. Evidemment il y a beaucoup de regrets, encore plus si nous avions dévissé à nouveau. Elles ont eu le mérite de continuer à jouer et prouver que nous pouvions être compétitif sur la durée au tour principal. Il faut avancer avec ses espoirs, débriefer aussi et ne pas oublier cette mauvaise entame. Maintenant, il y a six mois de travail individuel, afin que chacun arrive au sommet de sa forme, ce qui n’était pas forcément le cas dès le début. C’était important de bien terminer, sur une meilleure note. Nous sommes un peu tristes, mais nous avons montré que l’on avait des valeurs et que l’équipe respectait la compétition. C’est une très bonne chose de ne pas laisser penser que nous sommes imbus de notre personne. C’est loin d’être le cas.

Alexandra Lacrabère : C’est fini ! Bizarrement je l’ai vécu plus mal aujourd’hui qu’après le Danemark. On se rend compte que l’on a sorti des bons matches malgré les imperfections. On peut dire ce que l’on veut, nous critiquer, mais on sort la tête haute par rapport à notre début de compétition. L’équipe est restée solidaire dans la difficulté. Il y a tellement de qualités dans cette équipe que l’on peut se dire qu’il y avait mieux à faire. Je suis triste de ne pas avoir pu vivre de nouvelles émotions. J’espère que l’on va sortir plus fortes de cela. Je sais ce que j’ai à faire pour être au top, moi la première je me suis trompée dans ma préparation physique. On parle beaucoup des jeunes aujourd’hui, elles sont efficaces lorsqu’on les met en situation et pas forcément avec beaucoup trop de responsabilités. Ce n’est pas à elles de subir cette pression. Je regrette sur ce Mondial que nous ne leur ayons pas permis de performer. J’ai envie de croire que l’amalgame se fera de nouveau aux J.O.

Estelle Nze-Minko : Mine de rien, ces deux derniers matchs nous ont maintenu un peu en vie avant de se quitter et faire le bilan. Nous avons essayé de survivre ensemble. Le retour au quotidien va je pense être un peu plus dur dans les jours à venir. On va se rendre compte que l’on a fini 13e alors que l’on était venu pour faire une médaille. Il va falloir aussi penser à la suite, ce qu’il va se passer, ce qui va changer ou pas… Je suis un peu perdue à vrai dire. Je ne sais pas quoi penser de cette compétition. Nous avons fait preuve certes de caractère sur la fin. Nous n’avions rien à gagner et tout à perdre. Cela aurait été compliqué de perdre encore. Là nous sommes juste mal. J’ai hâte de me retrouver seule et réfléchir. Dire qu’il y a un an on fêtait la médaille d’or devant notre public. La suite va vite arriver. Il faudra faire rapidement les bons bilans.

Méline Nocandy fait partie des satisfactions françaises lors de ce Mondial 2019. (Photo FFHandball)

LA SÉLECTION : Gardiennes : Catherine GABRIEL (Nantes LA) – Amandine LEYNAUD (c) (Györ, Hongrie) / Ailières gauches : Chloé BOUQUET (ES Besançon) – Manon HOUETTE (Metz HB) / Arrières gauches : Orlane KANOR (Metz HB) – Gnonsiane NIOMBLA (Siofok, Hongrie) – Estelle NZE-MINKO (Györ, Hongrie) / Demi-centres : Tamara HORACEK (Paris 92) – Méline NOCANDY (Metz HB) – Grace ZAADI (Metz HB) / Pivots : Béatrice EDWIGE (Györ, Hongrie) – Pauletta FOPPA (Brest Bretagne HB) / Arrières droites : Alexandra LACRABÈRE (Fleury-Loiret) – Océane SERCIEN-UGOLIN (Paris 92) / Ailières droites : Pauline COATANEA (Brest Bretagne HB) – Laura FLIPPES (Metz HB)
Joueuses en réserve :  Camille AYGLON-SAURINA (Nantes LA) – Roxanne FRANK (ES Besançon) – Tamara HORACEK (Paris 92) – Astride N’GOUAN (Metz HB) – Allison PINEAU (Paris 92)

LE STAFF : Entraîneur : Olivier KRUMBHOLZ / Adjoints : Sébastien GARDILLOU et Christophe CAILLABET / Analyste Vidéo : David BURGUIN / Préparation physique : Pierre TERZI / Médecin : Cindy CONORT / Kinésithérapeutes : Célestin DAILLY, Pierre GILLET et Guillaume ROUSSELIN / Préparateur mental : Richard OUVRARD / Directeur Technique National : Philippe BANA / Assistant : Philippe RAJAU / Relation Media : Diane PROUHET.

MONDIAL IHF 2019, à Kumamoto (Japon) du 30 novembre au 15 décembre

Résultats et programme : en direct sur beIN SPORTS
Tour préliminaire – groupe B :

30 novembre : France – Corée : 27-29 (13-12)
1er décembre : Brésil – France : 19-19 (7-10)
3 décembre : France – Australie : 46-7 (21-3)
4 décembre : Allemagne – France : 25-27 (12-14)
6 décembre : France – Danemark : 18-20 (7-9)

Coupe du Président :
Places 13 à 16 :
Dimanche 8 décembre
: Angola – France : 17-28 (9-9)
Places 13 et 14 :
Lundi 9 décembre : Hongrie – France : 21-26 (12-12)