Trois pivots composent l’escouade tricolore pour les Jeux olympiques de Tokyo parmi lesquels Nicolas Tournat qui disputera pour la première fois l’épreuve. Le sociétaire de Kielce, transfuge du HBC Nantes pendant huit ans, a débuté sa formation au pôle de Poitiers, sous la direction d’un certain Érick Mathé.

Une super main
« Je pensais qu’il pourrait jouer en 1ère division mais franchement pas en équipe de France car il partait de très loin,
confie Érick Mathé qui avait recruté le jeune Nicolas Tournat, du haut de ses 15 ans, au pôle de Poitiers. C’était déjà un grand tout mou, si j’ose dire, et beaucoup étaient étonnés qu’il rentre au pôle avec zéro mobilité et zéro coordination. Et l’entraîneur adjoint de l’équipe de France d’ajouter : même du côté du handball, il y avait du travail. » Aujourd’hui, à 27 ans, la valeur du travail est toujours omniprésente pour ce grand gaillard de 2 mètres et 113 kg désormais exilé en Pologne après un long bail au HBC Nantes. « Mon arrivée à Kielce m’a fait découvrir plusieurs choses. J’ai notamment travaillé sur moi physiquement, j’ai séché, fait remarquer le jeune papa de deux enfants. Je me sens déjà beaucoup mieux mais je n’ai pas encore fini ma transformation. En Pologne, je suis sorti de mon confort et j’ai découvert une nouvelle culture qui me convient bien. Je suis satisfait. » Après le Final Four de la Ligue des champions 2018 où les deux compagnons de route avaient déjà pris la pose (Nicolas évoluait alors à Nantes et Érick Mathé était entraineur adjoint à Montpellier), cette fois c’est du côté du pays du soleil levant que la fierté du parcours accompli les rassemble. « Je le répète, il y avait beaucoup de travail. Je ne peux même pas citer le nombre de fois où il ne passait pas le moment de l’échauffement. Je l’envoyais seul face à un mur avec un ballon pour qu’il répète des gammes. Certes, dans son rôle de pivot ce n’est pas un passeur, mais je voulais qu’il devienne handballeur. Alors il râlait, comme il le fait encore, mais il ne bronchait pas. » Mais alors quelles étaient ses qualités ? « Une super main. Il travaille au service de l’équipe et il attire le ballon, argumente Érick Mathé. Dans le Poitou, il n’existait pas de grands gabarits et je crois qu’il y avait un peu de retard sur l’application de l’adage : un petit, on ne pourra pas le faire grandir, en revanche on peut faire d’un grand, un handballeur. Mentalement Nicolas ne lâche jamais. C’est un têtu, un râleur et il s’accroche tout le temps. » Passé ensuite entre les mains de Grégory Cojean, au HBC Nantes, le Niortais n’a cessé de progresser et de se métamorphoser au point de quitter son berceau nantais pour rejoindre Talent Dujshebaev. Au fil du temps et d’un travail permanent, Nicolas Tournat est devenu un athlète et un handballeur complet.

Érick Mathé a façonné Nicolas Tournat lors de ses premières années au pôle de Poitiers. (FFHandball / H.Guériau).

Détermination maximum
« S’engager à Kielce est significatif. Il a quitté le confort du HBC Nantes qui n’a rien à envier à Kielce, pour rejoindre un pays dont il ne maitrisait pas la langue. Il met tout en œuvre pour réussir. Il vit, mange et respire handball. Tout cela démontre sa détermination, poursuit Érick Mathé admiratif du chemin accompli par le pivot. Il chope les ballons facilement, Nico est un véritable aspirateur à ballon. Il est aussi un point de fixation très important, quand l’équipe est en crise de temps ou ne trouve plus de solutions, les joueurs autour lui jettent la balle et s’il ne marque pas, il obtient un penalty ou un deux minutes. » Autrefois cantonné à l’attaque, il a désormais élargi sa palette. « Thierry Anti l’a lancé en défense au côté de Rock Feliho. Auparavant il ne défendait pas du tout et c’était une limite chez lui. Ce défaut, il l’a aussi gommé en repliant rapidement. S’il n’est pas un défenseur à la hauteur de Luka Karabatic et de Ludovic Fabregas, il apporte une rotation sur laquelle on peut se reposer », estime Érick Mathé. « C’est vrai, j’ai changé. J’ai mûri aussi dans le jeu et il faut encore que je progresse, vise Nicolas Tournat qui ne feint pas son émotion de faire partie de l’escouade tricolore pour les J.O. Depuis tout petit, je suis les J.O. à la télévision. Il n y’a pas mieux, comme compétition. À partir du moment où je suis arrivé en équipe de France, j’ai toujours pensé à la perspective des Jeux. C’est une grande fierté d’être sélectionné. » Comme l’ensemble de la délégation tricolore, Nicolas Tournat est impatient de rejoindre le village des Jeux olympiques. « C’est bien la préparation mais il faudrait maintenant que cela commence. Nous avons une nouvelle équipe avec quelques anciens. Il faut qu’on construise notre truc et ces Jeux, on peut les gagner. Les Danois et les Espagnols ont plus gagné ces derniers temps. Nous ne sommes plus favoris mais nous avons la capacité d’aller chercher l’or car notre groupe est fort. »

Hubert Guériau

Nicolas Tournat est aussi devenue une alternative en défense. (FFHandball / Iconsport).

LA LISTE DES 15 SÉLECTIONNÉS POUR LES J.O.
Gardiens :
Yann GENTY (Paris SG HB) – Vincent GÉRARD (Paris SG HB)
Ailiers gauches : Hugo DESCAT (Montpellier HB) – Michaël GUIGOU (Usam Nîmes Gard) (c)
Arrière gauche : Nikola KARABATIC (Paris SG HB) – Timothey N’GUESSAN (FC Barcelone)
Demi-centres : Kentin MAHÉ (Veszprem) – Nedim REMILI (Paris SG)
Pivots : Ludovic FABREGAS (FC Barcelone) – Luka KARABATIC (Paris SG HB) – Nicolas TOURNAT (Kielce)
Arrières droits : Dika MEM (FC Barcelone) – Melvyn RICHARDSON (NC)
Ailiers droits : Luc ABALO (NC) – Valentin PORTE (Montpellier HB)

LES REMPLAÇANTS PRÉSENTS AU JAPON :
Rémi DESBONNET (Usam Nîmes Gard)
Romain LAGARDE (Pays d’Aix Université Club)

Le règlement sportif a été modifié et permet d’impliquer totalement le groupe retenu. Ce sont désormais 15 joueurs qui sont sélectionnés, sans distinction (initialement 14 joueurs et 1 remplaçant) pour le tournoi olympique. Ainsi, pour chaque match, le sélectionneur choisira 14 joueurs. Il sera toutefois possible, et seulement dans le cas suivant : suite à une blessure confirmée par la commission médicale, de changer, parmi les 28 joueurs de la liste élargie :
– jusqu’à la finale, un gardien,
– jusqu’au match des quarts de finale : un joueur.

LE STAFF
Entraîneur :
Guillaume GILLE
Entraîneur-adjoint : Érick MATHÉ
Entraîneur gardiens : Jean-Luc KIEFFER
Préparateur physique : Olivier MAURELLI
Analyste vidéo : Vincent GRIVEAU
Médecin : Pierre SÉBASTIEN
Kinésithérapeutes : Sébastien GAUTIER, Jean-Christophe MABIRE et Jacques MIQUEL
Relation médias : Hubert GUÉRIAU
Responsable administrative et logistique : Emmanuelle MOUSSET
Responsable exploitation de la Maison du handball : Alexandre TOURNAND

Préparation aux Jeux olympiques :
Mercredi 23 juin au mardi 6 juillet : stage à Créteil, Maison du handball
Lundi 5 juillet : annonce de la liste : 15 joueurs (au village)
Lundi 5 juillet à Paris : France – Égypte : 31-30 (16-16)
Samedi 10 au lundi 12 juillet : stage à Créteil, Maison du handball
Lundi 12 juillet : départ à 23h25 vers Tokyo
Mardi 13 au mardi 20 juillet : stage à Koshu (province de Yamanashi)
Dimanche 18 juillet, à 18h (11h, heure en France) (à Koshu) : Japon – France
Mardi 20 juillet : entrée au village olympique
Mercredi 21 juillet (à Tokyo) : France – Danemark

Tournoi olympique :
23 juillet au 8 août : Jeux olympiques de Tokyo
Samedi 24 juillet à 11h00 (soit 04h00 en France) : France vs Argentine
Lundi 26 juillet à 09h00 (soit 02h00 en France) : Brésil vs France
Mercredi 28 juillet à 21h30 (soit 14h30 en France) : France vs Allemagne
Vendredi 30 juillet à 14h15 (soit 07h15 en France) : France vs Espagne
Dimanche 1er août à 16h15 (soit 09h15 en France) : Norvège vs France
Mardi 03 août : quarts de finale
Jeudi 05 août : demi-finale
Samedi 07 août : places 3-4 et finale