Entraîneur de l’USAM Nîmes Gard depuis 2014, Franck Maurice évoque la période particulière traversée depuis l’arrêt soudain des compétitions en mars dernier. L’ex-ailier international livre son témoignage avant la nouvelle saison de Lidl StarLigue.

Pendant ces six mois sans compétitions, quel a été ton manque le plus important ?
C’est assurément l’équipe et le contact avec les joueurs. Aussi l’adrénaline de la compétition qui est notre carburant et presque notre drogue. On vît et on travaille tous les jours pour cela. L’arrêt est intervenu au moment où nous devions affronter Rhein-Neckar Lowen en Coupe d’Europe. C’était aussi le moment de la course aux accessits derrière le Paris SG HB, une période enrichissante que nous vivions et passionnante que nous allions vivre.

Comment gérer la frustration d’être ainsi privé « de dessert » ?
Nous sommes partis du fait qu’on ne pouvait pas agir et que nous devions accepter cette période-là. Nous avons bien été obligés de subir. Nous avons profité de ces moments pour travailler avec le staff, sur la façon dont nous pouvions mieux collaborer.

Comment maintenir un lien efficient avec les joueurs ?
Nous avons conservé le lien en organisant, à raison de deux fois par semaine, des visio-conférences. Nous avons été réactifs en proposant les services d’un préparateur mental et d’un diététicien pour cette période particulière. Nous avons anticipé les arrivées de Quentin Minel et de Vid Kavitchnik en les incluant aux rendez-vous des visio-conférences. Cette période a été riche en collaborations, riche en nouvelles technologies mises en place. Nous en sommes ressortis avec beaucoup de choses positives à en retirer sur l’équipe et sur nous.

Et à titre personnel ?
J’ai travaillé sur moi ! J’ai eu la chance de bénéficier du préparateur mental de l’équipe, Régis Bardera. J’ai essayé de nouvelles choses, de la méditation et un travail sur la respiration. Certes, il n’y avait plus le terrain qui reste notre moteur mais on a vraiment bossé d’une super manière avec tout le staff de l’USAM. Donc franchement, je n’ai pas ressenti de frustration et je ne vois pas de raisons de me plaindre.

Dans un rythme effréné, cette pause forcée était-elle salutaire ?
On s’entraîne pour être les meilleurs et les meilleurs jouent plus de matches. Alors une fois qu’on en fait partie, je ne vais pas m’en plaindre. Au contraire, c’est une récompense d’avoir un tel rythme que certains disent infernal mais en réalité que les joueurs adorent. Personnellement, plus j’ai de matches à disputer, plus je suis content.

Au regard de la situation sanitaire incertaine, ressens-tu de l’appréhension pour la suite ?
J’ai zéro appréhension car je ne sais pas ce qu’il va se passer. Alors je ne vais pas avoir peur de quelque chose que je ne connais pas. L’idée est de se dire que nous savons que ce sera une saison particulière. Nous avons abordé la préparation en sachant qu’elle serait perturbée avec des choses que l’on n’a pas l’habitude de gérer. Tout peut être positif dès lors où l’on change son regard sur ce qu’il se passe. Si la saison est particulière sur le plan sportif, si des matches sont repoussés et le championnat perturbé, nous aurons appris d’autres choses, par exemple, sur la façon dont communiquera la fameuse grande famille du handball.

Donc tu n’as pas qu’inquiétudes…
Une chose importante qui m’inquiète, c’est le domaine économique. Nous avons besoin de mettre des gens dans les salles. La présence du public et des partenaires génère une activité importante autour des matches.

Quelle sera l’ambition de l’USAM cette saison ?
Lorsqu’on est à l’USAM et qu’on a retrouvé la coupe d’Europe, l’ambition minimale est d’y revenir tous les ans. L’objectif est de concourir chaque année à l’Europe et de nous situer dans les cinq premières places et le plus haut possible. Nous ne sommes pas dans une logique de coups car j’estime qu’on peut regarder toutes les équipes dans les yeux, en particulier Paris et Nantes. La saison dernière, nous avons battu Nantes et Montpellier à domicile et posé des problèmes à Paris, comme chaque année. Ce que nous réalisons reste exceptionnel au regard de notre puissance économique. Nous sommes en train de travailler pour rendre ce qui est exceptionnel, moins exceptionnel.

Quel regard portes-tu sur l’accession de David Tebib à la présidence de la LNH ?
David écoute beaucoup mais il sait trancher. Pour le fréquenter au quotidien, je peux dire qu’il travaille toujours dans l’intérêt général. Ce qu’il est en train d’essayer de mettre en place à la LNH, il le fait dans l’intérêt général du handball professionnel. Exactement comme il le fait dans l’intérêt de l’USAM quand il est président de l’USAM. Il sait changer de casquette quand il le faut.

En quoi sa nouvelle position peut-elle bénéficier à l’USAM même s’il sera, de facto, moins présent ?
C’est très positif de le voir s’impliquer dans le handball professionnel. On parle plus de David donc, au niveau du club, cela apporte plus de lumière. Le fait qu’il soit moins éventuellement présent, cela crée surtout de la frustration chez lui car il aime être au contact des joueurs, être présent aux entrainements et participé à la vie quotidienne du club. Ses nouvelles responsabilités nous donnent aussi de l’énergie car ses qualités et celles du club sont mises en avant.

Propos recueillis par HGu