L’entraîneure de l’équipe Saint-Amand HB est l’invitée de l’entretien du lundi. Florence Sauval évoque l’actualité de son club et livre son regard sur le secteur féminin.

Quel est l’objectif du club cette saison ?
Nous regardons les opportunités qui nous sont données d’évoluer dans un championnat différent car aujourd’hui la formule a changé avec une phase régulière à 14 équipes. Cette formule laisse une plus grande marge de manœuvre pour pérenniser notre projet sur la durée. La formule des play-offs et des play-downs ajoutait plus de pression et offrait moins de latitude. Pour construite un projet, c’était donc complexe car l’écart avec la D2F est très important. On ne se projette pas en parlant de maintien. On croque la compétition à pleines dents et on ne s’interdit rien. Nous avons plutôt tendance à regarder vers le haut, c’est notre leitmotiv. Nous avons le souhait, au quotidien, de progresser dans notre projet de jeu, afin de pouvoir, quels que soient les adversaires, être présentes.

Cette victoire face à Plan-de-Cuques, l’autre club promu, était-elle particulièrement attendue ?
Les filles attendaient ce match que nous avions coché. Nous sortions de trois semaines sans compétition car nous n’avons pas pu disputer la 3e journée, face à Toulon. Puis derrière, il y a eu la trêve internationale. Cette période ne nous a pas permis de nous installer dans un rythme. Nous avions récupéré l’intégralité de notre effectif et nous avions soif de pouvoir jouer face à un concurrent direct.

Un match aussi particulier puisque tu faisais face à Angélique Spincer que tu as suivie pendant sa formation du titre VI…
J’ai participé à quelques sessions de sa formation, plutôt sur les derniers modules, en tant que membre du jury. Angélique s’est bien préparée et s’est impliquée. Il est nécessaire d’apporter du soutien et de l’accompagnement pour aider à émerger dans cette activité.

Attaches-tu une importance à coacher face à une consœur ?
Franchement, je ne fais pas vraiment attention à cela mais ça fait plaisir. Outre Angélique, il y a Raphaëlle Tervel qui a aussi connu le très haut niveau. Toutes les deux veulent transmettre. L’émergence d’entraîneures n’est pas un effet de mode. Si elles peuvent donner envie de faire ce métier alors afin que les femmes soient plus nombreuses…

Outre la paire Tervel-Mariot à Besançon, tu formes l’autre duo féminin de la Ligue Butagaz Énergie avec Melinda Szabo ?
Nous sommes très complémentaires. Elle apporte de la sérénité. Nous sommes dans une relation de partage, d’écoute et de confiance. Avec son activité professionnelle (NDLR : aide-soignante), Melinda n’est pas toujours présente mais elle participe à l’essentiel des entraînements et aux matches. Elle est très forte dans l’animation et dans l’approche avec les joueuses. Elle pose un regard maternel et elle perçoit bien les émotions. Elle possède la capacité à bien échanger avec les joueuses pour me faire un retour et que nous puissions rapidement intervenir. Sur le banc, elle intervient notamment les changements attaque-défense et prend les statistiques, ce qui nous permet de débriefer à la mi-temps.

En quoi tes expériences dans plusieurs clubs, y compris avec l’équipe masculine de Besançon, ont-ils forgé ton parcours ?
Nous exerçons un métier à risques et il faut accepter de bouger, encore plus pour une femme pour laquelle c’est beaucoup plus complexe. Pour voyager, il faut une capacité d’adaptation en fonction des cultures de chaque région qui a ses spécificités et son environnement. Toutes ces rencontres ont fait ma force pour évoluer dans ce métier-là. Chaque expérience a été bénéfique pour évoluer et s’améliorer. Je suis très attachée à regarder ce qui se fait ailleurs, dans le basket, le foot, le rugby… J’ai aussi appris le métier d’adjoint, qui aide à prendre du recul, une fonction plus dans l’échange et l’écoute. Dans la formation de la joueuse, je suis très attachée à ce qui fonctionne chez les garçons, cette capacité qui est d’associer la technique aux capacités physiques, qui permet plus de vitesse dans le jeu masculin. Il faut plus développer cela chez les joueuses, au moment de la formation. Il ne faut pas avoir peur de les faire travailler sur des situations complexes, sur le jeu rapide et y associer la technique. J’observe qu’il y a moins de maladresses chez les garçons. Je crois que côté féminin, cela passe par une formation plus pointue. Il ne faut pas être frileux.

Malgré plus de 180 sélections en équipe de France, tu appartiens à ces générations qui n’ont pas été récompensées par des médailles internationales. Quel sentiment en retires-tu ?
Je n’ai pas d’amertume. Toutes les internationales ont mis une pierre à l’édifice. À l’époque, on s’entraînait moins et les pays de l’est dominaient. Le professionnalisme a changé beaucoup de choses. Daniel Costantini a tenu compte de ce qu’il fallait importer et a effectué le travail pour que le handball puisse émerger. C’est une chance aussi que la fédération ait apporté cette équité et donné les moyens au secteur féminin. Les clubs ont ensuite suivi ce cheminement.

Quel regard portes-tu sur ton parcours de joueuse ?
J’ai de bons souvenirs de toutes ces années à Besançon. J’ai découvert le handball sur le tard, à l’âge de 16 ans. Mon parcours est atypique car deux ans après, je débutais en N1A puis j’ai eu ma première cape en équipe de France, à 20 ans. À Besançon, nous n’avions pas de grands moyens physiques alors nous misions sur notre jeu collectif. Nous étions une bonne bande de copines qui s’entendaient bien. Nous avions remporté ensemble le challenge de France cadettes et nous avons décroché la première coupe de France. À 28 ans, même si j’étais très attachée aux valeurs de Besançon, j’ai rejoint Metz.

Que retiens-tu de la période où tu évoluais à Metz sous la direction d’Olivier Krumbholz ?
Olivier est quelqu’un de très rigoureux, avec une culture de la répétition, de l’exigence et de la précision. Il m’a apporté tout cela et de mon côté, j’ai mis un peu de folie à Metz : je n’hésitais pas à tenter des kung-fu et des roucoulettes, ce qui ne correspondait pas tout à fait à la culture messine (sourire). Voilà, j’essayais d’associer la notion de plaisir, tout en maintenant cette exigence qu’à Olivier.

Te comportes-tu en supportrice ou en observatrice lors des rencontres internationales ?
Je mixe les deux. J’apprécie le beau handball, en particulier celui développé par les Scandinaves, notamment la Norvège et son jeu rapide. J’aime prendre du recul aussi pour observer les coaches sur le banc et voir les interactions avec les joueuses. Je jouais à l’aile droite et j’aime les joueuses en capacité de réaliser de beaux gestes, en capacité de faire balles en main ; un poste qui a beaucoup évolué avec des joueuses plus performantes. Je mixe les deux.

Que serait une saison réussie ?
Je pense d’abord à la santé de tous, dans le handball et dans tous les domaines. Ensuite, mon souhait est de pouvoir pratiquer l’activité pendant toute la saison. Également, l’opportunité de pérenniser notre objectif au plus haut niveau car il y a une très belle dynamique et une politique de haut niveau sur le territoire. C’est donc important pour la structure et ses bénévoles qui construisent le club depuis des années.

Propos recueillis par HGu