Joueuse, arbitre, dirigeante et même fondatrice du club du Poiré sur Vie Vendée HB en 2008, Laetitia Szwed-Bobet, originaire des Ardennes, est désormais membre du bureau directeur de la FFHandball. La jeune quadra est aussi membre du comité directeur de la Ligue des Pays de la Loire (en charge de la communication et référente intégrité) et membre de la commission communication de la Ligue féminine de handball.

Quelles sont les raisons qui t’ont encouragée à poursuivre l’aventure fédérale dans l’équipe conduite par Philippe Bana ?
En effet je faisais déjà partie du conseil d’administration. J’ai grandi auprès d’un certain nombre de personnes, notamment Nodjialem Myaro, Béatrice Barbusse et Sylvie Pascal-Lagarrigue qui m’ont fait confiance. J’ai évolué auprès d’elles et j’ai souhaité continuer à me battre pour le Handball. Je viens vraiment de tout en bas et c’est une façon de démontrer qu’il est possible d’arriver en haut de la fédération, en tant que dirigeante.

Quel regard portes-tu sur la campagne électorale qui mettait aux prises trois listes candidates ?
Cette campagne a été éprouvante et intéressante. Pour ma part, je menais à la fois campagne pour la liste handball 2024 et pour la Ligue des Pays de la Loire. Ainsi, ce double enjeu m’a permis de rencontrer directement les dirigeants des clubs et de bien faire remonter leur ressenti au sein de la fédération.

Selon toi, est-ce indispensable d’occuper une fonction locale en plus du niveau national ?
Oui c’est le cas pour de nombreux élus. Pour moi, c’est essentiel vis-à-vis des clubs et des licenciés. En étant toujours présente sur le terrain, tu peux être interpellée et continuer à échanger. Je crois que c’est important que dans les clubs, on sache que tu viens d’en bas et que tu connais les problématiques quotidiennes. Aujourd’hui, j’essaie de prendre du temps pour répondre aux sollicitations. Certains pensent que nous sommes dans notre tour d’ivoire mais en réalité nous sommes entièrement au service des structures. C’est ce que j’appelle l’action – réaction.

Quel message envoyé aux licencié.es et aux dirigeants des clubs ?
La situation actuelle est compliquée et inédite pour tout le monde. Depuis le 17 mars 2020, on n’a l’impression de ne pas en voir le bout. Il n’y a pas de date de reprise et forcément les craintes existent. Il faut éviter qu’un fossé se creuse entre les clubs, les Comités, les Ligues et la fédération alors que nous sommes tous dépendants des décisions gouvernementales. Nous travaillons beaucoup avec les Territoires que nous impliquons dans les réunions. Par exemple, concernant le plan de relance qui sera bientôt annoncé, nous avons lancé une consultation générale avec les Territoires. On se bat tous ensemble pour faire exister notre handball sur les réseaux sociaux, dans les médias et je constate que le public répond bien avec un suivi en progression.

En quoi est-ce important pour toi de mettre en relief ton parcours jalonné de rencontres ?
Je vivais dans les Ardennes et l’école n’était pas prioritairement mon truc. Lorsque je suis partie au Creps de Reims, mon professeur principal avait dit à ma mère que je n’arriverais à rien dans la vie. Je suis issue des quartiers de Sedan et mes parents ont fait beaucoup d’efforts pour contribuer à ma réussite. Yvon Laurans, le CTF de Champagne, ou Didier Rouillon, mon entraîneur, ont aussi beaucoup fait pour moi. Yvon était toujours derrière moi à me pousser pour que je travaille à l’école. Il y a aussi les sœurs Bonutto qui ont cru en moi lorsque j’ai été surclassée de -18 à la N2-N1. Suzanne, l’entraîneure, effectuait les allers-retours entre chez moi, à Sedan, et le club de Yvois-Carignan… On dînait aussi chez elle, comme une famille. Les Bonutto ont dépensé sans compter et donné leur vie au hand. Elles m’ont inspiré et ont contribué à forger aussi mon caractère.

D’autres rencontres ont aussi compté, notamment du côté de Mérignac ?
J’ai joué pendant deux saisons dans ce club, sous la conduite de Thierry Vincent qui n’avait de cesse de me dire qu’il fallait absolument envisager une insertion professionnelle pour ne pas être seulement dépendante du handball. J’ai joué pendant une saison avec Stéphanie Cano qui m’a beaucoup inspiré et démontré qu’il fallait toujours faire plus.

Des conseils que tu as appliqué à la lettre…
Après un job d’été au sein d’une agence du Crédit Agricole, j’ai été embauché grâce à mon parcours de sportive. Avec le directeur de l’agence et le DRH, nous avons parlé sport pendant l’intégralité de l’entretien et j’ai bien compris que c’était plus important que mon BTS Action commerciale. Après cette première expérience bancaire, j’ai ensuite travaillé chez AXA avant le retour au Crédit Agricole en tant que directrice adjointe d’une agence. Pour quelqu’un qui avait 7-8 de moyenne en mathématiques, je suis fière de mon parcours.

Tu es en charge du secteur événementiel à la FFHandball. Quels sont les axes de développement ?
Nous travaillons de façon transversale avec Bertrand Gille sur le marketing et Béatrice Barbusse sur la communication. Le secteur événementiel ne concerne pas seulement les équipes de France féminine et masculine, il y a aussi les équipes de France jeunes, le beach, toutes les autres pratiques et le Esport.
La Maison du Handball est ou outil de travail extraordinaire qui doit nous permettre d’attirer plus d’entreprises et de partenaires potentiels avec notre capacité à leur proposer du « clef en main ». Nos licenciés doivent savoir aussi que plutôt de réserver un hôtel dans une chaîne, ils bénéficient d’un tarif exceptionnel à la MDH.

Ton accointance pour le secteur événementiel ne date pas d’hier ?
À la demande du Maire de Poiré-sur-Vie et parce qu’une une nouvelle salle avait vu le jour, j’ai été amenée à créer un club. Pour débuter on ne pouvait pas se consacrer sur deux catégories en raison des obligations, alors, avec ceux qui étaient rassemblés autour de moi, nous avons créé un club exclusivement féminin. Ce club, en quelques années seulement, a atteint le niveau de pré-national.

Comment avez-vous réussi à le développer ?
Il fallait se faire connaitre pour obtenir des financements et j’ai estimé que les lotos ou les tournois de belote ne seraient pas suffisants. Alors nous avons décidé d’organiser des matches amicaux. Le premier fut un match féminin entre Celles-sur-Belle et France Police. Cette première organisation a suscité l’intérêt des bénévoles et a attiré des nouvelles licenciées. Puis, au retour des J.O. de 2012, nous avons accueilli un match amical entre Nantes et Chambéry. Une aubaine puisque les billets se sont vendus en moins de 48h.
Puis chaque année un match de gala au Poiré-sur-Vie  avec la présence de Nantes et une année nous avons pu organiser un tournoi au Vendespace avec Montpellier Paris, Zagreb et Saint-Raphaël, en lien avec le Comité de Vendée de handball et le conseil départemental de la Vendée.

Au point de bouleverser ton parcours professionnel…
Suite à ces organisations, je me suis lancée dans le métier de l’événementiel jusqu’à acquérir une bâtisse de 300 m2 sur un parc de 9 hectares, le domaine de la Poirière, pour recevoir des sportifs qui effectuent des mises au vert ou tous types de séminaires et cérémonies, mariages, fêtes de famille etc… J’ai pu participer à l’organisation de la coupe du monde féminine de football à Reims (2019) puis à l’EHF EURO 2018 en tant que directrice adjointe sur le site de Nantes. Forcément, je comprends bien le métier de nos salarié.es en charge du secteur événementiel à la FFHandball.

Qu’est-ce qui t’anime encore aujourd’hui ?
Prouver qu’une jeune femme qui ne se met pas de freins peut y arriver à condition de s’en donner les moyens. Il faut toujours continuer à se battre et voir le positif dans cette période difficile. Il est toujours possible de faire autrement car dans toutes les situations, il y a toujours un côté positif. Ma réussite je la dois beaucoup à mes parents et à ma famille qui se sont sacrifiés pour moi.

Propos recueillis par Hubert Guériau