L’entraîneur des gardiens de l’équipe de France évoque son travail avec les trois portiers présents en Égypte pour le Mondial IHF 2021.

Quel bilan tires-tu après les deux matches où Vincent Gérard et Wesley Pardin ont réalisé deux solides prestations et regardes-tu les statistiques des gardiens des autres nations ?
Concernant Wesley et Vincent, ils ont livré deux premiers matches appliqués et sérieux. J’observe bien sûr le travail des autres nations pour voir ce qu’il se fait.

Comment te positionnes-tu au sein du staff technique ?
Avec Guillaume Gille, Érick Mathé et Vincent Griveau, nous sommes ensemble au quotidien pour partager l’essentiel du projet. Nous travaillons dans une salle commune et nous effectuons de nombreuses recherches pour préparer les séances vidéo. Me concernant, il s’agit d’un travail spécifique sur les tireurs et les gardiens adverses. Ce partage des informations me convient.

Et comment précisément s’organise le travail avec les trois gardiens ?
Nous formons un quatuor. Je prépare les séances vidéo sur les joueurs adverses puis nos gardiens effectuent leur travail individuel. Chaque gardien a son style, ses repères et je ne suis pas là pour les changer. Mon rôle est d’encadrer et de donner des conseils. Ensuite, nous établissons un rapport de notre travail pour le mettre en commun. L’osmose est nécessaire afin que l’information passe bien entre tout le monde.

Et à l’entraînement ?
Nous avons effectué une bonne préparation physique et de musculation spécifique aux gardiens. Puis naturellement des séances pour rechercher le meilleur geste. Je prépare en amont des vidéos sur les grands segments par thèmes, surtout pour le timing, et pour chacun des gardiens. Je cherche aussi à surprendre celui qui travaille avec moi. Parfois aussi, nous sommes encore dans la formation pour améliorer certains aspects. Il faut bien jauger chaque gardien et ne pas trop en faire. Le but est d’optimiser son passage sur le terrain et qu’il se sente bien.

Les trois gardiens ont-ils des exercices privilégiés ?
Quand il s’agit d’un entraînement spécial gardien, je prends la main. En revanche, lorsque le groupe est mobilisé sur un but (deux gardiens en rotation), nous travaillons de l’autre côté avec le troisième et je lui demande généralement ce qu’il souhaite travailler. C’est un travail collaboratif et l’objectif est toujours que le joueur se sente bien.

Organises-tu des jeux ou des concours ludiques entre eux ?
De temps en temps, il faut en effet mettre un petit quelque chose derrière un exercice afin de l’optimiser. Cela permet de créer un rapport de force entre eux et de les mettre dans un état mental pour arrêter les ballons.

Que ressens-tu pendant les matches quand le gardien réalise un arrêt ?
D’abord, que son arrêt aide l’équipe. À chaque arrêt, le gardien donne un coup de main à sa défense. Le gardien est un atout maitre dans l’échiquier. Même s’il prend la balle dans la figure, c’est un arrêt !

Et lorsque le gardien, à l’instar de Vincent Gérard buteur à deux reprises face à l’Autriche, marque depuis son but ?
Le gardien de but doit avoir ce changement de statut dans sa proche. Il est à la fois le premier défenseur et le premier attaquant. Lors des exercices de montées de balle, nous travaillons le tir dans le but vide, pour nous rapprocher de la situation de matches.

Quel regard portes-tu sur les gardiens pendant les matches ?
Un binôme est en action au sein de notre quatuor qui lui-même fait partie intégrante de l’équipe. Cette cohésion entre eux et au sien du groupe est très importante. Alors, je regarde surtout l’état d’esprit si le gardien se situe bien dans le match. Il faut aussi que le gardien sur le banc soit un partenaire et, en même temps, un concurrent.

Depuis le début du Mondial, tu suis les matches depuis les tribunes. Es-tu assis auprès de Yann Genty ?
Les quatre joueurs non retenus suivent le match ensemble. J’aime être tranquille afin de me concentrer sur ma feuille de statistiques. Je n’aime pas parler sur l’un, à l’autre. C’est très important de rester professionnel, dans la relation entraîneur-joueur, car on ne sait jamais comment un commentaire ou une appréciation pourrait être interprété.

Tu es un homme plutôt discret. Quel type de communication as-tu développé avec les gardiens ?
Même pendant les entraînements, quand le gardien rencontre des difficultés, je ne dis rien et je laisse passer le temps, en observateur. Je suis toujours positif et à leur écoute dans le cadre d’un dialogue basé sur la simplicité. Je reste naturel et je suis de nature serviable. Je souhaite que la relation de confiance soit présente tout en restant dans un cadre professionnel. Pour résumer, l’humilité et le travail animent notre quotidien.

Ton fils Valentin est devenu champion du monde U21 à l’été 2019 et il évoluera la saison prochaine en Lidl Starligue avec Dunkerque. Quel regard portes-tu sur son évolution de carrière ?
Un titre de champion du monde U21 est seulement une étape de transition car il y un monde d’écart et un long chemin à effectuer avec les seniors. Valentin doit encore beaucoup travailler, il a tout à prouver. Il se situe au tout début de sa jeune carrière et il doit, à ce stade, prendre de l’expérience chez les autres gardiens.

Propos recueillis par Hubert Guériau