Nodjialem Myaro a traversé la crise de la Covid-19 avec pugnacité et, deux mois après la reprise de la Ligue Butagaz Énergie, la présidente de la Ligue Féminine de Handball évoque l’actualité de la LFH. Pionnière avec le titre mondial de 2003, elle se réjouit aussi de la réussite de l’équipe de France aux Jeux olympiques.

Les trophées Femix’Sports récompensent l’engagement des différentes femmes et les fédérations dans le sport français. En quoi, est-ce important de postuler à ce type de concours ?
Bien sûr que c’est important de postuler, car c’est la reconnaissance du travail transversal réalisé au sein de tout l’écosystème qui s’engage pour le handball. Ce type de manifestations permet de féliciter ces femmes qui se distinguent par leurs actions.

L’association Femix’Sports est aussi une actrice de cet écosystème…
Depuis 2015, Femix’Sports et la FFHandball ont une collaboration commune. Il s’agit d’un programme de formation en direction des dirigeantes afin de les encourager à lever toutes les barrières pour occuper des postes à responsabilité. La sororité est un axe fort qui donne aussi confiance à ces femmes.

Le handball est mis à l’honneur ce lundi soir. Parmi les cinq catégories de prix, Sophie Palisse fait partie des femmes qui seront distinguées. Quel regard portes-tu sur son l’action de la présidente de Saint-Amand handball Porte-du-Hainaut ?
De par sa fonction de présidente du club de Saint-Amand, Sophie possède une expertise indéniable du terrain. De plus, en tant que membre du Conseil d’Administration de la FFHandball, elle possède la vision fédérale. Je ne peux être que ravie que de plus en plus de femmes occupent des postes à responsabilité. C’est bien de se sentir entourée.

La FFHandball recevra aussi un prix pour son plan de féminisation. Est-il toujours nécessaire d’en disposer ?
Mais oui, car, on part de tellement loin ! Lorsqu’on regarde les ratios de représentation des femmes dans les instances, même si, à la fédération, on tend vers l’équilibre, il y a trop peu de femmes présidentes, entraîneuses, jeunes femmes arbitres. Certes, les chiffres augmentent et il y a des progrès, mais on peut faire tellement mieux.

Vendredi à Nantes, tu es aussi conviée à la première édition des Trophées Alice Milliat pour lesquels tu es nommée. Ces concours et les éventuelles distinctions sont-ils des éléments de motivation pour les dirigeantes de la fédération ?
Il ne faut pas minimiser ces récompenses comme celles de Femix Sports et celles de la Fondation Alice Milliat. C’est ma perception car, j’ai la conviction que cela montre aux jeunes filles et aux jeunes femmes qu’un chemin existe pour devenir arbitres, dirigeantes, entraîneuses, managers.

Tu as suivi les tournois masculins et féminins des Jeux olympiques presque aux premières loges puisque tu étais consultante sur Eurosport. As-tu pris du plaisir dans ce rôle et as-tu réussi à garder de la distance, toi, l’ex-internationale ?
Il a fallu conserver son sang-froid pour ne pas crier toute seule (rire) et avoir la maîtrise de ses émotions afin de continuer à commenter. C’était vraiment un moment de réel plaisir. J’étais super contente de vivre pleinement l’événement dans l’ambiance particulière des sports-co qui ont aussi performé. Les matches étaient beaux et stressants dans les deux tournois où les deux équipes n’ont pas affiché la même dynamique. Quel plaisir de vivre ce moment historique !

La rentrée de la Ligue Butagaz Énergie s’est effectuée dans la dynamique du titre olympique de l’équipe de France. En quoi l’équipe de France est-elle un catalyseur pour la LFH ?
Il ne faut pas nier la fierté d’avoir onze joueuses de Ligue Butagaz Énergie (10 Françaises et 1 Espagnole) qui sont revenues médaillées des J.O. Le nouveau classement de l’EHF paru vendredi passé, positionne aussi le handball féminin français à la 2e position, soit un gain de trois places, juste derrière la Hongrie et devant les pays scandinaves et de l’Est. Forcément, les titres et la reconnaissance mettent en valeur le handball féminin et devraient faire progresser les partenariats. Notre visibilité n’est pas à la hauteur de la réussite sportive : c’est une cruelle réalité. Le décalage est même hallucinant, car ce sont seulement quelques disciplines sportives qui prennent le pas sur toutes les autres.

Désormais, à l’instar de la Liqui Moly Starligue, la Ligue Butagaz Énergie, au travers de son partenaire FDJ, valorise la joueuse du mois. N’est-ce pas aussi une façon de gagner en exposition ?
Pour le sport féminin, il faut se montrer autrement. Alors, avec le Trophée FDJ Joueuse du mois, nous avons l’occasion de ne pas parler d’un club, mais directement de la joueuse, de la mettre en avant, au travers de sa performance mensuelle. Et nous le faisons en collaboration également avec l’AJPH, ce qui est important.

Si la Ligue Butagaz Énergie est diffusée sur Sport en France, le championnat de D2F va gagner en lisibilité grâce à la collaboration entre la FFHandball et la plateforme Be Sport. Quel est le nouveau dispositif pour la rendre plus lisible ?
La saison dernière nous avons constaté que les attentes étaient fortes que ce soit côté clubs ou côté spectateurs pour proposer le maximum de rencontres. Bien évidemment, le fait de ne pouvoir se rendre dans les salles a accentué ce besoin, mais la digitalisation reste l’un de nos axes majeurs au sein de la LFH. Nous nous devons d’exposer nos clubs, nos championnats et le handball féminin au plus grand nombre, que ce soit auprès des fans de handball ou tous ceux qui sont avides de découvrir notre sport. C’est pourquoi il est important de proposer un dispositif pour la LBE avec Sport en France et MyTVChain*, également sur la Division 2 féminine avec Be Sport d’autant que la D2 va intégrer la LFH la saison prochaine. (lire l’article sur le site de la LFH).

Jeudi dernier, madame le maire de Bourg-de-Péage a effectué un signalement auprès du procureur de la République de Valence concernant d’éventuelles malversations financières au sein du club de sa ville. Es-tu en mesure de commenter l’affaire qui touche ce club de Ligue Butagaz Energie ?
La FFHandball et la Ligue Féminine de Handball ont été informées de la situation concernant le club de Bourg-de-Péage. Mais l’affaire étant en cours, il ne m’appartient pas de commenter cette information.

Quels sont les prochains développements de la LFH, à court et à moyen terme ?
Depuis la nouvelle mandature, le pôle féminisation est intégrée au pôle de performance sociale. Cela permet une meilleure cohérence et un travail en interaction avec les collègues des services aux clubs, de l’intégrité, etc…
Pendant la crise sanitaire, la D2F a démontré qu’elle était sur le chemin de la structuration en apparaissant comme une ligue semi-professionnelle. Nous souhaitons, pour la saison prochaine, intégrer la D2F à la LFH afin de gagner en unité. L’objectif affiché est de faire de la LFH une marque forte du handball féminin avec une dimension sociétale et RSE. La reconnaissance de la LFH, comme institution, portera vers le haut l’ensemble de l’écosystème, en particulier les clubs. C’est un projet fort et ambitieux nourri par le travail collégial engagé avec l’AJPH, 7Master, l’UCPHF et la FFHandball.

Propos recueillis par Hubert Guériau

* Retrouvez le programme de toutes les diffusions de handball féminin ici