Après la courte défaite face au Monténégro qui a privé les Bleues de la médaille de bronze, la demi-centre a fait part de sa déception, évoqué l’arbitrage et se projette déjà sur les Jeux olympiques de Paris 2024.

Qu’a-t-il manqué à l’équipe de France pour repartir médaillée de l’EHF EURO 2022 ?
Il y a beaucoup de choses à dire mais très peu en même temps car j’ai l’impression qu’on a manqué de tout. Cela paraître une réponse bateau mais c’est mon ressenti. Nous avons manqué de tout pour un match qui compte pour la 3e place.

Comment illustres-tu ce « manque de tout » ?
Dès le début, on a commencé à perdre des ballons. En contre-attaque, on a fait des choses qui ne nous ressemblent pas. Voilà, je suis déçue et en colère car j’ai le sentiment qu’on s’est mises toutes seules dans cette situation difficile. Ensuite, c’est dur de revenir.

Tes coéquipières et Olivier Krumbholz ont aussi évoqué la qualité de l’arbitrage. Quel est ton avis ?
Honnêtement sur toute la compétition, il y a des choses à redire sur l’arbitrage. Je ne parle pas seulement de l’équipe de France mais hier soir, c’est nous qui l’avons vécu. C’est lourd car j’ai le sentiment que les arbitres n’étaient pas au niveau. Cela m’énerve car nous méritons d’avoir les meilleurs arbitres.

Qu’espères-tu pour que cela évolue à l’avenir ?
Comme il y a les meilleures équipes du monde, les meilleures joueuses internationales qui s’expriment sur le terrain, nous devons avoir les meilleurs arbitres. Et peu importe que ce soient des femmes ou des hommes, je demande les meilleurs. Hier soir, nous avons dû nous battre contre l’arbitrage et c’est un peu compliqué.

Comment as-tu géré la longue attente avant le jet de 7m qui pouvait envoyer l’équipe de France en prolongations ?
Je savais que cela se terminerait par un carton rouge pour Grbic alors j’ai essayé de rester dans ma bulle car je savais que j’allais le tirer. Je me suis dit : « Grace, tu dois le marquer sinon c’est mort ». Je marque et nous sommes toutes contentes. On a encore un espoir avec les prolongations. On se dit qu’on les tient et qu’on peut revenir dans le match même si jusqu’alors on n’avait pas proposé un beau handball, pas fait de belles choses. C’est une opportunité pour revenir sauf que cela n’arrive pas.

Ensuite, il reste un peu plus d’une minute à jouer dans la 2e prolongation et il y a ce deuxième jet de 7m…
Oui et je loupe le penalty qui pouvait nous faire revenir à -1. Cela aurait pu être un autre tournant du match pour avoir un autre ballon et revenir. Bien sûr je m’en veux mais j’ai assez de recul pour penser que ce match on ne le perd pas sur ce penalty. Pendant la prolongation, il y a des passages en forces et d’autres choses.

Le statut de championne olympique est-il lourd à porter, à assumer ?
Nous avons changé de statut et nous sommes attendues. L’équipe de France ne crée plus la surprise comme auparavant. Les équipes nous ont clairement identifiées sur nos points forts et nos points faibles. On sait comment ça marche, c’est ce que nous faisions auparavant sur les autres équipes. Du coup si tu n’avances pas, les autres te rattrapent et te posent des problèmes comme sur les deux derniers matches.

Justement, ces deux derniers matchs après un excellent parcours aux tours précédents ne sonnent-ils pas comme un coup d’arrêt ?
Il y a une grosse remise en question qui doit être faite. Je le disais samedi à certaines filles, après la défaite face à la Norvège, j’ai eu l’impression de me retrouver à Barcelone (en 2021) avec le même sentiment. On a déjoué et la Norvège nous a posé des problèmes de la même manière.

C’est avec une analyse rigoureuse et sans concession que vous comptez rebondir ?
On n’avance pas, je suis très dure dans mes propos, mais si on veut prétendre à faire quelque chose aux J.O. de Paris, on est obligé de bouger sinon on pourra dire bye-bye dès les quarts de finale. Ça va être très dur.

Tu évoques les Jeux olympiques de Paris 2024. Il reste tout de même du temps pour préparer cette compétition, non ?
Si à 18 mois des J.O, il n’y a pas un gros changement, je parle de la part de chaque joueuse, de la part de chaque membre du staff, de l’entité équipe de France, on n’y arrivera pas. Nous sommes toutes conscientes et honnêtes entre nous. Nous sommes unanimes pour faire tout notre possible individuellement dans nos clubs pour progresser et revenir plus fortes. Il faut qu’on soit accompagnées et encadrées car toute la volonté du monde ne suffira pas. Avec quelques-unes, nous avons de l’expérience mais je pense aux plus jeunes d’entre nous. On va tout faire pour être dans cette démarche.

Propos recueillis par Hubert Guériau