Au sortir de la première semaine internationale de la saison 2019-2020, le patron des Bleus dresse le bilan et se tourne vers la saison dont l’objectif ultime demeure les Jeux olympiques de Tokyo 2020.

Quel bilan tires-tu de cette première semaine internationale de la saison ?
C’est positif. Je me revois à la Maison du Handball en début de semaine dernière avec le planning prévu, tel un contre-la-montre. Il fallait essayer de mettre des choses en place, de remettre les joueurs en selle et de préparer l’entrée d’Élohim Prandi. On s’est aussi dit des choses, en effectuant un travail sur nous. C’est ainsi qu’avance un groupe, une famille. Lors des différents échanges, j’ai constaté que les joueurs étaient désireux de gagner ensemble.

Quelles choses se sont dites ?
Nous avons fait le bilan de la saison passée pour essayer de se projeter avec plus de perspectives en mettant le doigt là où il faut pour définir les champs d’actions. La saison qui se présente est critique et il faudra passer par certains endroits pour y arriver. Nous essayons de gagner du temps en préparation. Avec des joueurs investis, le travail entrepris permet d’avoir quelques certitudes qui vont nous aider à nous projeter. À nous de bien négocier la 2e étape de la préparation, du 26 au 30 décembre puis les deux matches de Golden League en France avant de disputer le championnat d’Europe.

La défaite de -6 au Portugal, en avril dernier, lors du 3e tour des qualifications à l’EHF EURO 2020, avait-elle laissé des traces ?
Il n’y a plus de petits matches et tout se joue à rien du tout. Il faut s’y préparer car toutes les équipes veulent se qualifier aux J.O. Nous avons su tirer les enseignements de la déconvenue de Guimaraes. Cette défaite était peut-être un mal pour un bien. Le collectif doit grandir et pour avancer tous ensemble, on doit se dire les choses. Et en effet, il y a eu beaucoup d’échanges cette semaine. Dans cette équipe, il y a trois générations et peut-être y’avait-il trop de respect et la crainte de prendre des initiatives.

Et du point de vue technique, quelles étaient les options de la semaine ?
Nous sommes toujours dans l’urgence : nous avons disposé de seulement trois séances d’entrainement et de deux matches. Ce que nous avons travaillé et réalisé lors des matches sont les prémices de choses positives. Nous avons reprécisé les enclenchements, travaillé sur une 5-1, et révisé le 7 contre 6. Disposer de deux principes défensifs permet de répondre lorsque les choses vont mal. Les joueurs adhèrent car ils sont conscients que cela nous a fait défaut lors de la demi-finale mondiale.

Sur le terrain, les deux victoires ont déjà validé quelques principes…
J’ai le sentiment que nous avons profité de cette semaine pour donner plus de responsabilités à des joueurs qui habituellement n’en avaient pas ou peu. Lorsque j’évoque les associations de joueurs, c’est concret avec l’intégration d’Élohim qui a pu s’exprimer. Ce n’est jamais évident de disputer ses premiers matches internationaux. Il avait tout ma confiance et il était déterminé. J’observe aussi que Romain Lagarde a grandi depuis qu’il a rejoint la Bundesliga. Dika Mem a réalisé un tournoi exceptionnel. Luc Abalo a également été efficace. Il est revenu dans l’équipe avec beaucoup d’énergie et l’envie d’aider le groupe.

En juillet dernier, tu as souhaité intégrer au staff un technicien supplémentaire. En quoi l‘arrivée de Jean-Luc Kieffer, spécialiste du poste des gardiens, est-elle bénéfique ?
Disposer d’un préparateur de gardien est très précieux. Je vois les gardiens d’un autre œil et j’ai désormais l’avis d’un spécialiste. Les trois gardiens ne sont plus livrés à eux-mêmes : ils travaillent ensemble. Nous avions besoin de quelqu’un pour les gérer et c’est très intéressant au sein du groupe. Auparavant, lorsque je préparais la technique, les trois gardiens étaient parfois sur le côté.

Sur cette Golden League, Jean-Luc Kieffer est apparu sur le banc de l’équipe de France.
Jean-Luc connait les points forts des gardiens et leur état d’esprit. Il a par exemple été de très bon conseil en lançant Wesley Pardin dans la série de jets de 7m. J’étais surpris et comme par hasard, il a réalisé l’arrêt qui nous permet de gagner. Je me pencherai avec Jean-Luc sur le choix des gardiens pour l’Euro car il a des critères que je n’ai pas.

Une séance où Élohim Prandi a aussi été mis en responsabilité…
J’étais en train d’écrire les noms des tireurs après que Michaël Guigou, Nedim Remili et Nicolas Claire se soient signalés. Alors qu’il était touché à la cheville, Élohim a insisté pour tirer aussi. Il dispose d’une sacrée for ce caractère et cela fait plaisir de voir un joueur passionné et autant investi.

Le groupe appelé à préparer l’EHF EURO 2020 sera-t-il élargi ?
À partir du moment où j’ai pris la décision de plus effectuer de remplacements et de travailler avec 17 joueurs, ce n’est clairement plus le moment d’ouvrir le groupe. Nous devrions ainsi débuter la préparation avec 20 joueurs. Il faudra utiliser les forces vives et nous appuyer sur les cadres, ceux qui ont de l’expérience. Nous avons besoin de joueurs déterminés et d’expérience. On ne se privera pas d’un Élohim Prandi qui ne tremble pas et qui va de l’avant. Les cadres ont mis du cœur de l’ouvrage pour aider le collectif. Ce groupe veut se donner les moyens d’y arriver. Pour la préparation, j’irai piocher parmi les quatre joueurs qui avaient été appelés mais qui ont dû déclarer forfait : Adrien Dipanda, Kentin Mahé, Yanis Lenne et Melvyn Richardson.

Les deux victoires obtenues dans cette Golden League, face au Danemark et à l’Espagne, sont-elles rassurantes ?
On s’est rassurés mais il s’agissait de matches amicaux. On préfère évidemment gagner des matches à l’Euro mais oui ces deux matches sont intéressants pour le capital confiance. Au regard du contenu de la semaine, je savais que les garçons ne lâcheraient pas en dépit des organismes fatigués.

HGu