Pour ce premier entretien du lundi de la saison 2020-21, parole au président de la FFHandball, Joël Delplanque, qui s’est exprimé devant la presse jeudi passé à la Maison du Handball, dans le cadre de la conférence de presse de rentrée.

Dans quel contexte avez-vous souhaité prendre la parole devant les médias jeudi passé ?
Compte tenu de l’inactivité apparente, avec le Bureau Directeur il nous a semblé important que le Directeur Technique National, Philippe Bana, et les deux sélectionneurs nationaux, Olivier Krumbholz et Guillaume Gille, effectuent un point d’étape afin que tout le monde ait bien en tête le calendrier auquel notamment notre équipe de France masculine aura affaire avec les qualifications à l’Euro 2020, avec au milieu le Final 4 de la Ligue des Champions, le Mondial et naturellement le TQO. Il y a aussi la nécessité de solder, pour nos deux collectifs, les échecs du Mondial féminin et de l’Euro masculin tandis qu’aucun entraîneur n’a jamais connu un tel calendrier. Il est important que chacun prenne conscience de la difficulté de cette situation singulière pour toutes nos sélections nationales qui voient leur programme et conditions de préparation altérées ou transformées. Devant cette cascade d’échéances et l’ampleur de la tâche, avec le Bureau Directeur nous avons souhaité réaffirmer notre confiance aux staffs, notamment celui des masculins qui a été renouvelé et complété.

Pouvez-vous raconter votre été si particulier ?
Habituellement, je le passais essentiellement dans les Balkans, auprès de nos collectifs jeunes. Cette fois, c’était dans ma belle Lozère, derrière mon écran avec la multiplication des visio-conférences pour essayer de faire face aux situations nouvelles à laquelle la fédération était confrontée. L’été a été extrêmement difficile pour tous les dirigeants et le personnel de la fédération confrontés à trouver les modalités d’arrêt de nos championnats. Les conditions dans lesquelles ces championnats se sont arrêtés a aussitôt conditionné le cadre dans lequel la reprise allait pouvoir s’effectuer. Si bien qu’il n’y a pas eu de rupture estivale à laquelle on pouvait bénéficier autrefois. Il y a eu des bonnes et des moins bonnes surprises comme l’annulation du Final Four de Budapest alors que nous cherchions à adapter notre calendrier, un élément nouveau s’était ajouté dans ce paysage. Je note qu’il n’y a quasiment pas eu de contestation des décisions sportives que le Bureau Directeur a adopté sur la proposition de la COC. Je tiens à le souligner et à rendre hommage à Pascal Baude et à toutes ses équipes qui ont permis ces résultats exceptionnels.

Pouvez-vous effectuer un point à date sur le plan d’accompagnement fédéral aux clubs ?
Pour anticiper ce plan, nous avons été amenés à balayer l’ensemble du spectre des différents secteurs d’activité de la fédération : sportif, juridique, social, RH, économique, budgétaire. En prenant en compte les dispositions gouvernementales, le chômage partiel, le Prêt Garanti par l’État auquel nous avons souscrit, nous avons anticipé au mieux les meilleures conditions possibles offertes à nos clubs, pour les encourager au travers des aides à l’équipement, pour plus d’un million d‘euros que la fédération a mis à la disposition en plus des moyens que les Comités et les Ligues ont pu dégager. Je pense que pour la saison 2019-20, les budgets de nos clubs professionnels et amateurs, devraient être plus ou moins à l’équilibre. Mon inquiétude est plus forte pour la saison à venir. En ce sens, la CNCG présidée par Christian Dume, a adapté ses exigences. Le plan a pour but d’accompagner nos clubs en vue d’une reprise optimale pour la saison 2020-21 dont on fera un premier bilan à l’occasion de l’A.G. de novembre. Si nous avons été naturellement surpris par cette pandémie, on ne pourra plus l’être à l’avenir. C’est pourquoi nous avons imaginé des formules de compétition et des modalités d’accueil des licencié.e.s pour faire face à des interruptions partielles dans le temps ou géographiquement. Tous ces travaux ont été effectués avec nos Territoires, dans le cadre d’un dialogue permanent et fécond.

Les féminines participeront à l’EHF EURO 2020 tandis que les masculins disputeront le Mondial IHF 2021. Quelles sont les informations dont vous disposez sur la tenue de ces deux événements majeurs ?
Nous avons reçu tout récemment une première confirmation des fédérations danoises et norvégiennes pour la tenue de l’Euro où en principe, les équipes seront en mesure de se rendre, si les conditions sanitaires et les restrictions de voyage évoluent bien. Selon les informations que je possède à ce stade, après plusieurs entretiens avec le président de l’IHF, Hassan Mustapha, le Mondial devrait se tenir sous réserve du protocole sanitaire mis en place par les autorités égyptiennes. L’IHF a mis en place les dispositions, à l’instar de ce qui a été réalisé en Europe, pour qualifier les deux derniers pays du continent américain. Bien malin qui pourrait dire si les 32 équipes seront présentes au Caire en janvier prochain. Nous attendons beaucoup de la compétition organisée par la confédération africaine au Caire en novembre qui, en quelque sorte, sera un test-event pour le protocole sanitaire.

Les deux ligues professionnelles (LFH et LNH) s’apprêtent à débuter la saison…
L’été a été à la fois riche, stressant et studieux, notamment pour les deux ligues professionnelles présidées par Nodjialem Myaro et désormais par David Tebib. Au travers des premiers matches de préparation, pour la plupart annulés, nous avons pu mesurer le sens de la responsabilité individuelle de nos dirigeants des instances et des clubs. Je cite Camille Comte, l’entraîneur de Bourg-de-Péage : « la saison sera forcément différente car la préparation n’aura pas été optimale ». Dans cet environnement singulier, nos deux sélectionneurs auront aussi à faire face à des situations inédites.

Pouvez-vous effectuer un point sur les mesures sanitaires spécifiques appliquées au handball ?
Le guide édité par les autorités est commun au fameux BHV (Basket – Hand – Volley). Les trois disciplines présentent des situations avoisinantes, pour autant il n’est pas moins vrai que les usages et pratiques, l’organisation dans les salles, les flux et les habitudes des arbitres et des joueurs, différent d’une discipline à l’autre. Quel que soit le guide produit, il faut l’adapter et l’ajuster afin de le rendre opérationnel. Ainsi nous avons travaillé de façon permanente pour l’édition du dernier guide sanitaire afin de le traduire en langage handball

Comment se dérouleront les élections fédérales prévues à Pau fin novembre ?
Nous avons pris toutes les dispositions juridiques pour que l’A.G. se tienne, coûte que coûte, les 27 et 28 novembre. Nous avons fait le choix de cette date traditionnelle avant que notre cycle habituel reparte avec l’Euro et le Mondial. C’était un vœu de tous les dirigeants fédéraux que très rapidement la situation soit clarifiée, que toutes les questions possibles et imaginables puissent être traitées. Elle se tiendra en présentiel, à distance, ou de façon mixte si certains sont dans l’incapacité de se déplacer en raison des difficultés de transport ou des contraintes sanitaires. Juridiquement et règlementairement, tout a été anticipé et sera concrètement validé par la commission de suivi des élections fédérales, le 17 septembre. Cette A.G. sera aussi l’occasion de nous retrouver pour saluer l’équipe sortante et saluer la nouvelle équipe. Et je rassure, il n’y a pas de drame à la fédération et je voudrais remercier les trois candidats déclarés à la présidence. Ils développent leur stratégie et leur équipe dans une atmosphère sereine.

Dès ce lundi, vous ouvrez un chapitre d’avenir pour la fédération. Pouvez-vous le dévoiler ?
Cette période n’empêche pas d’être actif et de se montrer prospectif. Avec mon collègue de la fédération suisse, nous allons travailler, dès ce lundi 7 septembre, sur les modalités d’organiser conjointement l’EHF EURO masculin 2026 ou 2028. Toutes les fédérations auront à manifester leurs intentions de candidatures pour le 1er octobre. En fonction des modalités de la tenue du Mondial féminin en 2021 en Espagne, la fédération enchainera peut-être sur la candidature à un Mondial féminin. Les cahiers des charges des prochaines compétitions (24 équipes pour les Euros et 32 pour les Mondiaux) vont forcément évoluer avec des schémas d’organisation clefs en main.

La question brûle toutes les lèvres : qu’allez-vous faire après votre retrait de la FFHandball ?
Oh à l’avenir (en interpellant directement les journalistes), je vais vous écouter, vous lire et vous regarder à la télévision. Je vais me faire plaisir et me défouler (sourire). Je serai encore présent, sous une forme ou une autre que je n’ai pas encore définie, pour aider ou accompagner notre très beau sport. À date, j’ai encore deux mandats en plus de la présidence fédérale jusqu’à fin novembre. Je suis administrateur du COJO de Paris 2024 et premier vice-président de l’IHF.

Allez-vous poursuivre ces deux missions ?
Pour le COJO de Paris 2024, j’ai indiqué à Denis Masseglia (président du CNOSF) et à Tony Estanguet (Président du COJO) que je passerai la main après l’élection. Tous les deux ont souhaité que je poursuive ce mandat jusqu’à ce que le renouvellement dans les fédérations soit effectué au printemps prochain. J’ai donné mon accord pour poursuivre jusqu’à cette échéance. Pour l’IHF, je procéderai de la même façon. Si Hassan Mustapha souhaite que je démissionne, dès le 1er décembre, je le ferai bien entendu. Nous avons eu cette discussion en interne et seuls les intérêts de la FFHandball doivent être privilégiés. Sous réserve d’une discussion que j’aurai avec Hassan Mustapha prochainement, je devrais maintenir le cap jusqu’au prochain Congrès de l’IHF prévu en mai 2021 en Turquie.

Poursuivre une mission ou vous engager dans une nouvelle ne vous a donc pas effleuré, ne serait-ce qu’une minute ?
L’expérience que je retire de mon bail à la FFHandball est que pour vraiment modifier et améliorer, il faut 10 ans, c’est un minima. Souvenez-vous, je m’étais alors présenté sous le label d’un projet 2008-2018. J’ai 74 ans et sincèrement comment imaginer que je sois de nouveau un candidat en capacité d’engager un projet pour les dix années à venir ?  Ce ne serait pas sérieux. Il est tout à fait légitime qu’une nouvelle génération de dirigeants prenne la tête et les responsabilités de notre fédération. Les outils de communication et la société évoluent beaucoup. Nous avons creusé depuis longtemps un sillon fécond dans le dispositif de renouvellement de notre élite et une grande diversification de notre offre pour accueillir tous les publics. Nous avons bousculé le domaine de la formation, un chantier qui se situe encore aux prémices. Vous savez, je suis Jacobin en matière de haut niveau et Girondin en matière de développement dans les Territoires. Je crois qu’il faut prendre plus encore en compte la géographie et la culture de nos Territoires afin que l’offre de handball soit adaptée aux réalités et aux aspirations. Je forme le vœu, sous une forme ou une autre, à partir des enseignements de cette période, qu’à l’échelon le plus local, nos clubs puissent proposer des formules d’accueil d’animation des jeunes encore plus appropriées que celles proposées aujourd’hui.
Si j’ai souhaité que le Bureau Directeur soit élargi aux Ligues et aux Comités, c’est parce que nous sommes une fédération de clubs et que notre organisation doit leur mettre en place des services. Enfin, si nous retirons quelques résultats avec les pépites que sont nos équipes de France, ils offrent de la notoriété et génèrent des bénéfices propices à notre développement.

Propos recueillis par HGu