L’équipe de France a perdu son titre mondial et un peu de son équilibre qui faisait sa force ces derniers temps. Entre des états de forme différents et une jeune garde prête à prendre plus de responsabilités. Et pourtant les J.O. de Tokyo vont aussi très vite arriver.

Amandine Leynaud a tenu son équipe à bout de bras. (Photo FFHandball)

Et dire qu’il n’y a même pas un an, les Bleues fêtaient leur premier titre continental, à la maison, dans la ferveur de l’AccorHôtels Arena de Paris. Cette fois, après un bref passage initiatique par Tokyo afin de prendre la température de ce qui va les attendre l’été prochain dans le cadre des Jeux olympiques, les filles d’Olivier Krumbholz ont quitté têtes basses le Japon trois semaines plus tard. Elles ne garderont certainement pas un souvenir impérissable de ce séjour dans la préfecture de Kumamoto, sur l’île de Kyüshü, tout au sud du Territoire nippon. Bien avant la fin d’un championnat du monde dans lequel elles auront longtemps le sentiment de n’être jamais totalement rentré. Tel est le sport de haut niveau et son ascenseur émotionnel. Si la France rapporte encore une coupe inédite, celle du Président pour le vainqueur de la consolante en quelque sorte, elle n’a évidemment pas la même saveur que les effluves de 2017 en Allemagne. Les anciennes reines du monde, et encore d’Europe, sont tombées plus bas que jamais dans un Mondial. Il fallait en effet remonter à… 1990 et une expédition en Corée-du-Sud pour trouver trace d’une non-participation à un tour principal, hormis, il ne faut pas l’oublier, le couac continental de 2008 en Macédoine. On pensait cette époque révolue. Comme le coach lui-même qui se félicitait du jeu d’attaque des siennes à la veille de l’ouverture contre la Corée. C’est pourtant dans ce secteur que les Tricolores ont de nouveau pêché principalement. Et la copieuse entrée contre la Corée-du-Sud ne pouvait pas tout excuser.

Elles ne seront plus que quatorze, voire quinze à Tokyo
« Autant j’ai ressenti l’an dernier dès le deuxième match à Nancy face à la Slovénie que la machine était lancée, autant cette fois j’ai vite mesuré que des lignes bougeaient en interne et que cela créait des tensions
, glissait le sélectionneur au lendemain de la défaite de trop contre le Danemark. La vie d’une équipe est ainsi faite, on ne peut pas fixer le soleil trop longtemps. » Autrement dit, si sa troupe a fait illusion au devant de l’Australie (46-7) et surtout de l’Allemagne (27-25), elle était partie de trop loin et restait convalescente pour exister plus durablement. Surtout, elle n’était pas dans les meilleures dispositions pour combattre malgré toute sa bonne volonté de défendre dignement sa couronne. Pouvait-il en être autrement à six mois de l’échéance capitale ?

Ce qui n’était pas forcément prévu en revanche, c’est la remise en cause du statut des anciennes, à l’instar de l’éviction de Camille Ayglon-Saurina au cœur du tour préliminaire. Seule il est vrai Amandine Leynaud fût à la hauteur de sa réputation parmi les cadres. Alors que la nouvelle vague en a profité pour s’illustrer dans le sillage de Méline Nocandy. Les 14 places (+ 1 remplaçante) pour les JO 2020 vont être chères, parmi toutes les mondialistes et les revenantes (Siraba Dembélé-Pavlovic, Laura Glauser, Cléopâtre Darleux). Une émulation qui n’est pas pour déplaire à un coach qui n’a pas l’intention de faire de sentiments dans les mois à venir. Et qui reste convaincu du potentiel tricolore. « J’ai trop de respect envers nos adversaires pour penser que l’on va gagner tout le temps. En revanche, en continuant à travailler et améliorer tous les secteurs de notre handball, je pense que l’on peut devenir la meilleure nation mondiale. Cela se mesure sur dix ou quinze ans, et si nous étions en avance aux points, on risque de perdre notre leadership, ce qui doit nous emmener à plus de remise en cause et d’humilité. On ne s’égare jamais aussi loin que lorsque l’on croit connaître la route. » Heureusement maintenant, les Françaises connaissent aussi la fausse route de la performance.

AGC

LA SÉLECTION : Gardiennes : Catherine GABRIEL (Nantes LA) – Amandine LEYNAUD (c) (Györ, Hongrie) / Ailières gauches : Chloé BOUQUET (ES Besançon) – Manon HOUETTE (Metz HB) / Arrières gauches : Orlane KANOR (Metz HB) – Gnonsiane NIOMBLA (Siofok, Hongrie) – Estelle NZE-MINKO (Györ, Hongrie) / Demi-centres : Tamara HORACEK (Paris 92) – Méline NOCANDY (Metz HB) – Grace ZAADI (Metz HB) / Pivots : Béatrice EDWIGE (Györ, Hongrie) – Pauletta FOPPA (Brest Bretagne HB) / Arrières droites : Alexandra LACRABÈRE (Fleury-Loiret) – Océane SERCIEN-UGOLIN (Paris 92) / Ailières droites : Pauline COATANEA (Brest Bretagne HB) – Laura FLIPPES (Metz HB)
Joueuses en réserve : Camille AYGLON-SAURINA (Nantes LA) – Roxanne FRANK (ES Besançon) – Tamara HORACEK (Paris 92) – Astride N’GOUAN (Metz HB) – Allison PINEAU (Paris 92)

LE STAFF : Entraîneur : Olivier KRUMBHOLZ / Adjoints : Sébastien GARDILLOU et Christophe CAILLABET / Analyste Vidéo : David BURGUIN / Préparation physique : Pierre TERZI / Médecin : Cindy CONORT / Kinésithérapeutes : Célestin DAILLY, Pierre GILLET et Guillaume ROUSSELIN / Préparateur mental : Richard OUVRARD / Directeur Technique National : Philippe BANA / Assistant : Philippe RAJAU / Relation Media : Diane PROUHET.

MONDIAL IHF 2019, à Kumamoto (Japon) du 30 novembre au 15 décembre

Résultats :
Tour préliminaire – groupe B :

30 novembre : France – Corée : 27-29 (13-12)
1er décembre : Brésil – France : 19-19 (7-10)
3 décembre : France – Australie : 46-7 (21-3)
4 décembre : Allemagne – France : 25-27 (12-14)
6 décembre : France – Danemark : 18-20 (7-9)

Coupe du Président :
Places 13 à 16 :
Dimanche 8 décembre
: Angola – France : 17-28 (9-9)
Places 13 et 14 :
Lundi 9 décembre : Hongrie – France : 21-26 (12-12)

Méline Nocandy félicitée par Olivier Krumbholz. (Photo FFHandball)