Ce n’était naturellement pas le plan de voyage prévu : au lieu de filer à Malmö pour disputer le Tour Principal, les Bleus sont arrivés à Paris ce mercredi matin. Le collectif, joueurs et staff, restera réuni encore 24 heures afin de préparer, dès à présent, la suite de la saison ô combien décisive : le Tournoi de Qualification Olympique, du 17 au 19 avril 2020, à Paris (AccorHotels Aréna).
Le bilan comptable est implacable. L’équipe de France a été boutée hors du tour préliminaire de l’EHF EURO 2020, une sortie historique à ce niveau. Outre la douleur de la défaite et un retour prématuré à la maison, les conséquences sont nombreuses. En premier lieu, la qualification pour les Jeux olympiques, en avril, puis pour le Mondial 2021, en juin, qui sont à conquérir. L’affaire est terriblement angoissante car il reste à cocher les cases en face d’adversaires qui se dévoileront à la fin de l’Euro disputé à Stockholm. En second lieu, une liste des envies éborgnée : ses diffusions télés, ses voyages de supporters, ses rituels de retours, ses sourires, ses plaisirs envolés.
Aux premières heures d’une nouvelle nuit interminable, la carlingue s’est arrachée de Norvège emportant tous les doutes et les rancœurs d’un collectif tricolore qui collectionnait jusque-là les médailles. Car depuis 2014, les Bleus ont, chaque année, remporté une médaille venue grossir l’invraisemblable palmarès. Au lendemain de la déroute norvégienne, la remarque n’est pas superflue puisque la série n’est pas interrompue : le tournoi olympique estival pourrait assurer cette continuité exceptionnelle, et son caractère antinomique ; car jamais une équipe nationale, tous sports confondus, n’a accumulé autant de sacres, de breloques, au point de les banaliser. Jusqu’à s’exposer à une critique virulente et parfois excessive, dès la première sortie de route venue. Une frustration toutefois légitime chez tous les supporters. « Je n’ai pas apprécié qu’on se jette sur le collectif, qu’on puisse parler de crise ou de démission. Il faut être conscient des efforts réalisés par tout le monde, rappelait ainsi mardi soir, le mesuré Didier Dinart, au moment de refermer cet EHF EURO 2020, dans le couloir blafard du Spektrum de Trondheim. Certes, on tombe de haut, mais il faut respecter le travail que les joueurs et le staff font. » Le Roc a encaissé, protégé et gardé de la dignité malgré la violence des coups portés. Il a offert à son collectif de se rassembler pour débriefer cet échec, le sien, celui du staff et des joueurs, à la Maison du Handball dès le retour de Scandinavie. Une première étape dans la construction des performances pour être aux rendez-vous des prochaines échéances internationales. Une première étape intermédiaire avant de redevenir une terreur pour une concurrence balayée durant des années.
Le dialogue sera au cœur du bilan car l’état d’urgence a été décrété par le DTN, Philippe Bana. « Il y a un état d’urgence que l’on doit manager et gérer comme des grands. L’équipe est en souffrance et elle doit se soigner. Nous allons travailler en ce sens. » Le diagnostic est le préambule indispensable pour s’engager sur le chemin de la guérison. Avec le sens du dévouement, de la franchise et de l’exigence qui les caractérise, ce sont aux hommes de trouver ensemble les bons remèdes. En puisant aussi dans l’histoire de cette équipe de France et dans sa capacité unique à se régénérer.
HGu