Nommé entraîneur de l’équipe de France depuis le 28 janvier, Guillaume Gille a organisé un week-end de travail avec son staff renouvelé avec les arrivées d’Érick Mathé et d’Olivier Maurelli. Il évoque ce moment d’échanges et se projette naturellement sur le Tournoi de Qualification Olympique du 17 au 19 avril à l’Accor Arena, à Paris.

Ton quotidien a t-il évolué depuis le 28 janvier ?
Non pas véritablement. C’est le contexte et la mission qui ont évolué. Être au service du staff de l’équipe de France, quel que soit le périmètre de la fonction, nécessite d’être toujours connecté sur le projet.

Quelles ont été tes priorités depuis trois semaines ?
La période est particulière car ce que nous avons vécu en janvier a été douloureux et les conséquences des décisions prises par la fédération ont entraîné beaucoup de réflexions et de questions, notamment comment s’organiser pour répondre aux attentes de la fédération. Comprendre aussi les raisons de notre échec en janvier. Tout cela avait pour objectif de mettre en place un nouveau staff en responsabilité et bâtir un plan de bataille. C’est en ce sens que la période a été à la fois très intense par la digestion nécessaire vécue par nous tous et par la nécessité de rapidement se remettre dans une configuration pour préparer l’avenir.

Quels étaient les objectifs du week-end de travail avec le staff et quel bilan en tires-tu ?
Une fois le staff constitué, l’idée était de nous retrouver pour poser les fondements du fonctionnement de cette nouvelle équipe. On a tendance à observer que le staff a peu bougé puisqu’il manque Didier à l’appel alors que deux nouvelles personnes nous ont rejoints. Cette redistribution des rôles nécessitait une rencontre pour faire connaissance, pour nous permettre d’intégrer les nouvelles recrues et de revenir, à froid, sur l’épisode de janvier, afin d’en tirer les enseignements. Il fallait aussi se projeter rapidement sur les échéances à venir : TQO, qualification au Mondial 2021 et la perspective des J.O. cet été. Au regard des circonstances et du peu de temps à notre disposition – notre prochaine rencontre à effectif complet marquera le début du stage de préparation – il était nécessaire de se donner le temps de construire le début d’une nouvelle histoire pour envisager le projet « équipe de France »

As-tu le sentiment, lors ce week-end, d’avoir procédé à un management participatif ?
Participatif dans le sens, où la séquence nécessitait de croiser les regards, de partager, d’échanger sur tous les sujets touchant à l’équipe de France et à l’organisation des prochaines séquences. Il y a des moments où la hiérarchie ne doit pas exister si on veut aller dans une profondeur d’échanges et une certaine authenticité. Le management d’un projet tel que l’équipe de France et sa réussite ne se jouent pas dans les bureaux et dans les réunions du staff, mais ils peuvent se perdre si l’on n’en tient pas compte.
Nécessairement, le travail effectué ce week-end est à mettre en relation avec les joueurs. Au-delà d’une forme de management que l’on appelle comme on veut, je crois surtout en la capacité des gens à se regrouper et à se fédérer pour tendre autour d’un objectif commun. Les objectifs que j’avais listés réclamaient ce type de fonctionnement.

Comment va s’organiser la répartition des tâches du staff technique, en amont et pendant les rassemblements ?
L’ordre du jour était copieux avec de nombreux sujets opérationnels qui ont démontré la nécessité de nous réunir. Je ressors de cette séquence avec le sentiment que nous avons effectué un grand pas au niveau du staff dans notre connaissance mutuelle, notre organisation interne, dans l’identification des périmètres des missions et des articulations entre les 13 acteurs du staff. Ce week-end, nous avons lancé notre plan J.O. avec plusieurs chantiers à mener avant de nous retrouver en avril.

À quelle date annonceras-tu la liste élargie des 28 joueurs pour le TQO ? Et combien de joueurs seront présents lors du rassemblement le 10 avril prochain ?
Une première liste de 28 joueurs sera révélée autour du 17 mars. La liste restreinte des joueurs convoqués pour préparer le TQO sera annoncée deux semaines plus tard.

Après le travail engagé avec le staff, quelle est la méthode pour échanger avec les joueurs ?
En raison du calendrier club, Il n’y aura pas de regroupements collectifs avant le 9 ou 10 avril pour envisager les problématiques évoquées au sein du staff durant le week-end liées à l’expérience négative de janvier, tant au niveau individuel que collectif. Ce n’est qu’ensemble et c’est seulement l’équipe à nouveau réunie que nous pourrons travailler sur ces sujets. Le début de notre stage sera forcément dédié à récréer un climat de confiance et de collaboration, au service du nouveau projet équipe de France.

Quelle philosophie, quelle marque souhaites-tu imprimer ce staff et à cette équipe, une marque « Gille » ?
Bien plus qu’une marque « Gille » ou qu’imaginer une coloration que je pourrais donner à l’équipe de France, dont je me moque, je souhaite accompagner ce groupe à construire son chemin vers les Jeux. L’idée est de créer les conditions pour que le talent de cette équipe se concrétise individuellement dans les performances, et collectivement dans l’état d’esprit et les comportements qui vont se dégager des actions des joueurs.

Tu es le premier coach de l’équipe de France à avoir connu trois entraîneurs, Daniel Costantini et Claude Onesta lorsque tu étais joueur. Puis Didier Dinart lorsque tu étais son adjoint. C’est un héritage à la fois très riche et très imposant. Comment vas-tu t’en inspirer ?
Je me suis construit avec toutes ces expériences au travers de toutes ces aventures qui m’ont fait grandir en tant que joueur ou entraîneur et qui me servent aujourd’hui à trouver ma posture. Je me situe dans un process de découverte et de stabilisation de ce nouveau poste avec l’envie d’être fidèle avec ce que je suis, fort de mes croyances sur les capacités collectives à repousser ses limites, à créer des solutions originales.

Tu as disputé et remporté le TQO de 2008 à Paris. En quoi est-ce un plus d’avoir ce vécu pour aborder le TQO 2020 et son enjeu considérable ?
Oui on se sent un peu moins idiot de l’avoir déjà vécu. Mais cela ne garantit pas que le TQO 2020 se déroulera de la même manière. Savoir se servir des expériences passées, se prémunir des dangers d’un enchaînement qui est juste unique avec trois matches en trois jours. À ce moment de la saison, il s’agit d’une séquence démente mais qui vaut pour toutes les équipes. Alors je suis à la fois expérimenté d’avoir eu cette chance de vivre un TQO, en même temps, pour ce groupe et pour ce staff, c’est une nouvelle aventure qui débute.

Tu es membre de la commission des athlètes de Paris 2024 depuis 2018. Comment comptes-tu poursuivre ton action ?
C’est une mission bénévole qui a beaucoup de sens pour moi. L’olympisme et les J.O. m’ont beaucoup marqué. Ces rendez-vous ont aussi beaucoup compté dans l’histoire du handball français avec ses premières heures de gloire lors des J.O. de Barcelone en 1992. Notre génération a d’abord été meurtrie par les J.O. (2000 et 2004) avant d’enchaîner par trois finales d’affilée. L’idée de pouvoir contribuer, d’une manière forte, au sein de la commission des athlètes, à réfléchir à comment accueillir le monde de l’olympisme – une séquence unique en France que l’on ne connaîtra qu’une seule fois dans notre existence – résonne en moi.

Est-ce bien judicieux d’évoquer Paris 2024 avec toi alors que tu es obsédé par la qualification pour Tokyo 2020 ?
J’aime les Jeux olympiques et paralympiques, et j’ai la chance de pouvoir contribuer à ces projets. L’équipe de France sera qualifiée en 2024 à Paris, donc ce n’est pas un sujet aujourd’hui. L’enjeu immédiat pour nous est de voir Tokyo et d’y briller. Il y a le temps de la préparation des J.O. de Paris et une mission à très court terme : la qualification pour les J.O. de Tokyo.

HGu