Le président de la Commission Statuts et de la Règlementation de la FFHandball verra sa carrière de dirigeant bénévole s’achever ce samedi 28 novembre avec le renouvellement du conseil d‘Administration. Claude Perruchet revient sur son parcours.

Que t’inspire cette fin de parcours fédéral imminente ?
Je mets effectivement un terme à 36 années passées dans les instances dirigeantes de la fédération depuis 1984, d’abord comme secrétaire général adjoint, puis comme secrétaire général de 1988 à 2008, et enfin comme président de la commission nationale des statuts et de la réglementation, jusqu’à maintenant. Ces 36 ans, à quelques mois près, c’est la moitié de ma vie !

Et tu as été le collaborateur de trois des six présidents que compte la fédération…
En effet, ces 36 ans représentent trois fois trois mandats, avec trois présidents : Jean-Pierre Lacoux, André Amiel et Joël Delplanque. Et j’ai aujourd’hui une pensée particulière pour André Amiel, qui manque beaucoup à beaucoup d’entre nous.

Secrétaire fédéral adjoint puis secrétaire fédéral, enfin président de la commission Statuts et de la Règlementation de la FFHandball, ces 36 années sont une plongée au cœur des rendez-vous institutionnels de la fédération…
Ces 36 ans, c’est aussi 42 assemblées générales de la fédération. Je n’en avais pas tenu le compte, mais j’ai eu l’occasion de les compter il y a quelques temps quand nous en avons revu la numérotation pour prendre en compte les AG électroniques. Je n’en ai manqué qu’une seule depuis 1984 : celle de 1998 à Nice. Et pour l’anecdote, c’est quand même moi qui ai rédigé le procès-verbal à partir des enregistrements qu’on m’avait envoyé.

42, c’est près de la moitié de l’histoire fédérale…
42 assemblées générales, et même plus en comptant celle de 1976 à Chamonix, qui était ma première, encore sous l’ère Paillou, puis celle de septembre 1982 pour l’élection de Jean-Pierre Lacoux et le fameux « Paillou – Lacoux, même discours » qui faisait référence à leur position vis-à-vis de la publicité. Jean-Pierre Lacoux a évolué par la suite.

Quels sont tes souvenirs marquants ?
Il y a eu de grands moments de plaisirs et d’émotion. Deux me viennent immédiatement à l’esprit. D’abord 1992 à Barcelone : lorsqu’avec Monique Ansquer nous nous sommes retrouvés GO d’un groupe de supporters partis de Paris en bus et logés dans une auberge de jeunesse à Granollers. Et ce fut la première médaille olympique. Et 1995 en Islande avec André Amiel, Jean Férignac et encore Monique, et ce fameux déplacement à Akureyri dans le grand nord pour le 1/8e de finale contre l’Espagne. Et ce fut le premier titre mondial. Qui nous a valu, à André Amiel et à moi, de revenir en France « la boule à zéro ». Il y a eu aussi 2001, 2003 et tous les autres …

Cette année 2020, marquera donc la fin de ton parcours de handball…
Aujourd’hui, en 2020, c’est aussi 50 ans de licence fédérale depuis 1970. Depuis qu’un professeur d’éducation physique m’a amené au handball fédéral alors que je n’avais connu que le scolaire et l’universitaire (certains le savent, j’étais plutôt rugbyman).

Outre les trois présidents fédéraux que tu as côtoyés, quels sont les personnages qui ont marqué ton parcours ?
D’abord François Garrido le prof que je viens d’évoquer, qui m’a poussé du club de Toulouse vers la Ligue des Pyrénées. Puis, Patricia Michalak présidente de la Ligue dans les années 90, et dont j’ai eu le plaisir d’être d’abord le secrétaire général, puis le vice-président, là-aussi pendant trois mandats. Patricia Michalak, qui a initié la rupture de l’alternance Paris-Province des assemblées générales fédérales avec celle de 1989 à Toulouse, alors que la Fédération vivait un intérim présidentiel assuré par une autre femme, notre chère Marguerite Viala. Depuis, toutes les assemblées générales non-électives se sont en effet tenues en province.
Enfin Alain Mouchel, qui m’a tout appris du fonctionnement fédéral quand j’ai débarqué à Paris en 1983, d’abord à la commission sportive avec Maurice Krier, puis Alain m’a incité à me présenter aux élections de 1984. C’était parti pour ces 36 années.

Pendant toutes ces années, tu as sillonné les Territoires…
Oui naturellement dans les Ligues et les Comités par exemple avec les réunions de zone qui étaient des moments d’échanges importants, ou encore avec les Ligues ultramarines lors de nos réunions annuelles. Aussi les rencontres directement avec les clubs, particulièrement dans les assemblées générales des Ligues. Je crois que j’ai assisté à environ une centaine d’AG en région. Ce sont aussi les rencontres avec les secrétaires généraux de Ligue dans les réunions annuelles dont nous avions organisé la première en mai 1989, parmi lesquels Jean Brihault, futur président de l’EHF, Christian Pechmeja, « grand maître des qualifications » pendant de nombreuses années, et deux de ces pionniers qui sont encore en activité aujourd’hui : Christian Dumé, président de la CNCG et Jean-Claude Hebras, membre de la COC nationale

Tu sembles accorder une importance majeure à toutes ces rencontres…
Oui toutes ces rencontres, c’est certainement le plus important pour moi. Certains connaissent mon attachement aux choses de l’aviation – ce fut mon activité professionnelle – et mon activité de pilote privé. Il faut donc que je cite quelqu’un que j’aime beaucoup, même si c’est un personnage compliqué, c’est Antoine de Saint-Exupéry qui a écrit dans Terre des Hommes en 1938 : « Il n’est qu’un luxe véritable : c’est celui des relations humaines. » L’Humain a toujours été une valeur importante dans notre fédération. Je forme le vœu qu’elle le reste, à une époque où les évolutions de notre organisation et notre fonctionnement vers plus de professionnalisation pour une meilleure efficience, sont inéluctables.

À partir de lundi prochain, ton emploi du temps sera allégé. Quelles seront tes occupations ?
Je suis féru de conférences à l’Université du Temps Libre de Toulouse, où je passe de 4 à 5 demi-journées par semaine même si, actuellement, je les suis à distance. Je vais aussi me rapprocher du comité d’organisation du rallye Toulouse – Saint-Louis du Sénégal, rallye aérien auquel j’ai déjà participé huit fois. Je suis à la retraite depuis plus de 10 ans et je n’ai pas encore pris le temps de ranger toutes les photos accumulées. Par exemple, celles d’Islande en 95 doivent faire l’objet d’un tri. Je pense aussi prendre le temps de voyager.

Une dernière anecdote qui te tient à cœur ?
Jean-Pierre Lacoux m’avait demandé, en 1988, je crois, de représenter la Fédération pour une demi-finale de championnat de France N3 au stade de l’Est à Saint-Denis de la Réunion. L’équipe de Saint-Pierre emmenée par Jackson Richardson s’était imposée sur celle de Montpellier où évoluait Philippe Médard. À la fin du match, Mémé avait offert son maillot à Jackson qui lui avait pourtant mis un beau paquet de buts. Jackson était alors peu connu et il a ensuite quitté la Réunion pour entrer au Bataillon de Joinville.

Propos recueillis par HGu