L’ancienne gardienne de l’équipe de France a débuté sa nouvelle mission au sein du staff de l’équipe de France, en tant qu’entraîneure des gardiennes. Amandine Leynaud se sent totalement investie et épanouie dans ce nouveau rôle où elle compte apporter toute son expérience.

Comment as-tu préparé ton sac avant de rejoindre le stage, dans un nouveau rôle ?
Je ne savais pas quoi mettre dedans, quelles tenues prendre notamment si des sponsors avaient changé. Alors j’ai appelé Diane Prouhet, la meilleure personne pour les questions logistiques. Elle m’a dit : « t’inquiète, on a tout prévu ». Si je prends un seul exemple, la couleur des maillots d’entraînement est différente pour les joueuses et les membres du staff.

Dimanche soir à Nancy, tu es apparue sur le banc dans une autre tenue et avec ton petit carnet jaune à la main…
Oui je me suis fait la remarque aussi, car c’était la première fois que j’allais sur le banc en jean. Le carnet jaune restait auparavant dans ma chambre. Désormais je le garde avec moi pendant les matchs. Cela me permet de recueillir plus d’infos pour les gardiennes, sur l’état de forme des adversaires, en particulier sur les tireuses. C’était d’autant plus important que l’on pourrait, je l’espère, rejouer l’Allemagne au tour principal de l’Euro.

En tant que gardienne, lorsque tu étais sur le banc, tu échangeais avec ta partenaire sur le terrain. Comment te comportes-tu aujourd’hui ?
C’est en effet nouveau pour moi car je n’ai plus besoin de me concentrer sur ma performance. Je sais à quel point cela peut être perturbant quand on te donne trop d’infos lorsque tu es dans les cages. Tout en donnant des conseils aux gardiennes, il faut les laisser jouer, ce sont des professionnelles. Il est nécessaire de trouver le juste équilibre, en fonction des individues. Aujourd’hui je suis uniquement concentrée sur ce rôle. Si je compare avec les deux dernières saisons à Györ, j’avais en plus la pression d’être performante – j’étais censée moins jouer – et c’était parfois compliqué de mener deux missions parallèles.

Et quelle communication engages-tu avec l’autre gardienne qui reste sur le banc ?
Dimanche soir, c’était plus manifeste lors de la première mi-temps avec Floriane André qui était dans la découverte, aussi parce qu’elle n’avait jamais joué contre l’Allemagne. Depuis le bord du terrain, la perception des rythmes et des tirs n’est pas la même que depuis le banc. Communiquer avec Floriane pendant la première période m’a permis de ne pas lui redonner de conseils à la mi-temps et de la laisser se concentrer vraiment sur ce qu’elle avait à faire. Pour la 2e mi-temps, Olivier avait décidé de changer avec Laura Glauser. Ensuite, les échanges se sont poursuivis avec Laura si elle avait été amenée à rentrer à nouveau.

Floriane André a stoppé le dernier ballon qui a préservé la victoire de l’équipe de France. C’est un sacré clin d’œil…
Je suis surtout hyper contente pour Floriane : c’est son arrêt, pas le mien. Je suis satisfaite qu’elle ait réussi à se lâcher, à prendre confiance dans son rôle. C’était important qu’elle joue ce match. Tu apprends en jouant des matchs, encore plus pour une gardienne où la maturité et l’expérience sont importantes. En ce sens, c’était un très bon match pour apprendre.

En quoi ton rythme est différent en tant que membre du staff ?
Il faut être vraiment disponible pour gérer des choses au cas par cas. Par exemple, après un entraînement ou un match, c’est un retour au calme pour la joueuse. Pour le staff, au contraire, tu dois débriefer et enchaîner sur la préparation de l’entraînement suivant. Ce sont notamment des moments d’échanges avec Olivier Krumbholz et Sébastien Gardillou qui met les situations en place. Cela me permet de savoir comment et quand intervenir, en particulier pour les séances adaptées aux gardiennes pour les faire travailler sur des aspects précis. C’était une bonne semaine d’apprentissage pour moi, hyper enrichissante.

Avec les collègues du staff, comment s’est opérée ton intégration, ce passage d’athlète à technicienne ?
Je me sens suis sentie hyper à l’aise car je connais le fonctionnement des collègues. C’est un vrai plus de les connaître humainement, tu sais à quel moment tu peux les solliciter ou pas, en fonction aussi des contraintes du quotidien. C’est un vrai plus aussi d’être proche des filles.

Dans l’histoire de l’équipe de France féminine, tu es la première joueuse à intégrer le staff sur une fonction – entraîneure des gardiennes – qui n’était pas pourvue jusqu’à présent…
C’est une preuve de confiance de la part d’Olivier et de tout le staff. Je suis certes la première joueuse à rejoindre le staff mais personne n’a fait auparavant cette démarche pour être entraîneure des gardiennes.  Avec Olivier, nous avons toujours été dans l’échange et il m’a vu évoluer avec Laura et Cléo : plus elles étaient performantes, plus je devais l’être aussi. Je crois que nous avons toujours eu une relation très professionnelle et de confiance. Je suis hyper heureuse d’être là.

Olivier a-t-il sollicité ton avis sur le choix des gardiennes, notamment sur le second match à Nancy, avec l’entrée de Floriane André ?
C’est bien évidemment Olivier qui fait les choix même s’il consulte son staff et qu’il est à l’écoute de ses joueuses. Clairement, dimanche, il a fait le bon choix à mon avis, au vu des performances de Cléo en ligue des champions et du fait que Laura a moins joué en club. Il souhaitait aussi faire progresser Floriane. C’était un choix juste.

Après une longue carrière internationale avec ses nombreux stages et déplacements, ce rythme avec l’équipe de France te convient-il mieux ?
Oui bien sûr que cela compte ; je me sens bien dans ce rythme. Je ne souhaitais pas repartir dans le rythme d’une équipe de club encore moins de cumuler club et équipe nationale. Je suis très attachée à l’équipe de France et un poste au sein du staff ne se refuse pas. Tu sais ce que tu dois donner pendant le stage et le travail de suivi en dehors qui va s’agrémenter de missions supplémentaires.

Membre du staff signifie aussi bénéficier d’une chambre seule…
J’ai longtemps partagé la chambre avec Camille Ayglon-Saurina puis avec Alexandra Lacrabère. Lors des derniers J.O., j’étais seule, c’était peut-être pour m’habituer et faire la transition (rire). Être seule est un peu perturbant mais, en même temps, quand tu prends de l’âge, c’est important d’avoir son intimité, surtout lors du mois de compétition.

Propos recueillis par Hubert Guériau