L’équipe de France est éliminée de la course au titre mondial. Battues par le Danemark (18-20), les Bleues disputeront la Coupe du Président. Si la défense tricolore a bien fonctionné, c’est le secteur de l’attaque qui a pêché face aux Danoises et notamment la gardienne du BBH, Sandra Toft, décisive aujourd’hui à Kumamoto. À l’image de ce début de compétition, l’équipe de France a subi le rythme du Danemark tout au long d’un match crispant. Une piteuse sortie qui symbolise les difficultés rencontrées par les Bleues au Japon et met définitivement fin à leurs espoirs. L’équipe de France affrontera l’Angola dimanche 8 décembre à 12h30 (04h30 HF) pour les places 13 à 16.

Au bout quasiment d’une semaine de compétition déjà riche en enseignements et en émotions à Kumamoto, l’équipe de France jouait sa qualification pour le tour principal sur ce dernier match du groupe B face au Danemark. Un rendez-vous crucial entre deux nations menacées d’exclusion tout simplement, alors que la Corée et l’Allemagne avaient définitivement pris les devants au gré de leur match nul plus tôt dans la journée. De quoi pimenter encore un peu plus une affiche toujours alléchante entre deux pays régulièrement sur le devant de la scène internationale. Le début de match illustrait d’ailleurs pleinement la tension entre deux équipes forcément conscientes des enjeux. Les pertes de balle se succédaient, si ce n’était pas les gardiennes qui se mettaient en évidence, parmi les meilleures il est vrai, que ce soit notre « Doudou » nationale évidemment, mais aussi Sandra Toft, la Danoise de Brest.

Si bien qu’après trois minutes, Alexandra Lacrabère sortait du banc pour ouvrir le score aux sept mètres. Et il ne s’était pas écoulé dix minutes qu’Olivier Krumbholz décidait de modifier ses plans. Il changeait son équipe type, reconduite par rapport à l’Allemagne, pour faire rentrer aussitôt du sang neuf. Le résultat ne se faisait pas attendre, Orlane Kanor, Océane Sercien-Ugolin et Méline Nocandy, la jeune garde tricolore, prenaient ses responsabilités et remettaient en effet les compteurs à zéro (2-5, 13e ; 5-5, 19e). Une embellie cependant de courte durée, la France ne parvenait pas à emballer le match et subissait le rythme adverse jusqu’à la mi-temps.

Direction… la coupe du président
Au retour des vestiaires, en dépit d’une supériorité numérique, le jeu français manquait toujours autant de fluidité que de précision. Mais si les Scandinaves étaient les premières en action (7-10, 31e), c’était enfin autour des cadres de la maison bleue de trouver la faille. Un triplé, signé Lacrabère, Houette et Zaadi, augurait alors d’une rébellion et semblait poser les bases d’une seconde période d’un tout autre acabit (10-10, 34e). C’était malheureusement la dernière égalité du match qui basculait à cet instant définitivement dans le camp visiteur. La Messine Burgaard puis le phénomène Hansen redonnaient trop vite un peu d’air à leurs couleurs (10-12, 37e). La capitaine Stine Jorgensen y allait de son doublé pour corser l’addition (11-14, 41e), et même porter l’estocade (12-16, 50e). À cet instant, on ne donnait déjà plus guère des chances tricolores, tellement les filles d’Olivier Krumbholz étaient engluées dans la tenaille danoise. Et si elles parvenaient à franchir la muraille rouge et blanche, Sandra Toft se dressait face aux shooteuses françaises. Sans parler des tirs hors cadre. Avec autant d’échecs, il ne pouvait plus en être autrement. Et pourtant, dans un ultime sursaut d’orgueil, les championnes, pour quelques minutes encore, grignotaient leur retard au gré du sans-faute d’Alexandra Lacrabère aux jets de 7 mètres (17-18, 58e). C’était non sans compter sur la puissante Hansen pour maintenir le Danemark à flot, imitée par sa capitaine qui scellait l’élimination des tenantes du titre. La France a d’ores et déjà perdu sa couronne mondiale. Elle va jouer encore deux matches pour l’honneur sur ce championnat du monde. Loin du tour principal. Une première depuis… 1990. Le haut niveau est sans pitié et le retour sur terre est décidément brutal !

AGC

Avec seulement 41% de réussite, les Bleues ne pouvaient pas s’imposer malgré leur solidité défensive. (Photo FFHandball / S.Pillaud)

MONDIAL 2019 – Tour préliminaire
6 décembre :
France – Danemark : 18-20 (7-9)
Arbitres : MM. Lah et Sok (Slovénie)
À Kumamoto, Prefectural Gymnasium – 2 000 spectateurs

STATISTIQUES :
France : Gardiennes : Leynaud (tout le match, 6/25 arrêts, Gabriel (0/1 jet de 7m) – Joueuses de champ : Nocandy (2/4), Coatanea, Bouquet (1/1), Pineau, N’Gouan (0/1), Zaadi Deuna (2/6 dont 0/1), Houette (2/5), Sercien Ugolin (2/7), Flippes, Kanor (2/6), Edwige (1/2), Nze Minko (0/3), Niombla (0/1), Lacrabère (6/8 dont 6/6) – Exclusions temporaires : Coatanea (4e, 11e), Flippes (21e et 40e)

Danemark : Gardiennes : Toft (tout le match, 15/32 arrêts), Reinhardt (0/1) – Joueuses de champ : Pedersen (3/4), Iversen (0/1), Hansen (5/10), Heindahl (0/1), Haugsted, Bohme, Grigel, Nielsen (0/1), K. Jorgensen, Jensen (3/4), Burgaard (1/4), S. Jorgensen (7/11 dont 4/4), Hojlund (1/4), Kyndbol – Exclusions temporaires : Hansen (1ère, ), S. Jorgensen (30e), Hojlund (31e), K. Jorgensen (50e), Jensen (55e), Iversen (58e)

DÉCLARATIONS :
Olivier Krumbholz :
C’est une grande déception, nous avons replongé en attaque et dans le tir. On s’est mis ainsi en difficulté, d’autant que notre défense 1-5 s’est effritée au fur et à mesure du match. Les jeunes ont montré des choses intéressantes, notamment Méline Nocandy qui a été brillante. Mais globalement on rate trop de tirs, et notamment avant de faire rentrer les jeunes. Nous n’avons pas eu la continuité que l’on espérait, et l’on est tombé sur une gardienne de but très bonne depuis le début. Tant que l’on ne réglera pas notre problème aux shoots, nous n’aurons pas de solution. Nous l’avions résolu depuis deux ans avec des joueuses aux stats exceptionnelles, comme Estelle Nze-Minko à 83% sur l’Euro… Nous allons tous débriefer. On ne peut que se servir de cet échec, se remettre en cause. C’est une bonne claque sur laquelle nous pouvons peut-être paradoxalement construire quelque chose. C’est un sérieux avertissement, nous n’avons pas su surfer sur le positif de ce que l’on avait fait depuis deux ans. La compétition à six mois des Jeux n’était pas facile à aborder, des absences nous ont coûté cher. En fait on s’est mis dans le dur à partir du match de la Corée, et nous n’avons jamais réussi à redresser la barre comme il le fallait. Dans l’immédiat, faisons preuve d’humilité et remettons nous au travail.

Allison Pineau : Forcément c’est difficile, c’est la première fois que nous allons disputer la coupe du président, au-delà de la victoire de toute façon ce soir on ne méritait pas mieux. Pourtant on s’est battues et on a essayé jusqu’au bout, mais nous avons rencontré trop d’échecs aux tirs pour pouvoir survivre dans ce match. Je crois qu’elles ont joué huit minutes en face en infériorité, ne serait-ce que sur cette seconde mi-temps, et on ne concrétise pas les opportunités. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Elles nous ont aussi posé pas mal de problèmes sur la 1-5 par rapport aux autres années. On s’est dit en cours de match qu’il fallait au moins aller chercher le match nul. Mais cela ne voulait pas ce soir. La chance n’était pas de notre côté. On n’oublie jamais une telle compétition. L’atterrissage est particulièrement douloureux. Nous avons été très en réussite sur les précédentes compétitions. Cette fois, c’est clair, il y a eu énormément de défaillances individuelles sur ce Mondial. Je ne sais pas comment l’expliquer. Mais c’est un des éléments de notre contre-performance. Il est hors de question de s’enliser et nous devons finir proprement cette épreuve à Kumamoto.

Alexandra Lacrabère : Du fait de nos nombreux échecs aux tirs, nous n’avons jamais réellement eu l’ascendant sur elle. J’ai le sentiment qu’on leur donne le match. Je ne sais pas pourquoi cela n’a pas marché ce soir. Les Danoises aussi on été beaucoup en échec. Nous n’étions sans doute pas assez relâchées en fin de montée de balle. On s’est mis la pression avec nos ratés. Il faut revoir le match et sa physionomie pour grandir. Nous avons eu notre titre mondial et l’euro à la maison, maintenant il va falloir aller chercher la consécration olympique, c’est le plus important. On savait que cela allait être compliqué cette année, ce n’est pas une excuse mais nous n’étions pas dans les meilleures dispositions pour performer sans doute.

Toujours médaillées depuis les J.O. de Rio, les Bleues connaissent à Kumamoto un coup d’arrêt dans leur formidable série. (Photo FFHandball / S.Pillaud)

LA SÉLECTION : Gardiennes : Catherine GABRIEL (Nantes LA) – Amandine LEYNAUD (c) (Györ, Hongrie) / Ailières gauches : Chloé BOUQUET (ES Besançon) – Manon HOUETTE (Metz HB) / Arrières gauches : Orlane KANOR (Metz HB) – Gnonsiane NIOMBLA (Siofok, Hongrie) – Estelle NZE-MINKO (Györ, Hongrie) / Demi-centres : Méline NOCANDY (Metz HB) – Allison PINEAU (Paris 92) – Grace ZAADI (Metz HB) / Pivots : Béatrice EDWIGE (Györ, Hongrie) – Astride N’GOUAN (Metz HB) / Arrières droites : Alexandra LACRABÈRE (Fleury-Loiret) – Océane SERCIEN-UGOLIN (Paris 92) / Ailières droites : Pauline COATANEA (Brest Bretagne HB) – Laura FLIPPES (Metz HB)
Joueuses en réserve :  Camille AYGLON-SAURINA (Nantes LA) – Roxanne FRANK (ES Besançon) – Tamara HORACEK (Paris 92) – Pauletta FOPPA (Brest Bretagne HB)

LE STAFF : Entraîneur : Olivier KRUMBHOLZ / Adjoints : Sébastien GARDILLOU et Christophe CAILLABET / Analyste Vidéo : David BURGUIN / Préparation physique : Pierre TERZI / Médecin : Cindy CONORT / Kinésithérapeutes : Célestin DAILLY, Pierre GILLET et Guillaume ROUSSELIN / Préparateur mental : Richard OUVRARD / Directeur Technique National : Philippe BANA / Assistant : Philippe RAJAU / Relation Media : Diane PROUHET.

MONDIAL IHF 2019, à Kumamoto (Japon) du 30 novembre au 15 décembre
Le tirage :
Groupe A : Pays-Bas, Norvège, Serbie, Slovénie, Angola, Cuba
Groupe B : France, Danemark, Allemagne, Corée, Brésil, Australie
Groupe C : Roumanie, Hongrie, Monténégro, Espagne, Sénégal, Kazakhstan
Groupe D : Russie, Suède, Japon, Chine, Argentine, République du Congo

Le programme : en direct sur beIN SPORTS
Tour préliminaire – groupe B :

30 novembre : France – Corée : 27-29 (13-12)
1er décembre : Brésil – France : 19-19 (7-10)
3 décembre : France – Australie : 46-7 (21-3)
4 décembre : Allemagne – France : 25-27 (12-14)
6 décembre : France – Danemark : 18-20 (7-9)

Classements :
Groupe A : 1/
Pays-Bas 8 pts 2/ Norvège 8 pts 3/ Serbie 6 pts 4/ Angola 4 pts 5/ Slovénie 4 pts 6/ Cuba 0pt
Groupe B : 1/ Corée-du-sud 8 pts 2/ Allemagne 7 pts 3/ Danemark 7 pts 4/ France 5 pts 5/ Brésil 3 pts 6/ Australie 0 pt
Groupe C : 1/ Espagne 10 pts 2/ Monténégro 8 pts 3/ Roumanie 6 pts 4/ Hongrie 4 pts 5/ Senegal 2  pts 6/ Kazakhstan 0 pt
Groupe D : 1/ Russie 1à pts 2/ Suède 8 pts 3/ Japon 6 pts 4/ Argentine 4 pts 5/ RDC Congo 2 pts 6/ Chine 0 pt

Coupe du Président : Places 13 à 24
La France disputera cette compétition avec les équipes classées 3es des autres poules.
Places 13 à 16 :
Dimanche 8 décembre à 12h30 (04h30 HF)
: France – Angola
Places 13 à 16 :
Lundi 9 décembre à 15h (07h HF) – places 15 et 16 :
vaincus France – Angola et Hongrie – Argentine
Lundi 9 décembre à 18h (10h HF) – places 13 et 14 : vainqueurs France – Angola et Hongrie – Argentine

Tour principal : 8 au 11 décembre
Demi-finales : 13 décembre
Finales : 15 décembre