Seul binôme féminin présent sur le Mondial IHF 2021, Charlotte et Julie Bonaventura reviennent sur leur parcours en Égypte.

Combien de matches avez-vous arbitré pendant ce Mondial ?
Nous avons été désignées sur un total de huit matches : trois sur le tour préliminaire, quatre au tour principal et un quart de finale. Nous étions également arbitres de réserve sur la demi-finale Espagne – Danemark et lors de la finale Espagne – Suède.

Après le huitième de finale masculin sifflé en 2017, ce quart de finale Qatar – Suède était une première pour vous à ce niveau. Avez-vous ressenti une forme de pression supplémentaire ?
On l’a pris comme un match de plus à arbitrer, un match qui s’est ajouté à ceux des tours préliminaire et principal. Nous prenons beaucoup de recul sur les matches. On ne s’en fait pas une montagne.

Quels étaient les thèmes évoqués lors du séminaire organisé par l’IHF en amont du Mondial ?
Avant de nous rendre en Égypte, nous avions suivi trois séminaires en ligne au cours du mois de décembre, notamment sur le jeu passif et les sanctions. Lors du séminaire au Caire, la règle 8 (sanctions) a fait l’objet d’un retour supplémentaire.

Pouvez-vous en détailler les contours ?
Le principe est de maintenir la même ligne de sanctions notamment pour les fautes qui méritent 2 minutes directes plutôt que des cartons jaunes qui ne servent très souvent à rien. Un travail spécifique avec la commission des entraineurs a été effectué notamment sur ce que l’on appelle les « Hollywood action ». Cela concerne les fautes des attaquants qui font semblant de prendre des coups au visage, les défenseurs qui se jettent avant d’être touchés, les hyper réactions en général.

Regrettez-vous d’avoir sifflé uniquement dans la salle principale du Caire ?
La répartition des binômes, c’est de la géopolitique ! Elle tient compte de la configuration de la compétition, des équipes engagées et des groupes. Il y avait quatre groupes :  Alexandrie, New Capital, Le Caire et la Ville du 06 octobre. Nous avons eu de la chance de siffler toujours dans la même salle du Caire car c’était plutôt pénible d’effectuer 01h30 de voiture pour se rendre sur les autres sites. C’est simplement dommage de ne pas avoir vu d’autres équipes.

Les arbitres étaient placés dans une bulle avec les équipes. En quoi était-ce différent des compétitions précédentes ?
Oui habituellement, tout est beaucoup plus cloisonné. C’était franchement sympa de croiser les entraîneurs et les joueurs en dehors de la tension matches. Nous avons ainsi pu discuter et revenir parfois sur des situations de match. Je crois que cette cohabitation s’est plutôt bien passée.

Vous étiez l’unique paire féminine désignée sur ce Mondial. Est-ce une fierté particulière de représenter le corps arbitral féminin ?
Nous n’avons pas cette prétention : on ne représente que nous-mêmes et l’arbitrage français. En revanche, si notre parcours peut inspirer des arbitres féminines, c’est tant mieux.

Vous êtes sœurs jumelles et exposées médiatiquement au travers des compétitions. Comment se concrétise cette notoriété ?
Pendant le Mondial, de nombreux bénévoles nous sollicitaient pour réaliser des selfies. Ils attendaient leur tour en nous disant « vous êtes des stars en Égypte ». On ne se prend pas au sérieux et cela nous fait bien sourire. Lundi passé, à 06h du matin à Roissy, une fonctionnaire des Douanes nous a sollicitées aussi pour une photo en nous indiquant : « vous êtes les sœurs Bonaventura. J’ai joué au handball, je vous connais. » Donc oui, cela nous arrive fréquemment d’être reconnues et c’est sympathique. Il est certain aussi que le fait d’être jumelles est un caractère aggravant (rires).

Allez-vous siffler sur les prochains TQO ? Et sur les J.O. ?
L’an passé, avant le report des J.O. de Tokyo, nous étions désignées sur le TQO féminin en Hongrie. À date, nous ne savons pas si l’IHF va maintenir les désignations car certains binômes, en raison des contraintes sanitaires, ne pourront pas voyager. Et sans faire preuve d’arrogance, nous sommes plutôt bien placées pour le rendez-vous olympique, après Londres et Rio.

Si la pandémie perturbe aussi le bon déroulé des championnats professionnels, il est fait peu de cas de la situation économique des arbitres…
Cette absence de rentrées d’argent, entre mars et septembre, a touché tout le monde. Et pour certains, qui s’étaient mis à temps partiel ou à mi-temps dans leur activité professionnelle, la situation est parfois devenue difficile car il n’y a pas eu d’aides ou de compensations.

Connaissez-vous votre planning des prochaines semaines, notamment pour les coupes d’Europe ?
C’est clairement un gros casse-tête pour l’EHF, notamment pour la Ligue des Champions. Les désignations interviennent à une semaine – 10 jours, avant les matches. C’est un délai très court pour s’organiser. Sur les championnats de France, nous disposons de trois semaines de visibilité. La septaine au retour d’Égypte, nous a empêché de siffler ces derniers jours et après les tests PCR de contrôle, nous devrions siffler le match de Lidl StarLigue entre Saint-Raphaël et Montpellier, le samedi 13 février.

Propos recueillis par Hubert Guériau