Deux ans après le sacre des Bleues en Allemagne, l’édition japonaise de 2019 a livré un verdict inédit. Les Pays-Bas prenant la mesure de l’Espagne au bout du suspense. Une grande première, et aussi pour leur sélectionneur français Emmanuel Mayonnade.

Il faut croire qu’il fait bon débuter son championnat du monde par une défaite face à la Slovénie ces derniers temps ! Comme l’équipe de France en effet il y a deux ans à Trèves (23-24), aux confins de la frontière allemande avec l’Hexagone et le Luxembourg, les nouvelles héroïnes mondiales de Kumamoto n’en menaient pas large il y a un peu plus de quinze jours. Orphelines de leur maître à jouer Nicke Groot (retraite) et en manque évident de repères au moment de poser les pieds au pays du Soleil Levant, les partenaires de Jessy Kramer (Toulon – Saint-Cyr Var HB) prenaient le bouillon dans les grandes largeurs (26-32) face à Ana Gros et ses copines slaves. Une entrée en matière malvenue dans une formule de compétition revisitée et qui ne qualifiait que les trois premières nations par poule au tour principal. Tout en conservant acquis les résultats initiaux. Autrement dit, après ce couac inaugural et la perspective d’en découdre ensuite avec la Serbie puis la Norvège, Emmanuel Mayonnade nous avait alors confié son inquiétude mais aussi affiché malgré tout une certaine décontraction et un semblant de détachement dont le technicien de Metz reste coutumier. Car pour sa première expérience internationale, l’enfant de Mios Biganos n’avait pas hérité d’une mission de tout repos. Juste derrière la France depuis quatre ans au palmarès général, les Oranje étaient régulièrement à l’honneur (sur tous les podiums depuis 2015 hormis les Jeux de Rio, 4e) et tournaient autour d’une consécration. Alors forcément, pour son baptême du feu et à peine neuf mois depuis sa prise de fonction officielle, une élimination prématurée aurait fait tâche sans forcément porter préjudice à l’intéressé.

L’Allemagne et le Danemark hors jeux
Au lieu de cela, les filles de « Manu » Mayonnade ont pris petit à petit la mesure de la compétition et de leurs adversaires. Une montée en puissance initiée face à l’Angola (35-28), bonifié contre le modeste Cuba (51-23 !), approuvé au détriment de la Serbie (36-23) et définitivement validé par un coup d’éclat sur la Norvège (30-28). Une nation scandinave jamais battue en deux décennies et principal bourreau des rêves dorés néerlandais ces derniers temps. L’entraîneur français tenait là son premier fait d’armes et justifiait pleinement la confiance des dirigeants du pays plat. Alors que ses compatriotes et tenantes du titre venaient de rendre leur couronne et s’apprêtaient à regagner têtes bien basses la France, l’aventure continuait pour le digne représentant de notre handball. Tout n’était pas parfait pour autant. Au bénéfice d’un heureux concours de circonstance et la déroute de la Slovénie, le faux départ était certes oublié et le tour principal gagné sans aucun dommage. Une position préférentielle aussitôt remise en cause par les échecs successifs aux devants de l’Allemagne (23-25) et le Danemark (24-27) à l’entame du tour principal. Mais les Pays-Bas et leur duo messin (comme en Lorraine, Mayonnade fait équipe sur le banc de touche avec l’ancienne joueuse russe Ekaterina Andryushina, ndlr), sous leur bonne étoile, restaient maîtres de leur destin et s’invitaient de nouveau dans le dernier carré au bénéfice d’un ultime succès sur une Corée à bout de souffle (40-33).

Pendant ce temps-là, symbole d’un Mondial imprévisible, le Danemark puis l’Allemagne abandonnaient finalement leur rêve olympique. Tout comme la Russie et la Norvège échouaient à décrocher leur ticket direct pour Tokyo 2020. Un monde renversant pour une finale inédite et la perspective d’une grande première. En dernière lieu, sous les ordres du binôme des sœurs Charlotte et Julie Bonaventura, les cœurs français balançaient entre les Pays-Bas de coach Mayonnade et l’Espagne forte de nombreuses joueuses, passées ou actuelles, de notre Ligue Butagaz Énergie. Au bout d’un scénario incertain jusque sur le gong (lire « trois questions à »), l’immense bonheur était finalement Oranje. Voilà maintenant les Pays-Bas et leur nouveau stratège qualifiés directement pour Tokyo, aux côtés de nos championnes, du Japon, du Brésil, de l’Angola et de la Corée du Sud. Notre France du handball est décidément à l’honneur.

AGC

(Photo IHF).

Finale : Espagne – Pays-Bas 29-30 (13-16)

Espagne : Gardiennes : Navarro (25 minutes, 3/15 arrêts), Zoqbi de Paula (34 minutes, 5/23 arrêts) – Joueuses de champs : Lopez (6/8), Cesareo, Gutierrez (0/2), Echeverria, Pena (3/8 dont 2/3), Gonzalez Ortega (1/1), Lopez Jimenez (2/3), Fernandez Fraga (5/8 dont 1/2), Rodriguez (0/1), Hernandez (3/3), Cabral Barbosa (7/13 dont 1/1), Gonzalez (2/4)

Pays-Bas: Gardiennes : Wester (tout le match, 12/39 arrêts dont 1/4), Duijndam (1/2 arrêt dont 1/2) – Joueuses de champ : Kramer (0/1), van der Heijden (3/8), Bont (2/2), Abbingh (7/11 dont 1/1), Snelder (5/6), van Wetering (1/1), Dulfer (0/1), Smeets (0/1), Malestein (3/4), Polman (9/15)

Classement final :
1     Pays-Bas
2     Espagne
3     Russie
4     Norvège
5     Monténégro
6     Serbie
7     Suède
8     Allemagne
9     Danemark
10   Japon
11   Corée
12   Roumanie
13   France
14   Hongrie
15   Angola
16   Argentine
17   Brésil
18   Sénégal
19   Slovénie
20   Congo
21   Cuba
22   Kazakhstan
23   Chine
24   Australie