Le responsable du Parcours de Performance Fédéral féminin commente l’actualité de la filière et s’inquiète de la tenue des concours d’entrée dans les pôles initialement prévus ce mois d’avril. Par ailleurs, le coach de l’équipe de France U20 espère que l’EHF EURO U19 sera bien organisé en Slovénie du 8 au 18 juillet.

Quelle est la météo de la filière dont tu as la responsabilité ?
La situation générale est difficile pour le dispositif avec un arrêt des pôles sur toute la période du mois d’avril. Les nouvelles dispositions gouvernementales ont amené le Bureau de la FFHandball du vendredi 2 avorl à surseoir aux quatre tournois interpoles-interligues prévus entre le 26 avril et le 3 mai. Les athlètes ne sont donc plus en face-à-face pédagogique, seulement en entretien physique individuel, et il ne serait pas raisonnable de les mettre en situation de compétition à la sortie de cette nouvelle période de confinement.

Quelles sont les conséquences pour l’orientation de ces jeunes joueuses ?
Au travers du SNU18 de février dernier, nous avons pu organiser cette étape de fléchage vers le secteur professionnel. Il n’y aura donc pas de difficultés sur leur orientation. La décision du BD de la FFHandball est logique et plus dommageable pour les athlètes que pour le dispositif qui va continuer à s’adapter. Je suis malheureux pour les joueuses de pôles qui sont privées d’activité.

Quelles sont les perspectives à court terme ?
On imagine bien pouvoir organiser un stage national 2005-2006, fin mai. Il est évident que le dispositif devra faire preuve de résilience. Il faudra être très adaptatif, à l’image de tout ce que l’on met en place depuis un an. Le principal sujet d’inquiétude concerne l’alimentation de nos structures. Le contexte sanitaire fait que les concours d’entrée dans les pôles devaient se tenir en avril. Il faudra s’adapter en organisant le recrutement sur le mois de mai, certainement avec une journée unique sans hébergement, car il y a urgence.

Quelle urgence précisément ?
Le système mis en place par l’éducation nationale nécessite de donner des listes nominatives suffisamment tôt. Mais à circonstances exceptionnelles, il faudra des procédures exceptionnelles. Il ne faut rien lâcher dans ce contexte car il est fondamental que les jeunes filles de 2006 et 2007 effectuent leur entrée dans les pôles. J’en appelle à la responsabilité de tous les élus, des Comités et des Ligues, pour soutenir l’action des techniciens. Bien sûr, je suis conscient que ce sera imparfait mais tout le monde doit se mobiliser au risque que ces jeunes filles perdent une année de formation. Le combat du moment, c’est l’intégration des jeunes filles dans les structures du PPF. Dans le plan général de reprise, ce n’est pas du tout secondaire.

Comment se présente le stage avec l’équipe de France U20 qui sera réunie du 11 au 21 avril à la MDH ?
Ce groupe que nous avons déjà rassemblé en décembre et en mars, a connu un renouvellement à 50 % si on le compare avec celui qui avait remporté la médaille de bronze à l’Euro U17 en 2019 avec Laurent Puigségur et Myriam Saïd-Mohamed. Le noyau dur de cette équipe est conservé et, en plus de ses caractéristiques particulières, il est renforcé par de jeunes joueuses à potentiel que l’on espère voir éclore progressivement. Ce groupe est travailleur et présente une bonne attitude.

Es-tu optimiste quant à la tenue de l’EHF l’EURO U19 en Slovénie du 8 au 18 juillet ?
Dès lors où l’EHF (fédération européenne) a concocté un championnat d’Europe inédit pour les U19 masculins en Croatie en août 2021, l’optimisme peut être de rigueur. L’Euro U19 se déroulera dans un contexte contraint, dans le cadre d’une bulle sanitaire avec des tests réguliers. Les nations se présenteront avec peu de repères car, dans l’immense majorité, elles n’ont pas joué de la saison. La hiérarchie sera certainement rebattue.

Quelles seront les principales étapes de la préparation à l’EHF EURO U19, du 8 au 18 juillet ?
Nous débuterons par un premier module, du 8 au 14 juin à la Maison du handball qui nous offre les meilleures conditions de préparation. Ensuite, du 22 au 29 juin, nous prendrons la direction de l’Espagne pour disputer le tournoi des 4 nations avec le pays hôte, le Portugal et l’Allemagne. Nous reviendrons ensuite le 2 juillet à Créteil avant de rallier la Slovénie.

Quel sera l’objectif de l’équipe de France U20 sur cet Euro ?
Peu importe les difficultés, toute équipe de France qui se présente sur une compétition internationale doit rentrer dans le carré final. Bien sûr, i faut parfois faire preuve d’humilité lorsque l’équipe est amenée à jouer les places de 5 à 8. Et même si sur cet Euro, le menu s’annonce très copieux, on essaiera de sortir du tour principal pour accéder aux demi-finales.

Avec seulement deux équipes qualifiées à l’issue du tour préliminaire, il ne faudra pas traîner en chemin…
Avec l’Autriche, la Croatie et le Monténégro, la première poule s’annonce plutôt ouverte. On se devra de sortir et si possible avec le maximum de points car le tour principal sera extrêmement difficile. On devrait logiquement retrouver la Hongrie, championne d’Europe en titre, avec son équipe U20 intégrée au championnat professionnel qui a pu jouer et s’entraîner toute la saison. J’estime aussi que la Norvège, qui devrait aussi se qualifier, est l’équipe qui présente le plus fort potentiel et j’en fais le favori de la compétition.

As-tu digéré de voir ton équipe privée l’an passé d’un Mondial U20 qui aurait bouclé son parcours dans les sélections jeunes ?
Je garde une grande frustration de ne pas avoir pu aller au Mondial U20 l’an dernier avec des joueuses de la génération 2000-2001 qui auraient certainement montré un visage séduisant. Je suis cependant heureux de voir que l’on pourra continuer de faire travailler les joueuses les plus prospectives dans un projet de 2024.

Justement, des joueuses qui ont été privées de ce Mondial U20 ont parallèlement été invitées à se joindre tout prochainement au groupe qui prépare les Jeux olympiques…
Le rythme de l’Olympiade en cours n’est plus de quatre ans mais de trois années, il est donc légitime que la Direction technique nationale lance cette initiative en parallèle du groupe qui prépare Tokyo. Avec Olivier Krumbholz et Sébastien Gardillou, nous avons défini ensemble la liste des joueuses qui sortent de l’équipe U20 et qui méritent un suivi particulier. Cette transition permet de poursuivre le continuum de formation-évaluation pour ces joueuses à fort potentiel dont certaines apparaissent régulièrement en Ligue Butagaz Énergie. En plus de Floriane André, d’Adja Ouattara, d’Emma Jacques, de Claire Vautier et de Clarisse Mairot, d’autres jeunes Françaises issues des deux dernières générations 1998-99 et 2000-01 sont appelées à renforcer ce noyau dur dans une équipe A’.

Propos recueillis par Hubert Guériau