Cet après-midi à Granollers, la Norvège a privé l’équipe de France d’un troisième titre mondial. Les Scandinaves ont dominé les Bleues par 29 à 22 (12-16) alors que les protégées d’Olivier Krumbholz menaient 16 à 10, après 29 minutes ! Un terrible retournement à un tel niveau d’adversité. Après un parcours sans faute – huit victoires de rang -, les Bleues ont donc buté sur la troisième marche du podium face à leurs meilleures rivales. Il faudra savoir se contenter de la médaille d’argent ; une récompense pour un groupe qui a atteint trois finales en douze mois : vice-champion d’Europe, champion olympique et vice-champion du monde. Des lignes au palmarès qui inspirent le respect et rappellent l’immense difficulté à remporter des titres. Une médaille supplémentaire (la 13e de l’histoire) qui renforce un peu plus la place unique des handballeuses dans le sport collectif féminin.

Sept de départ : Olivier Krumbholz ne change pas une formule qui fonctionne ! Il reconduit le même sept depuis le 6e match, face à la Russie, avec Laura Glauser, Coralie Lassource (cap), Estelle Nze Minko, Grace Zaadi Deuna, Béatrice Edwige (avec Pauletta Foppa) Laura Flippes et Alicia Toublanc. Orlane Ahanda et Catherine Gabriel encourageront encore une fois leurs partenaires depuis les tribunes.

Un écart conséquent
Les Bleues donnent le coup d’envoi de la 25e finale des championnats du monde. Tout au bout de la première possession, Alicia Toublanc, l’une des héroïnes de la demi-finale, ouvre le score (1-0, 2e). Veronika Kristiansen égalise presque aussitôt avant qu’Allison Pineau marque sur jet de 7m (2-1, 3e). Le Palau d’Esports de Granollers est enfin totalement rempli. Les supporters norvégiens et français rivalisent d’encouragements. Estelle Nze-Minko trouve la lucarne de Katrin Lunde puis Allison Pineau marque son 2e jet de 7m. Les Bleues mènent 4-2 après 8 minutes. La pivot Kari Brattset s’engouffre dans la défense tricolore pour marquer de près (4-3, 9e). Tamara Horacek effectue son entrée en finale, une première depuis le tour principal. Laura Glauser arrête un 2e tir tandis que Katrin Lunde a stoppé une tentative de Tamara Horacek. L’équipe de France reprend les devants (5-4, 12e) après le 3e penalty réussi par Allison Pineau. La pivot Kari Brattset trouve encore la solution et les deux équipes sont dos-à-dos (5-5, 14e). Tamara Horacek réussit à tromper Katrin Lunde avant que Nora Mork n’expédie son tir nettement au-dessus de la cage défendue par Laura Glauser. Décidément Kari Brattset est intenable à 6m : la pivot norvégienne marque au terme d’un joli mouvement.

5-0 en 5 minutes !
Océane Sercien-Ugolin martyrise à son tour Katrine Lunde (1 arrêt en 18 minutes) puis Stine oftedal ouvre son compteur dans cette finale (7-7, 18e). Superbe service de Méline Nocandy pour Pauletta Foppa qui marque son premier but à la 20e minute (8-7). Servie cette fois par Grace Zaadi Deuna, la benjamine de l’équipe de France récidive pour donner un premier avantage significatif aux Bleues (9-7, 21e). Thorir Heigeirsson pose son premier temps-fort car son équipe n’arrive pas à imprimer son tempo. La défense 1-5 est déployée avec Estelle Nze Minko en voltigeuse : une tactique qui pousse les Norvégiennes à la faute. Estelle Nze Minko, qui compte pas moins de cinq coéquipières de club face à elle ce soir, intercepte une relance et s’en va marquer le 10e but tricolore. Le 4e arrêt de Laura Glauser offre un ballon de +4 aux championnes olympiques : il est marqué par Grace Zaadi Deuna (11-7, 23e). Stine Oftedal s’essaie sur l’aile droite mais, là aussi, la gardienne des Bleues stoppe la tentative. Lucie Granier, pour son premier championnat du monde ne tremble pas en finale : elle marque deux buts consécutifs pour porter le score à 14-8, après 26 minutes. Méline Nocandy subit une exclusion de 2 minutes. L’écart au score (+6) est déjà conséquent à ce niveau d’adversité car même si Malin Aune marque deux fois, Laura Flippes a aussi frappé (15-9, 28e). Les Bleues vont évoluer à quatre en raison d’un mauvais changement (Lucie Granier). Malin Aune, depuis l’aile droite, réussit un triplé (15-10, 28e). Olivier Krumbholz pose un premier temps-mort. Grosse erreur de Veronica Kristiansen qui est exclue alors que les Bleues étaient au bord du refus de jeu. Allison Pineau marque un 4e jet de 7m (16-10). Balle de +7 pour les Bleues face à quatre Norvégiennes. La confusion règne sur le terrain. Un jet de 7m est accordé à la Norvège suite à une faute manifeste d’Estelle NzevMinko qui est sanctionnée d’une exclusion. Mais la table peine à afficher les bons numéros de maillot. De cette fin de première période hallucinante, la Norvège se relance avec les buts de Nora Mork (7m) et de Henny Reistad. À la fin du premier acte, les Bleues mènent encore 16 à 12 dans cette finale qui a pris une tournure inédite.

Les nombreux supporters français ont soutenu leurs protégées pendant 60 minutes. (Photo FFHandball / Iconsport).

L’incroyable retour des Norvégiennes.
Nora Mork marque d’entrée pour ramener son équipe à -3 (16-13, 31e). Kari Brattset y va aussi de son but puis un arrêt de Silje Solbert permet à la Norvège de revenir tour près (16-15, 32e) et même d’égaliser avec Henny Reistad (16-16, 33e). Quel retour des Norvégiennes, quelle finale ! Pauletta Foppa remet son équipe devant mais Stine Oftedal envoie un tir sous la barre de Laura Glauser prcieuse en 1ère période. Le match a repris avec une intensité folle. La capitaine Coralie Lassource inscrit le 18e but tricolore (18-17, 35e). Mais Henny Reistad est en train de retourner la table avec un 4e but en 7 minutes. La Parisienne Coralie Lassource marque encore mais la Norvège pointe devant après 38 minutes (19-20) et le but de la jumelle de la Silje Solberg, Sanna. C’est d’ailleurs l’ailière gauche qui est exclue 2 minutes après un nouveau but de Kari Brattset. Cléopatre Darleux La Norvège s’offre même un +3 (19-22 et 20-23) dans un Palau d’Esports bouillant ! Temps-mort pris par le coach français qui lance Orlane Kanor. Il semble que les Bleues souffrent physiquement. La défense peine à contenir les offensives norvégiennes. L’attaque n’arrive plus à déborder les Scandinaves au point qu’Olivier Krumbholz pose son troisième temps-mort, seulement deux minutes après avoir appelé ses joueuses. Le Lorrain sent que son équipe perd le fil de la rencontre. Ça tourne mal avec l’exclusion d’Alicia Toublanc et le jet de 7 marqué ensuite par Nora Mork. La Norvège compte quatre buts d’avance (48e, 24-20) et a totalement pris le contrôle des événements. Les Bleues menaient 16 à 10 à la 28e minute avant cet invraisemblable retournement de situation. L’issue de la finale penche nettement du côté de Stine Oftedal et ses partenaires qui mènent 26 à 20 (52e). Laura Flippes entretient l’espoir puis Chloé Valentini peut aussi réduire la marque mais Silje Solberg réalise son 9e arrêt. Après 6 minutes sans marquer, Sanna Solberg renvoie l’équipe de France à -6 (21-27) alors que le money-time de cette finale vient de débuter. Stine Oftedal puis Henny Reistad consolident la victoire de la Norvège (21-29, 57e). Le score de la 2e période est de 17-5 en faveur des Norvégiennes, c’est dire à quel point le jeu des Bleues s’est délité. Après huit victoires consécutives et une première mi-temps convaincante, les Bleues se sont effondrées face à leurs meilleurs ennemies. Une défaite lourde, 29 à 22, qu’il faudra prendre le temps de digérer.

Hubert Guériau

Palmarès au Mondial :
1999 – médaille d’argent
2003 – médaille d’or
2009 – médaille d’argent
2011 – médaille d’argent
2017 – médaille d’or
2021 – médaille d’argent

Grace Zaadi Deuna face à la pivot Kari Brattset. (Photo FFHandball / Iconsport).

Déclarations :
Olivier Krumbholz :
Ça a été un match en deux parties, une première partie de rêve où on mène de six buts et, à ce moment-là, on fait de très grosses erreurs. Ce n’est pas possible de faire de grosses erreurs si on veut battre ce type d’équipe. Les Norvégiennes ont repris de l’énergie, elles s’en sortent bien au niveau du score, avec la domination que l’on a pu avoir. Et derrière, elles nous ont marché dessus, elles sont vite revenues au score, ça nous a mis un coup au moral. A ce moment-là, en plus on a encore raté pas mal de tirs. Derrière, c’était impossible, la dynamique avait changé. Elles se sont battues avec bravoure en défense, les gardiennes se sont battues. Il y a toujours des regrets, mais c’était la première finale pour certaines, la compétition a été longue, il y a neuf matches. Peut-être que la prochaine fois quand elles vont revenir, elles auront plus d’expérience, et on maîtrisera mieux la finale comme on a su les maîtriser par le passé.

Estelle Nze Minko : On est à +6 dans le match et à la 35e minute, on est quasiment déjà à match nul. Elles sont revenues hyper vite. C’est compliqué, je ne sais pas trop. Il nous a manqué de tout. On a baissé l’agressivité en défense, on a moins monté les ballons, on a eu des échecs au tir en montée de balle, on a galéré à trouver des solutions en attaque, cela fait beaucoup pour espérer gagner contre la Norvège. Je respecte à fond cette équipe mais c’est plutôt une attaque exceptionnelle qu’une défense exceptionnelle. Mais bon aujourd’hui, on n’a pas réussi à trouver les solutions et quand on les trouvait, on se faisait bâcher. Sur ce match, clairement, je pense qu’on les a vraiment impactées mentalement en première mi-temps et contrairement à nous, elles ont réussi à revenir, donc elles ont été meilleures.
À propos de sa sanction de 2 minutes : Bien sûr c’est un tournant parce qu’à ce moment-là on peut marquer. En plus de ça, c’est improbable de prendre deux minutes en attaque. Même si à ce moment-là du match, on est encore dans le truc, c’est un fait de jeu « chiant » mais elles sont quand même à deux de moins sur le terrain et il y a moyen de compenser, mais cela ne s’est pas passé comme ça.

Grace Zaadi Deuna : Malheureusement nous n’aurez pas les explications tout de suite parce que nous-mêmes, pour l’instant, on n’a pas encore débriefé. Il y a beaucoup de déception de sortir de ce tournoi, de cette manière, en ayant joué, au final, 30 minutes. On est déçues et un peu frustrées mais bon c’est comme ça. On ne crache pas sur la médaille d’argent mais on aurait aimé finir en beauté. On a eu un beau parcours, et on aurait aimé nous battre avec toutes nos armes, mais ce soir, ce n’était pas ça. Je ne veux pas dire que la Norvège n’a pas mérité ou n’est pas allée chercher son titre, parce qu’elles reviennent avec beaucoup d’agressivité et beaucoup d’intentions. On savait qu’elles reviendraient fort, mais on n’a pas mesuré à quel point et comment elles pouvaient revenir fort. J’ai l’impression qu’on les a laissées prendre ce match-là et quand on a voulu réagir, c’était trop tard. On aurait dû refaire la même première mi-temps, où on a été beaucoup plus audacieuses. Je ne veux pas me cacher derrière la fatigue, mais c’est vrai que j’arrive en fin de compétition un peu usée, clairement. C’est comme ça, mais je reste persuadée que l’on avait les ressources de faire un match différent.

Coralie Lassource : Je ne sais pas si cela va nous hanter longtemps, c’est juste que pour l’instant on est déçues, forcément. On s’attendait à mieux, surtout au vu de notre première mi-temps. C’est la loi du sport, il y a un gagnant, un perdant, c’est comme ça. Après, je pense qu’avec du recul, on sera contentes de remporter une médaille. Disputer une finale mondiale quelques mois après une finale des Jeux olympiques, c’est quand même quelque chose d’extraordinaire. À chaud, c’est compliqué de parler et d’être satisfaites mais je pense que cela viendra avec le temps. Je pense qu’on a fait un flop total, je ne sais pas si c’est physiquement ou mentalement. Elles sont revenues en 2e mi-temps plus fortes, nous peut-être un peu trop sereines. Je ne sais pas. Franchement je n’ai rien pour qualifier notre 2e période. Il faudra peut-être revoir les images pour comprendre un peu, avec du recul, ce qui a failli.

Statistiques :
France Norvège : 22-29 (16-12)
Palau d’Esports, à Granollers – 4 316 spectateurs
Arbitres : V. Alpaidze et T. Berezkina (Rus)

France 
Entraîneur :
Olivier Krumbholz
Gardiennes : Darleux (19’, 5 arrêts sur 12) – Glauser (38’, 6 arrêts sur 27)
Nocandy (1/1) – Toublanc (1/3) – Valentini (0/1) – Pineau (4/5 aux pen) – Lassource (cap) (2/2) – Zaadi Deuna (2/6) – Sercien-Ugolin (2/3) – Flippes (2/4) – Kanor – Horacek (1/5) – Edwige – Foppa (3/4) – Nze Minko (2/3) – Granier (2/4)
Exclusions temporaires : Nocandy – Toublanc – Nze Minko – Granier

Norvège
Entraîneur : Thorir Heigeirsson
Gardiennes : S. Solberg (33‘, 12 arrêts sur 24) – Lunde (23‘ , 2 arrêts sur 12)
Reistad (6/9) – Hegh Arntzen – Kristiansen (2/4) – Mork (5/10 don’t 2/2 aux pen) – Bredal-Oftedal (cap) (5/8) – Aune (3/3) – Brattset (5/5)- Ingstadt – Hoddahl – Jacobsen (1/2) – Herrem – Solberg-Isaksen (2/3) – Breistol – Aardahl
Exclusions temporaires : Kristiansen – Solberg-Isaksen – Breistol

LE GROUPE : 18 JOUEUSES
Gardiennes : Cléopatre DARLEUX (Brest Bretagne HB) – Laura GLAUSER (Györ)
Ailières gauches : Coralie LASSOURCE (cap – Brest Bretagne HB) – Chloé VALENTINI (Metz HB)
Arrières gauches : Orlane KANOR (Metz HB) – Estelle NZE MINKO (Györ) – Allison PINEAU (Buducnost)
Pivots : Béatrice EDWIGE (Rostov) – Pauletta FOPPA (Brest Bretagne HB)
Demi-centres : Tamara HORACEK (Metz HB) – Méline NOCANDY (Metz HB) – Grace ZAADI DEUNA (Rostov)
Arrières droites : Laura FLIPPES (Paris 92) – Océane SERCIEN-UGOLIN (Krim Ljubljana)
Ailières droites : Lucie GRANIER (ES Besançon) – Alicia TOUBLANC (Brest Bretagne HB)
À disposition du groupe : Orlane AHANDA (Neptunes de Nantes) – Catherine GABRIEL (Paris 92)

LE STAFF :
Entraîneur : Olivier KRUMBHOLZ
Adjoints : Sébastien GARDILLOU
Préparation physique : Pierre TERZI
Médecin : Cindy CONORT
Kinésithérapeutes : Cezare COCUZZA, Célestin DAILLY, Pierre GILLET
Analyste vidéo : Christophe CAILLABET et David BURGUIN
Préparateur mental : Pascal NIGGEL
Relation médias : Diane PROUHET
Directeur Technique National : Pascal BOURGEAIS
Chef de délégation : Rémy LÉVY

RÉSULTATS & PROGRAMME

Mondial IHF 2021 en Espagne : 3 au 19 décembre
Finale à Granollers
Dimanche 19 décembre :
France Norvège : 22-29 (16-12) / Places 3-4 : Espagne – Danemark : 28-35 (13-16)

Demi-finales à Granollers
Vendredi 17 décembre : France
– Danemark : 23-22 (10-12) et à 20h30 : Espagne – Norvège : 21-27 (11-11)

Quarts de finale à Granollers
Mercredi 15 décembre : France
– Suède : 31-26 (15-15) / Russie – Norvège : 28-33 (15-19)
Mardi 14 décembre : Danemark – Brésil : 30-25 (14-13) / Espagne – Allemagne : 26-21 (14-10)

Tour principal à Granollers : France – Monténégro – Slovénie – Russie – Serbie – Pologne
Classement groupe I : 1/ France 10 pts 2/ Russie 7 pts 3/ Serbie 6 pts 4/ Pologne 4 pts 5/ Slovénie 3 pts 6/ Monténégro 0 pt
Jeudi 9 décembre : France – Pologne : 26-16 (14-9) / Russie – Slovénie : 26-26 (14-15) / Monténégro – Serbie : 25-27 (18-14)
Samedi 11 décembre : Serbie – France : 19-22 (12-9) / Monténégro – Russie : 25-31 (10-18) / Slovénie – Pologne : 26-27 (13-12)
Lundi 13 décembre : Russie – France : 28-33 (12-17) / Pologne – Monténégro : 33-27 (16-9) / Serbie – Slovénie : 31-25 (16-9)

Tour préliminaire à Granollers : France – Monténégro – Angola – Slovénie
Vendredi 3 décembre : France – Angola : 30-20 (13-9) / Monténégro – Slovénie : 18-28 (8-16)
Dimanche 5 décembre : Slovénie – France : 18-29 (8-13) / Monténégro – Angola : 30-20 (11-9)
Mardi 7 décembre : Angola – Slovénie : 25-25 (14-13) / France – Monténégro : 24-19 (12-12)
Classement : 1/ France 6 pts 2/ Slovénie 3 pts 3/ Monténégro 2 pts 4/ Angola 1 pt