Pivot de l’équipe de France et capitaine du Paris SG HB, Luka Karabatic est l’invité de l’entretien du lundi. Le Parisien se confie trois jours avant un déplacement à Szeged, pour l’ouverture de la Ligue des Champions 2020-21 qui lancera officiellement la saison des champions de France en titre.

Comment se présente cette nouvelle saison après une si longue pause ?
Avec cette situation sanitaire spéciale, c’est une saison très particulière sur beaucoup d’aspects. Nous n’avons pas joué depuis six mois et le fait que beaucoup de joueurs nous aient quittés, que d’autres soient arrivés, beaucoup de choses sont à régler.

T’attends-tu à un début de saison moins fluide que lors des exercices précédents ?
Nous essayons de contrôler ce que l’on peut, d’améliorer notre groupe et de trouver des automatismes. Ce n’est pas facile car il y a pas mal de nouveaux joueurs. Nous avons tous conscience que ce sera difficile d’entrée. Le début de saison aurait déjà été périlleux en temps normal, il le sera encore plus après une pause aussi longue. L’objectif est d’être prêts pour ce premier match à Szeged.

Comment te comportes-tu comme capitaine, notamment pour faciliter l’intégration des nouveaux ?
Le plus naturellement possible. Je ne force jamais les choses. Parmi les joueurs qui sont arrivés, nous avons l’habitude de travailler avec eux en équipe de France, que ce soit Mathieu Grebille ou Élohim Prandi, par exemple. Il y a aussi Daynis Kristopans qui a longtemps joué avec Raul Gonzalez au Vardar Skopje. Voilà, nous avons des joueurs capables de s’intégrer assez vite et je pense que cela permet d’accélérer les choses.

Est-ce parfois nécessaire de faire preuve d’autorité ?
Si je vois que le groupe dévie un peu, j’interviens de temps en temps. Mais tous les joueurs sont conscients de ce qu’il faut apporter et de ce qu’on attend de nous dans un grand club comme le Paris SG HB. Les exigences sont assez élevées et tout le monde les respecte, donc cela se gère plutôt bien.

Comment appréhendes-tu cette période d’incertitude liée à la crise sanitaire ?
Ce sont des questions que je me suis posé pendant le confinement. C’est difficile de ne pas avoir le contrôle. Alors j’essaie de me concentrer sur mon jeu et sur ce que je peux contrôler : mon entraînement personnel et les entraînements collectifs. Quoiqu’il arrive, on répondra présents et on ne pourra rien nous reprocher.

En quoi une période de repos forcé est-elle bénéfique pour se régénérer et pourquoi pas revenir dans un état de forme supérieur ?
Bien sûr, dans l’absolu, cela ne peut pas faire de mal. Mais je n’irai pas jusque-là car je pense que le corps n’a pas besoin d’une pause aussi longue pour se régénérer. Il y a toujours des petits bobos que l’on n’a jamais le temps de soigner mais une pause aussi longue n’est pas nécessaire. C’est vrai, au moins à ce niveau-là, que la jauge est remise à zéro. Personnellement, je ne suis pas resté longtemps sans rien faire et j’ai eu besoin de m’entrainer.

Et psychologiquement, comment as-tu traversé cette longue période sans compétitions ?
Elle a été basée autour de la famille. Avoir un enfant en bas âge demande beaucoup d’attention. Je n’ai pas eu le temps de cogiter : ma petite fille a bien rempli mes journées. Parfois, j’aurais bien aimé lire ou regarder des séries mais je n’ai pas eu le temps pour ça. Ces moments privilégiés avec ma famille m’ont permis de vivre une parenthèse irréelle de la meilleure des façons.

Qu’est-ce qui t’a le plus manqué ces derniers mois ?
Le jeu ! C’est vraiment ce qui m’a le plus manqué. J’ai aussi ressenti le manque d’adrénaline de la compétition et l’esprit de camaraderie. Je fais du sport de haut niveau pour vivre des émotions avec mes coéquipiers.

Une blessure au doigt t’a fait manquer l’EHF EURO 2020 et quelque part le traumatisme lié à cette contre-performance…
Après une si longue période, tout le monde va arriver avec un esprit et un regard nouveaux. Si un rassemblement était intervenu juste derrière l’Euro, j’aurais peut-être eu un regard différent. Mais après cette longue période, les choses sont plus ou moins aplanies. Même si je n’étais pas physiquement présent, je suis resté en contact et proche des joueurs. J’ai eu aussi mon ressenti et cela a été dur pour moi. Je ne me suis jamais désolidarisé car j’ai vécu ces émotions avec eux aussi.

Cette période particulière que nous venons de traverser permettra-t-elle de relativiser au moment des retrouvailles ?
Lorsqu’on va se retrouver, il y aura déjà eu la reprise de la Ligue des Champions et de la Lidl StarLigue. Tout aura redémarré et on aura déjà repris conscience de tous les objectifs à atteindre. Si on avait repris la saison par l’équipe de France, cela aurait été différent. Je pense que pour le groupe France, c’est bénéfique d’avoir une telle pause, une transition plus douce, car il y avait de gros objectifs, qui arrivaient assez rapidement derrière l’Euro.

Propos recueillis par HGu