Au lendemain de la qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo, Guillaume Gille revient sur cette compétition et surtout se projette sur la suite.

Comment apprécies-tu cet objectif périlleux atteint avec cette équipe de France ?
Ce que nous étions venus chercher à Montpellier est complètement validé : nous qualifier dans un TQO de très haut niveau avec quatre grandes équipes. Terminer premiers de ce tournoi et avoir validé notre participation aux J.O. de Tokyo, c’est une immense satisfaction qui récompense le gros investissement des joueurs. La période est compliquée au niveau de l’enchainement, mentalement et physiquement, avec la répétition des matches avec les clubs et avec l’équipe nationale. Cette implication et l’investissement des joueurs lors de ces dix jours est de très bon augure pour la préparation des J.O. Nous sommes très heureux de pouvoir être aux Jeux.

As-tu le sentiment du devoir accompli ?
Notre projet est un projet olympique et nous avons toujours fait en sorte de mettre le focus sur les J.O. afin de nous hisser au niveau des meilleurs lors de ce tournoi olympique. Sans la performance de ce week-end, nous ne serions pas aux J.O. ni rejoint les filles qui sont déjà qualifiées mais le travail est devant nous.

Que t’inspire cette 8e qualification consécutive ?
Elle met en valeur les équipes de France, génération après génération, avec une présence ininterrompue depuis huit olympiades. Réussir à toujours qualifier aux Jeux olympiques, les équipes de France féminine et masculine, c’est la preuve de la grande qualité du travail réalisé par la fédération et au niveau des clubs. Tout ce travail permet un renouvellement intéressant avec beaucoup de jeunes talents qui arrivent à s’inscrire dans cette lignée de participations et de succès aux Jeux olympiques. Nous sommes très fiers que les équipes de France de handball soient bien présentes cet été au sein de l’équipe de France olympique.

Quel sera l’objectif de l’équipe de France à Tokyo ?
Depuis que le staff a repris cette équipe en janvier dernier, on a toujours décidé d’inscrire ce groupe sur un chemin vers les Jeux. On ne veut pas seulement voir Tokyo, comme le slogan peut être parfois utilisé dans les communications. Notre ambition est d’être au niveau des meilleurs, et batailler pour une médaille, voire la plus belle. C’est un objectif très élevé mais c’est ce qui nous a porté depuis longtemps.

Le tournoi olympique se déroulera avec deux poules de six équipes puis un tableau final. Ce format vous convient-il ?
C’est le format des Jeux olympiques et j’avoue ne m’être jamais posé la question. Comparé à d’autres sports, nous avons la possibilité d’avoir un programme assez complet avec un match un jour sur deux. C’est un système que l’on connaît bien car il n’a pas bougé depuis très longtemps. Cette configuration permet un jour de récupération entre chaque match.

Revenons d’ailleurs sur le format de ce TQO, inchangé depuis 2008 ?
Au regard de ce que nous avons vécu ce week-end, j’espère que cette formule de compétition ne se reproduira plus. Je souhaite que la fédération internationale soit en capacité de trouver des modes de qualification qui ne mettent pas en danger l’intégrité physique des joueurs et garantissent un spectacle de meilleure qualité.

Cette qualification pourrait permettre à Michaël Guigou et à Nikola Karabatic de disputer leurs 5e Jeux olympiques. L’équipe de France pourra t’elle bien s’appuyer sur ces deux cadres ?
Compter sur ces grands du handball français, bien évidemment nous l’espérons tous très fort. Pour le premier, Michaël, il est avec nous et on espère que tout se passera bien et qu’on pourra bénéficier de son expérience et de sa performance. Pour Nikola, qui poursuit sa rééducation, c’est en très bonne voie. Nous ferons les comptes dans les prochaines semaines. À partir du moment où Niko sera opérationnel et qu’il aura retrouvé la plénitude de ses moyens, on sera très heureux de compter à nouveau sur lui.

Quels seront les principaux axes de travail ?
Il y a encore énormément de chantiers mais nous allons d’abord prendre le temps de digérer ce week-end puis d’en faire le bilan. Nous allons voir comment cette fin de saison se déroulera, notamment dans le contexte particulier de la crise de la Covid-19. Nous avons malheureusement déjà payé un lourd tribut en matière de blessures.

Quand débutera la préparation pour les J.O. ?
Nous ne disposerons pas de beaucoup de temps de travail en perspective. L’activité des clubs reprend ses droits avec une forte cadence tant dans les championnats que les compétitions européennes. Il faudra faire en sorte que les athlètes puissent récupérer afin de démarrer la préparation olympique. Ce sera la plus courte jamais vécue mais c’est un choix assumé afin de laisser les joueurs récupérer et se régénérer. Le staff continuera à œuvrer dans l’ombre car il y a encore beaucoup de choses à régler et qu’elle soit optimale en vue des jeux et de ce grand projet.

As-tu déjà une idée de la date d’annonce de la liste des 14-15 joueurs et si oui déjà ses contours ?
Au début du mois de juillet mais il ne faut pas être impatients avec déjà la communication d’une liste de 14 ou de 15 noms. Aujourd’hui, je serai bien incapable de la communiquer et avant cette échéance, il se passera encore plein de choses. Au lendemain de ce TQO, nous sommes heureux d’avoir réussi à franchir ce col qui devait nous ouvrir la route des J.O. et ce n’était pas une mince affaire. Il faut l’apprécier à sa juste valeur.

Propos recueillis par Hubert Guériau