Depuis le début de la saison internationale, le staff de l’équipe de France masculine s’est enrichi d’un entraîneur spécifique des gardiens. Jean-Luc Kieffer a ainsi pris part au premier rassemblement de la saison, à l’occasion de la 1e étape de la Golden League. Retour sur une première collaboration fructueuse.

Comment se sont déroulés tes premiers jours avec l’équipe de France masculine ?
J’ai été surpris par la gentillesse des joueurs et de l’ensemble staff. J’en ai pris plein les yeux et j’avais presque l’impression qu’il s’agissait d’un rêve. Certes, j’ai un passé de joueur professionnel mais intégrer le staff avec des responsabilités, c’est un véritable changement. Il s’agit vraiment d’une expérience enrichissante.

Tu as retrouvé Vincent Gérard que tu as connu alors qu’il était adolescent ainsi que les frères Karabatic alors qu’ils étaient des bambins…
Je ne suis pas arrivé en terre inconnue. C’est important te connaître quelques cadres de l’équipe de France. C’est toujours plus simple d’entrer dans la maison avec des connaissances. Les autres joueurs étaient sympathisants. Je crois que cela s’est très bien passé.

Et tes premières minutes sur le banc à Aarhus ?
L’équipe de France A, c’est vraiment le Graal. J’ai eu un pincement au cœur pendant la Marseillaise, lors du premier match disputé au Danemark, une terre de handball. C’était magistral.
Sur le banc, on se sent disponible pour le groupe et pour le staff. On peut conseiller les joueurs et leur faire part de son expérience.

Quelle est la nature de ta relation avec Didier Dinart et avec Guillaume Gille ?
Je suis quelqu’un d’entier qui marche à la confiance et à l’humain. Didier et Guillaume sont dans le même état d’esprit. Lorsque nous sommes tous les trois ensemble, nous n’avons pas besoin de beaucoup parler, on se comprend. Lors des matches, nous avons décidé de faire le point à la mi-temps pour décider qui débute la seconde période. En fonction des événements, s’il y a quelque chose à changer, je dois naturellement le dire à l’un des deux coaches.

Lors des phases d’entraînement, comment avez-vous coordonné ton intervention ?
J’ai eu beaucoup de liberté pour m’exprimer et m’organiser avec les gardiens, mettre en place des entraînements spécifiques. Pendant les séances collectives, on ne s’est jamais marchés dessus.

En quoi consistaient les séances spécifiques avec les trois gardiens ?
Pour débuter le stage, j’ai d’abord réalisé un diagnostic de chacun au cours d’un entraînement individuel. L’objectif était d’avoir un entretien individuel et connaître l’état de forme du gardien. Ce face-à-face de 45 minutes était important afin que chacun se lâche. De mon côté, j’avais effectué un travail vidéo en amont. L’objectif est de travailler ensemble avec rigueur et précision.

Les gardiens sont à la fois des partenaires et des concurrents, comment animer une concurrence favorable à l’équipe de France ?
La première chose que je leur ai dite est que je veux que la France gagne. Naturellement la concurrence est logique mais l’important est que chacun apporte au groupe. Cela veut dire que nous sommes une équipe qui travaille ensemble et pas chacun dans son coin. Nous avons le projet d’arrêter le ballon, quel que soit le gardien. C’est toujours mieux de travailler avec quatre cerveaux et dans une bonne ambiance de travail.

Il y a une part de management dans l’activité…
Dans mon travail, à l’Eurométropole de Strasbourg, 25 personnes attendent chaque matin que je les briefe sur leur journée. J’ai suivi de nombreuses formations sur comment gérer un groupe, des individus, et des individus dans un groupe. Aussi cela fait 20 ans que j’entraîne, au minimum en nationale 2. J’ai également l’expérience du joueur de haut niveau lorsque j’évoluais en Bundesliga. Cela permet de savoir que parfois il y a des moments où tu ne joues pas, ou tu joues peu ou au contraire beaucoup. C’est aussi important de comprendre que chaque joueur a son caractère et ne peut pas être géré de la même façon.

Cette première étape de la Golden League s’est achevée face à l’Espagne avec une séance de jet de 7m où tu as lancé Wesley Pardin. Un choix surprenant car Vincent Gérard et Yann Genty avaient plutôt performé pendant 60 minutes…
Wesley avait fait une très bonne semaine d’entraînement. Par rapport à son charisme et à sa grandeur, je le regarde évoluer avec le Pauc, il m’inspire confiance aux penaltys. En même temps, je savais que par rapport au match du jeudi face au Danemark, il devait se prouver quelque chose. Il méritait que l’on regarde son travail et il a vu que nous avons confiance en lui. Aussi, durant le match, un gardien est seul dans sa zone et a parfois du mal à trouver un soutien positif. Il faut trouver l’équilibre, être positif, rechercher l’excellence et surtout, être précis.

Quelles sont tes inspirations ?
C’est un mixage d’influences et avec les années d’expérience, j’ai mon projet qui fonctionne aussi bien pour les filles que pour garçons. Je procède à des ajustements que j’ai par exemple transmis à Vincent car j’ai ajouté des choses que nous n’avions pas faites il y a 15 ans.

En quoi ont consisté les séances spécifiques ?
J’avais relevé en amont des points particuliers et les gardiens étaient d’accord avec le diagnostic initial. Nous avons aussi travaillé des gammes.

Sont-ils repartis avec des « devoirs » ?
C’est important que chaque gardien soit prêt en janvier et puisse consolider ce que nous avons prévu de travailler. Ce n’est pas suffisant de travailler durant le stage donc j’attends beaucoup de travail individuel de leur part. Nous avons décidé de nous entretenir, tous les trois matches, pour faire un nouveau diagnostic.

HGu